Internet : l’Afrique du Sud explore l’option chinoise face à l’impasse Starlink
vendredi 1er août 2025
Depuis son lancement au Nigeria en janvier 2023, le réseau Starlink s’est étendu à une vingtaine de pays africains. Il n’est toujours pas disponible en Afrique du Sud, où le gouvernement mise sur la technologie satellitaire pour généraliser l’accès à Internet.
L’Afrique du Sud explore actuellement des partenariats avec la China Satellite Network Company (CSNC) pour le déploiement de solutions satellitaires haut débit destinées à relever les défis persistants de la connectivité du dernier kilomètre dans les zones rurales et mal desservies. Ce rapprochement intervient alors que l’entrée de la société Starlink, filiale de l’américain SpaceX, demeure incertaine en raison d’exigences réglementaires locales.
L’initiative a été révélée par Solly Malatsi, ministre des Communications et des Technologies numériques, dans le compte rendu de ses activités pour la semaine du 21 au 27 juillet, au cours de laquelle il s’est rendu en Chine. Cette visite visait à renforcer la coopération numérique et à conclure des partenariats pour accélérer la transformation numérique de la nation arc-en-ciel.
« Cette démarche s’inscrit dans notre priorité nationale de réduction de la fracture numérique et de promotion d’un accès équitable aux services essentiels », a déclaré le ministre. En effet, la connectivité par satellite est souvent considérée comme une solution pertinente pour étendre l’accès aux services télécoms dans des zones difficiles à couvrir avec des réseaux traditionnels. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), environ 25 % de la population sud-africaine, estimée à 64 millions d’habitants, n’utilisait pas Internet en 2023.
La CSNC est une entreprise publique chinoise chargée de développer et d’exploiter une constellation nationale de satellites baptisée « Guowang ». Ce projet vise à doter la Chine d’un réseau de connectivité Internet par satellite, à l’image de Starlink, avec environ 13 000 satellites en orbite basse prévus.
Starlink, pour sa part, fournit un accès Internet haut débit via une constellation de satellites en orbite basse. Déjà active au Nigeria, au Rwanda ou encore au Kenya, l’entreprise n’a pas encore reçu l’autorisation d’opérer en Afrique du Sud. Le blocage est principalement lié à la loi sur l’autonomisation économique des populations noires (Broad-Based Black Economic Empowerment, B-BBEE), qui impose aux entreprises étrangères d’ouvrir 30 % de leur capital à des partenaires sud-africains issus des groupes historiquement désavantagés. Le gouvernement a récemment évoqué la possibilité d’ajuster ce cadre réglementaire ou de créer des mécanismes spécifiques pour faciliter l’implantation de Starlink, mais le processus n’a pas encore abouti. Sur son site, Starlink indique simplement que « la date de lancement du service est inconnue à ce jour ».
Il est important de souligner que le partenariat envisagé entre la CSNC et l’Afrique du Sud demeure à ce stade exploratoire. Aucune entente formelle n’a encore été conclue, et aucune annonce officielle n’a été faite en ce sens. De nombreux aspects restent à préciser, notamment les modalités de la collaboration, le modèle économique envisagé ainsi que le calendrier de déploiement des infrastructures et services.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 1er août 2025)