Interpol saisit 97,4 millions USD dans une opération contre la cybercriminalité en Afrique
lundi 25 août 2025
Les fraudes numériques se professionnalisent et génèrent des centaines de millions de dollars de pertes chaque année. Pour contrer cette menace, Interpol coordonne des actions internationales qui ciblent directement les réseaux criminels les plus actifs.
L’organisation internationale de police criminelle (Interpol) a annoncé le vendredi 22 août la récupération de 97,4 millions de dollars et l’identification de près de 88 000 victimes lors d’une vaste opération de lutte contre la cybercriminalité menée dans 18 pays africains entre juin et août 2025. Baptisée « Serengeti 2.0 », cette opération a également permis le démantèlement de 11 432 infrastructures criminelles et conduit à 1209 arrestations.
« Chaque opération coordonnée par Interpol s’appuie sur la précédente, en approfondissant la coopération, en augmentant le partage d’informations et en développant les compétences en matière d’enquête dans les pays membres. Avec davantage de contributions et une expertise partagée, les résultats ne cessent d’augmenter en ampleur et en impact », a déclaré Valdecy Urquiza, Secrétaire général de l’organisation.
Des escroqueries massives mises au jour
En Angola, les autorités ont découvert 25 fermes illégales de minage de cryptomonnaies, gérées par 60 ressortissants chinois, soutenues par 45 minicentrales électriques clandestines. Le préjudice est estimé à 37 millions de dollars, tandis que le matériel saisi sera réaffecté pour améliorer l’accès à l’électricité dans les zones vulnérables.
En Zambie, les enquêteurs ont mis au jour une escroquerie à l’investissement en ligne d’une ampleur sans précédent, ayant fait près de 65 000 victimes et généré des pertes estimées à 300 millions de dollars. Quinze suspects ont été interpellés, tandis que des preuves numériques ont été saisies. Les investigations se poursuivent afin de retracer les flux financiers et de démanteler les éventuelles ramifications internationales du réseau.
En Côte d’Ivoire, une escroquerie transnationale à l’héritage opérant depuis l’Allemagne a été neutralisée. Le principal suspect a été arrêté, avec la saisie de biens de valeur : bijoux, véhicules et liquidités pour un montant estimé à 1,6 million de dollars.
Coopération régionale et appui international
Soutenue par le Royaume-Uni dans le cadre de l’Opération conjointe africaine contre la cybercriminalité (AFJOC), l’initiative a mobilisé des experts du secteur privé, notamment pour le traçage des cryptomonnaies, l’analyse des ransomwares et l’usage du renseignement open source. Interpol a par ailleurs travaillé avec l’International Cyber Offender Prevention Network (InterCOP), un consortium de 36 pays chargé d’anticiper et de neutraliser les menaces numériques avant qu’elles ne se concrétisent.
L’opération survient à peine quelques mois après l’opération « Red Card » (Carton Rouge), qui avait conduit à l’arrestation de 306 personnes et à la saisie de près de 2000 appareils électroniques dans sept pays africains : Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Nigeria, Tanzanie et Ouganda.
Une menace en constante progression
La cybercriminalité représente aujourd’hui un enjeu critique pour les économies africaines, déjà fragilisées par des infrastructures numériques inégalement développées. Selon l’Union africaine, elle coûterait chaque année près de 4 milliards de dollars au continent. Selon une étude de Cybersecurity Ventures, la montée en puissance de l’intelligence artificielle devrait encore aggraver la situation, avec une hausse estimée de 11 % des pertes mondiales, atteignant 10,5 milliards de dollars en 2025.
Samira Njoya
(Source : WeAreTechAfrica, 25 août 2025)