Gabon : une nouvelle taxe de 5 % sur les services télécoms suscite des inquiétudes
jeudi 6 novembre 2025
Avec près de 30 % de la population gabonaise encore non connectée, l’accès aux services numériques reste inégal. L’instauration d’une taxe de 5 % sur les télécoms pourrait alourdir le coût de la connectivité et freiner les efforts d’inclusion numérique dans le pays.
Le gouvernement gabonais pourrait bientôt introduire une taxe d’accise de 5 % sur les services de télécommunications, incluant la voix, l’Internet et les services à valeur ajoutée, selon le projet de loi de finances 2026. Présentée par les autorités comme une mesure « modérée », cette taxe vise à accroître les recettes publiques et à diversifier l’assiette fiscale dans un contexte de forte pression budgétaire.
Selon les projections officielles, cette mesure devrait rapporter entre 12 et 15 milliards FCFA, soit l’équivalent de 21 à 26 millions USD par an. Le gouvernement assure que ces recettes serviront à financer les infrastructures numériques et à consolider la souveraineté économique du pays.
Cependant, les acteurs du secteur et les consommateurs expriment de vives réserves. Le surcoût lié à cette taxe serait répercuté sur les utilisateurs, dans un contexte où la vie chère pèse déjà lourdement sur les ménages gabonais. Plusieurs observateurs redoutent une hausse du coût des appels et de la data, ce qui risquerait de freiner l’accès à la connectivité et creuser davantage la fracture numérique.
Pourtant, le Gabon affiche un taux de pénétration d’Internet de 71,9 %, soit environ 1,84 million d’utilisateurs en 2025, selon DataReportal. Le pays compte également 3,19 millions de connexions mobiles, soit 124 % de la population, confirmant une large adoption du mobile mais un usage encore limité du haut débit, notamment en zones rurales.
Ces dernières années, Libreville a multiplié les partenariats avec des opérateurs privés pour moderniser le réseau et étendre la couverture nationale. Le secteur numérique, incluant les télécommunications, constitue l’un des moteurs de la diversification économique, représentant environ 5 % du PIB.
Pour plusieurs analystes, imposer un prélèvement sur un secteur aussi stratégique pourrait ralentir la dynamique en cours. Une charge supplémentaire sur un service essentiel risque de creuser les inégalités numériques. Dans un contexte où le numérique joue un rôle clé pour l’éducation, la santé et l’emploi, les populations les plus vulnérables pourraient être exclues. Certains experts plaident plutôt pour une approche équilibrée, visant à élargir la base fiscale sans compromettre la compétitivité d’un secteur clé pour la transformation économique et sociale du Gabon.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 6 novembre 2025)
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