Internet mobile en Afrique subsaharienne : l’écart hommes-femmes s’est réduit à 29 % en 2024
jeudi 22 mai 2025
La GSMA recommande aux différents acteurs impliqués dans l’écosystème des télécommunications de recourir à des subventions sur les smartphones, à des modèles de financement innovants et à des partenariats public-privé pour réduire davantage les disparités entre les sexes et débloquer de nouvelles opportunités économiques.
L’écart entre les hommes et les femmes en matière d’utilisation de l’internet mobile en Afrique subsaharienne s’est réduit de manière constante au cours des deux dernières années, passant de 36 % en 2022 à 32 % en 2023, puis à 29 % en 2024, selon un rapport publié le mercredi 14 mai par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA).
Intitulé « The Mobile Gender Gap Report 2025 », le rapport révèle que le taux d’utilisation de l’Internet mobile par les femmes dans la région a augmenté de manière plus significative entre 2022 et 2024, passant de 36 % à 39 %.
Toutefois, il y a encore environ 205 millions de femmes qui n’utilisent pas encore l’internet mobile en Afrique subsaharienne, ce qui équivaut à 61 % de la population féminine adulte.
L’Afrique subsaharienne occupe ainsi la deuxième position dans le classement des régions du monde affichant le plus important écart entre les sexes en matière d’utilisation de l’internet mobile en 2024, derrière l’Asie du Sud (32%).
Au Sud du Sahara comme ailleurs, l’écart entre les sexes en matière d’utilisation de l’internet mobile s’explique essentiellement par des problèmes d’accessibilité financière. Ainsi, 33% seulement des femmes dans la région possèdent des smartphones, soit 230 millions de femmes, contre une moyenne de 61% dans l’ensemble des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), en raison notamment des prix élevés de ce genre d’appareils.

Le rapport souligne d’autre part que les progrès en matière de réduction de l’écart entre les sexes dans l’utilisation de l’internet mobile dans l’ensemble des PRFI ont stagné en 2024.
Alors que 63 % des femmes dans cette catégorie de pays utilisent actuellement l’internet mobile, l’écart entre les sexes est passé de 25 % en 2017 à 15 % en 2020, avant de remonter à 18% entre 2021 et 2022. En 2023, l’écart s’est à nouveau rétréci, revenant à 15 %, mais n’a guère évolué depuis. C’est en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne que les disparités restent les plus fortes.
Au niveau de l’ensemble des PRFI, les femmes sont toujours 14 % moins susceptibles que les hommes d’utiliser l’internet mobile, avec environ 235 millions de femmes de moins que les hommes en ligne.
945 millions de femmes privées de smartphones
Dans l’ensemble, 885 millions de femmes dans ces pays n’ont toujours pas accès à l’internet mobile, et cela concerne surtout les femmes vivant en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
Dans les PRFI, un total de 400 millions de femmes ne possède toujours pas de téléphone portable contre 230 millions d’hommes. Les femmes ont toujours globalement 8 % de chances de moins que les hommes de posséder un téléphone portable, quel que soit son genre (téléphone basique ou smartphone).

Si 61 % des femmes des PRFI possèdent un smartphone, 945 millions d’entre elles n’en ont toujours pas, notamment. Les smartphones d’entrée de gamme coûtent aux femmes en moyenne 24 % de leur revenu mensuel, soit deux fois plus que pour les hommes. Une fois connectées, les femmes utilisent également l’internet mobile moins souvent et pour moins de services, invoquant le coût et la faible connectivité.
Les femmes ont par ailleurs tendance à rencontrer des obstacles de manière plus aiguë en matière d’accès à l’internet mobile, en raison notamment des normes sociales (désapprobation de la famille dans certains pays), des inégalités structurelles telles qu’un niveau d’éducation moins élevé et des revenus plus faibles ainsi que des préoccupations en matière de sécurité (fraudes en ligne, contacts non désirés de la part d’étrangers, exposition à des contenus préjudiciables, etc.).
Pour réduire davantage l’écart entre les sexes en matière d’utilisation de l’internet mobile, la GSMA recommande aux opérateurs de téléphonie mobile, aux fabricants de smartphones, aux autorités de régulation et aux partenaires au développement de recourir à des actions ciblées telles que des subventions sur les smartphones, des modèles de financement innovants, et des partenariats public-privé pour améliorer les compétences numériques des femmes. D’autant plus qu’une utilisation accrue de l’internet mobile par les femmes représente un puissant levier d’inclusion économique, puisqu’elle permet l’accès à des opportunités dans les domaines de l’éducation, des soins de santé, des services financiers et de l’entrepreneuriat.
Selon les estimations des experts de l’Association, l’élimination des disparités entre les sexes en matière d’adoption de l’internet mobile dans les PRFI permettrait d’ajouter 1300 milliards de dollars au PIB de ces pays, d’ici 2030.
Walid Kéfi
(Source : Agence Ecofin, 22 mai 2025)