Fiscalité numérique : Le député Abdoul Ahad Ndiaye appelle à la concertation pour éviter un « rejet social »
dimanche 14 septembre 2025
Une nouvelle taxe sur les transactions via mobile money est à l’étude à l’Assemblée nationale., tout en soutenant la nécessité de renforcer les finances publiques, appelle à un dialogue avec les acteurs du numérique pour éviter des conséquences négatives sur les usagers.
Ce lundi 15 septembre, l’Assemblée nationale du Sénégal s’apprête à entamer sa deuxième session extraordinaire de l’année, avec à l’ordre du jour l’examen de trois projets de loi jugés cruciaux pour le fonctionnement de l’État. Parmi eux, celui portant modification du Code des impôts et du domaine, qui suscite une attention particulière en raison de l’instauration d’une taxe sur les transactions d’argent mobile.
Prévue à hauteur de 0,5 %, cette taxe, plafonnée à 2 000 francs CFA, devrait s’appliquer aux opérations effectuées via les services de mobile money, un secteur en forte croissance et de plus en plus essentiel à l’inclusion financière.
Cependant, cette disposition soulève une vive inquiétude chez les opérateurs économiques, les usagers et les associations de consommateurs, qui redoutent une répercussion directe de cette charge fiscale sur les couches les plus vulnérables de la population.
Face à cette situation, le député Abdoul Ahad Ndiaye, membre de la majorité présidentielle (PASTEF) et fin connaisseur du secteur numérique, a tenu à exprimer une position nuancée mais ferme. Tout en reconnaissant la nécessité de mobiliser de nouvelles ressources pour faire face aux urgences économiques du pays, il appelle à une approche participative et mesurée.
« Cette taxe est importante, car le pays traverse une situation financière difficile qui nécessite un plan de redressement sérieux. Toutefois, il faut savoir où et comment positionner cette taxe. On ne peut pas la faire peser aveuglément sur un secteur encore fragile », a déclaré le parlementaire.
Engagé depuis plusieurs années pour le développement du numérique au Sénégal, le député Ndiaye se dit particulièrement préoccupé par l’impact potentiel de cette réforme sur l’écosystème du mobile money.
Selon lui, « imposer une nouvelle charge fiscale sans consultation préalable des acteurs concernés risquerait de freiner l’élan d’inclusion numérique, voire de provoquer un rejet social de la réforme. »
« Je fais partie de ceux qui prônent l’inclusivité numérique. Le mobile money permet à des millions de Sénégalais, notamment en zones rurales, d’avoir accès à des services financiers. Il serait contre-productif de pénaliser cet outil sans un dialogue ouvert avec les opérateurs », a-t-il averti.
Pour le député, la solution réside dans la concertation, le dialogue et la transparence. Il suggère que l’Assemblée nationale convoque les opérateurs de mobile money afin d’échanger sur la pertinence et les modalités d’application de cette taxe. Une révision de la grille tarifaire et des modèles économiques des opérateurs pourrait également s’imposer dans cette perspective.
« Cette réforme ne doit pas être menée à la hâte. Elle doit être le fruit d’un compromis intelligent entre les exigences budgétaires de l’État et la nécessité de préserver un secteur stratégique », a-t-il conclu.
(Source : RTS, 14 septembre 2025)