Guinée : le secteur privé se mobilise pour former les talents du numérique
mardi 22 juillet 2025
La Guinée, comme de nombreux pays africains, est engagée dans un processus de transformation numérique. Pour le réussir, il est essentiel de renforcer les compétences numériques de la population.
L’institut privé guinéen de formation digitale Nimba Hub compte former 3000 jeunes aux compétences techniques du numérique d’ici à 2027, à travers son programme 1000TechLeaders. L’annonce a été faite à l’occasion de la clôture de la première cohorte, le samedi 19 juillet à Conakry. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de mobilisation du secteur privé pour accompagner la transformation numérique en Guinée avec le renforcement du capital humain.
La première cohorte a été articulée autour de quatre spécialisations : développement backend, développement frontend, développement mobile et UX/UI design. Le programme a enregistré 756 candidatures, dont 130 ont été retenues. À l’issue de la formation, 84 participants ont été diplômés, 51 ont décroché un emploi dans plus de 30 entreprises, et 9 startups ont été créées par les lauréats.
Parallèlement à cette initiative, plusieurs acteurs privés contribuent activement à la formation numérique en Guinée. Le 27 juin, ABB Consulting Guinée a lancé le programme « LONNIN FANKA », destiné à faciliter l’accès aux équipements numériques, à Internet et à la formation, en ciblant particulièrement les jeunes, les femmes et les populations vulnérables. Par ailleurs, le centre Tech Elevate Africa (TEELAF) propose des formations courtes en développement web, marketing digital, bureautique et entrepreneuriat.
De son côté, l’opérateur télécom Orange Guinée a inauguré le 7 décembre 2023 un Digital Center à Conakry. Ce centre offre un espace dédié à la formation, à l’incubation et à l’accompagnement professionnel des jeunes, avec un accès gratuit aux ressources. Ces différentes initiatives illustrent la volonté du secteur privé guinéen de jouer un rôle central dans le développement des compétences et la transformation digitale du pays. D’autres structures comme MTN, Simplon Guinée et Huawei ont également mis en œuvre des initiatives de formation dans le pays.
Ces projets traduisent une mobilisation croissante d’acteurs privés quant à la préparation de la jeunesse guinéenne aux métiers du futur. Fodé Youla (photo, à droite), ayant représenté la ministre de l’Économie numérique, Rose Pola Pricemou, à la cérémonie, a souligné l’importance du capital humain, qu’il considère comme la première infrastructure de la souveraineté technologique. Selon les données de la Banque mondiale, 230 millions de métiers nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030 en Afrique subsaharienne.
Ces programmes de formation ont de quoi susciter de l’espoir quand on sait qu’en Guinée, le taux de chômage chez les 15–35 ans s’élève à 7,7 %, contre 4,8 % pour l’ensemble de la population selon les données publiées en 2023 par la Banque africaine de développement. Le pays affiche également un fort taux de sous-emploi global, estimé à 38,2 % de la population occupée. Le chômage touche 27 % des diplômés de l’enseignement supérieur, tandis que ceux du secondaire sont les plus exposés au sous-emploi, avec un taux atteignant 57,2 %.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 22 juillet 2025)