Influenceurs et créateurs de contenu : voici comment l’État va organiser la fiscalité de vos activités en ligne
dimanche 3 août 2025
Dans sa volonté de renforcer la mobilisation des ressources domestiques, l’État du Sénégal entend désormais intégrer l’économie numérique au circuit formel, en ciblant notamment les revenus générés par les influenceurs, créateurs de contenus, blogueurs, streamers et autres freelances digitaux.
Cette orientation s’inscrit dans une logique globale de régulation d’un secteur en pleine croissance, jusque-là largement informel. Avec la montée en puissance des plateformes comme TikTok, YouTube, Instagram ou Facebook, un nombre croissant de Sénégalais génèrent aujourd’hui des revenus grâce à leur audience. Qu’il s’agisse de placements de produits, de partenariats sponsorisés, de formations vendues en ligne ou de revenus publicitaires issus des vues et abonnements, ces flux financiers échappent pour le moment à tout encadrement fiscal structuré.
L’État souhaite désormais que ces activités soient officiellement déclarées, imposées et reconnues.
Concrètement, les autorités envisagent d’identifier les revenus numériques et d’y appliquer une redevance ou un impôt forfaitaire. Les créateurs dépassant un certain seuil de revenus devront se doter d’un statut formel – auto-entrepreneur ou société – leur permettant d’exercer en toute légalité.
Pour rendre ce processus fluide et accessible, un portail numérique simplifié de déclaration fiscale pourrait voir le jour, à l’image de ce qui existe déjà en Estonie ou en Côte d’Ivoire. Parallèlement, des discussions pourraient s’ouvrir avec les grandes plateformes internationales afin de faciliter le traçage des revenus locaux, tout en garantissant le respect de la vie privée des utilisateurs.
L’État entend également accompagner cette réforme par une campagne de sensibilisation ciblée, en plusieurs langues locales, afin d’éduquer les jeunes créateurs sur leurs obligations mais aussi sur les bénéfices qu’ils peuvent en tirer. Car au-delà de l’aspect contraignant de l’imposition, cette régularisation offre de réelles opportunités.
En se structurant fiscalement, les influenceurs auront accès à des contrats plus solides avec les marques, à des financements bancaires, à des dispositifs publics de soutien et à une reconnaissance professionnelle accrue.
Lors de la première édition du FlexTalk organisée par l’agence Reflex Sénégal le 15 mai dernier, Habibou Dia, Directeur de la Communication au ministère de la Communication des Télécommunications et de l’Économie numérique avait déja annoncé la nouvelle. Selon lui,« ces réformes visent à créer un environnement favorable, encadré et sécurisé pour les professionnels de l’influence digitale au Sénégal. »
L’état souhaite soutenir le secteur avec la création d’un statut juridique pour les influenceurs à la réglementation de la publicité digitale, en passant par un soutien à la monétisation des contenus digitaux et une cartographie nationale des créateurs de contenus. Ces derniers pourront évoluer dans un écosystème sécurisé, gagner en crédibilité auprès des annonceurs et développer des projets à plus grande échelle.
La fiscalité des influenceurs n’est donc pas une affaire de taxes, c’est aussi un levier de formalisation, d’inclusion et de montée en compétences dans une économie numérique sénégalaise en pleine mutation.
Pour les créateurs de contenu, l’enjeu est d’anticiper, s’informer, et se structurer dès maintenant pour continuer à prospérer dans un cadre formel.
(Source : Social Net Link, 3 août 2025)