Gabon : l’État prône le service universel et le partage d’infrastructures télécoms
vendredi 20 juin 2025
La généralisation de l’accès aux services est l’une des priorités actuelles du secteur des télécommunications en Afrique, dans un contexte de transformation numérique accélérée. La mutualisation des infrastructures peut contribuer à cet objectif.
Les opérateurs télécoms actifs au Gabon sont appelés à assurer le service universel et à mutualiser leurs infrastructures réseau. C’est le message adressé par le ministre de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation, Mark Alexandre Doumba, lors d’une réunion tenue en début de semaine avec les représentants d’Airtel, de Moov Africa Gabon Telecom et de Huawei.
Le volet service universel consiste en l’extension de la couverture nationale dans les zones blanches, encore dépourvues de connectivité. En parallèle, le gouvernement souhaite encadrer davantage le déploiement des infrastructures passives. L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), la Société de Patrimoine des Infrastructures Numériques (SPIN) ainsi que les opérateurs Airtel et Moov sont invités à définir un modèle de colocation des pylônes et antennes afin d’en limiter la prolifération, tout en améliorant la qualité de service.
Ces instructions du ministre traduisent une volonté de généralisation des services télécoms au Gabon. Selon l’ARCEP, environ 1253 villages, concentrant 6,5 % de la population, présentent un déficit en couverture de téléphonie mobile et Internet. En février 2024, Airtel et Moov Africa Gabon Telecom se sont engagés à connecter 200 de ces villages dans le cadre de la deuxième phase du projet de développement du service universel. Lors de la première phase, mise en œuvre entre 2016 et 2018, 33 villages avaient été couverts.
Dans ce contexte d’extension des réseaux, le partage d’infrastructure est recommandé par de nombreux organismes internationaux du secteur. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), il s’agit d’une solution qui permet de faire baisser le coût de mise en service des réseaux, en particulier dans les zones rurales ou sur les marchés marginaux. « Ce partage peut également encourager la migration vers de nouvelles technologies et le déploiement de la large bande mobile. Il peut en outre renforcer la concurrence entre opérateurs de services mobiles et fournisseurs de services lorsque des mesures de sauvegarde sont utilisées pour empêcher les comportements anticoncurrentiels », ajoute l’UIT.
Il convient toutefois de rappeler que ces orientations ministérielles restent, pour l’heure, à l’état d’instructions. Leur concrétisation dépendra non seulement de la volonté des opérateurs à coopérer, mais aussi du suivi effectif de leur mise en œuvre. En attendant, les propositions doivent être formalisées et transmises au ministre d’ici le 16 juillet.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 20 juin 2025)