Pendant deux jours, plus de 2 000 participants, experts nationaux et internationaux, se sont réunis à l’UM6P Rabat autour d’une ambition claire : faire de l’IA un levier de développement éthique, souverain et dur
Le Maroc a franchi un cap stratégique en entrant résolument dans l’ère de l’intelligence artificielle. À Rabat, les premières Assises nationales de l’IA ont rassemblé des milliers de participants et une cinquantaine d’experts nationaux et internationaux, illustrant la volonté du Royaume de s’imposer comme un acteur régional majeur dans le domaine de l’IA éthique et souveraine.
Organisé par le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, cet événement inédit s’est tenu sur le campus de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), un lieu hautement symbolique du virage technologique opéré par le pays. Conférences plénières, panels thématiques, ateliers sectoriels et démonstrations de projets innovants se sont succédé pendant deux jours, témoignant d’un écosystème en ébullition.
Dans une intervention vidéo diffusée à l’ouverture des travaux, le chef du gouvernement marocain. Aziz Akhannouch a salué « une volonté collective de faire de l’intelligence artificielle un levier de développement humain durable », appelant à l’élaboration d’une stratégie nationale fondée sur l’éthique, la souveraineté technologique et l’impact social.
La ministre déléguée à la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, a insisté sur l’urgence d’adopter une vision globale et proactive.
« L’intelligence artificielle n’est plus une technologie du futur. Elle transforme déjà profondément notre présent. Elle doit devenir un pilier de modernisation des services publics et de renforcement du lien entre l’État et les citoyens », a-t-elle affirmé.
Les autorités marocaines reconnaissent toutefois les risques associés à l’essor de l’IA : biais algorithmiques, opacité des systèmes, déficit de compétences dans l’administration, ou encore complexité des mécanismes de gouvernance. Un projet de cadre législatif est en préparation afin de garantir une régulation éthique et transparente, incluant le droit à l’explication, la traçabilité des décisions algorithmiques et la primauté de la conscience humaine.
Le président de l’UM6P, Hicham Habti, a appelé à une gouvernance inclusive de l’IA. Il a plaidé pour que les pays du Sud ne soient pas de simples consommateurs de technologies imposées par les grandes puissances industrielles, mais des contributeurs actifs à la définition des normes mondiales.
« Nous voulons enrichir les standards existants, avec rigueur scientifique, interdisciplinarité et partenariat équitable », a-t-il souligné.
Alors que la géopolitique technologique redéfinit les rapports de force, le Maroc fait le pari d’une IA au service du développement durable, ancrée dans ses priorités nationales mais ouverte sur les dynamiques globales. Ces Assises marquent un signal fort : l’intelligence artificielle est désormais un enjeu structurant de la politique publique marocaine.
(Source : APAnews, 2 juillet 2025)