Internet par satellite : quand Starlink se fait attendre, Sonatel tient promesse
lundi 22 décembre 2025
Alors que l’arrivée de Starlink au Sénégal, annoncée au plus haut sommet de l’État, se fait toujours attendre, le Groupe Sonatel, lui, passe à l’action. Là où la promesse présidentielle d’une installation avant la fin de l’année n’a pas encore trouvé de traduction concrète sur le terrain, l’opérateur historique déploie, commercialise et installe déjà les premières offres d’Internet haut débit par satellite du pays.
Depuis le 10 décembre 2025, les équipes de Brelotte Bâ, qui viennent de l’officialiser dans un communiqué partagé avec Le Tech Observateur, proposent officiellement des offres Internet par satellite, en partenariat avec Eutelsat Konnect. Une annonce qui n’a rien d’une surprise pour Le Tech Observateur. Dès février dernier, à Diamniadio, lors du lancement du New Deal Technologique, puis en octobre au Salon international des professionnels de l’économie numérique (SIPEN), l’opérateur avait clairement affiché ses ambitions satellitaires. Contrairement à d’autres annonces restées à l’état de projection, celles de Sonatel viennent aujourd’hui se matérialiser par des services disponibles, installés par des équipes locales et accessibles aussi bien aux ménages qu’aux professionnels.
Cette concrétisation intervient dans un contexte particulier. En novembre dernier, Le Tech Observateur consacrait un dossier approfondi à la question de l’Internet par satellite au Sénégal, pointant un silence institutionnel pour le moins troublant. À l’exception notable du Groupe Sonatel, aucune de nos sollicitations n’avait alors reçu de réponse, notamment de la part du Ministère du Numérique, pourtant au cœur des enjeux de connectivité et de désenclavement numérique. Ce silence contrastait avec l’importance stratégique du satellite dans un pays où de larges portions du territoire restent difficiles à connecter par les réseaux terrestres classiques.
Avec ses nouvelles offres, Sonatel Orange entend répondre précisément à ces défis. En combinant satellite, fibre optique, 4G et 5G, l’opérateur annonce une capacité de couverture atteignant 99 % du territoire national. Les offres, proposées à 30.000 F CFA par mois pour les ménages et 44.900 F CFA pour les professionnels, se veulent une solution immédiate aux besoins de connectivité des zones rurales, frontalières ou isolées, là où les promesses globales peinent souvent à se concrétiser.
Au-delà du satellite, Sonatel renforce également son engagement sur la fibre optique, avec l’annonce du déploiement d’un million de prises supplémentaires entre 2026 et 2028. Les premiers chantiers ont déjà démarré dans des localités rarement prioritaires dans les grands plans d’aménagement numérique, confirmant une stratégie qui place l’inclusion territoriale au cœur de l’investissement.
Cette dynamique positionne Sonatel Orange comme un acteur central de la mise en œuvre du New Deal Technologique et du Plan Sénégal Horizon 2050. L’opérateur se présente désormais comme un partenaire clé de la digitalisation de l’État, capable de connecter écoles, postes de santé, administrations et collectivités, tout en facilitant l’accès des citoyens aux services publics numériques.
Reste toutefois une question que Le Tech Observateur ne manquera pas de poser dans les mois à venir : quelle sera, concrètement, la différence entre l’offre satellitaire de Sonatel et celle de Starlink, lorsque cette dernière finira par entrer effectivement sur le marché sénégalais ? Différences de coûts, de régulation, de souveraineté des données, de service client ou d’ancrage local : autant d’éléments qui pèseront lourdement dans le choix des usagers et dans la stratégie numérique nationale.
En attendant ces réponses, un fait s’impose. Dans un secteur où les annonces sont souvent plus rapides que les infrastructures, Sonatel Orange vient de rappeler une évidence : la souveraineté numérique ne se décrète pas, elle se construit. Et, pour l’instant, ce sont bien les promesses tenues qui redessinent le paysage de l’Internet par satellite au Sénégal.
(Source : Le Techobservateur’, 22 décembre 2025)
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