Fibre optique au Ghana : des conduits intégrés aux routes pour réduire les coupures
mercredi 19 novembre 2025
L’Afrique subit chaque année des dizaines de milliers de coupures de fibre optique qui affectent la qualité des services, notamment ceux fournis aux consommateurs. Les acteurs du secteur mettent la pression sur les autorités pour protéger ces infrastructures.
Le gouvernement ghanéen a approuvé une politique visant à intégrer des conduits de fibre optique et des chambres d’accès dans tous les nouveaux projets de construction routière à travers le pays. Si les autorités y voient une opportunité de faciliter le déploiement de la fibre, les acteurs du secteur y voient surtout un moyen de lutter contre les endommagements fréquents causés par les chantiers routiers.
Selon la presse locale, l’initiative a été révélée par le ministre de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, Samuel Nartey George (photo, au centre), lors d’une discussion de haut niveau au Africa Tech Festival, qui s’est tenu au Cap, en Afrique du Sud, du mardi 11 au jeudi 13 novembre.
« Les entrepreneurs construiront désormais des chambres pour la fibre le long des routes, ce qui élimine le coût du creusement pour les opérateurs télécoms. Cela rendra le déploiement du réseau plus rapide, moins coûteux et plus durable, permettant ainsi aux opérateurs de réinvestir dans l’extension de la connectivité », a déclaré le ministre, cité par GhanaWeb.
En intégrant les câbles dans des conduits protégés et des chambres d’accès normalisées directement au sein des nouvelles routes, la fibre n’est plus exposée aux engins lourds dans des zones vulnérables. Son enfouissement sécurisé, à une profondeur standardisée et dans des structures renforcées, limite autant les manipulations non autorisées que les coupures accidentelles lors de travaux de voirie. De plus, la présence de chambres d’accès clairement identifiées permet de mieux contrôler les interventions techniques, réduisant ainsi les risques de sabotage, de vol ou de dommages involontaires sur les réseaux.
La politique, appelée « Dig Once Policy » (Politique du creusement unique), découle d’un plaidoyer constant de la Ghana Chamber of Telecommunications (GCT) et de ses membres. La justification technique de la Chambre souligne qu’environ 60 % des coupures de fibre au Ghana sont dues aux activités routières et de construction. En 2023 et 2024, le pays a connu 10 832 coupures de fibre. En 2024, ces incidents ont coûté 138 millions de cedis (environ 12,5 millions de dollars), sans compter les interruptions du réseau national et les services aux consommateurs.
Au-delà de la « Dig Once Policy », la GCT a proposé d’autres mesures pour protéger la fibre optique nationale : adoption d’une loi dédiée à la protection de l’infrastructure, création d’unités de gestion des services publics dans les agences routières, et instauration d’une politique stricte de délivrance de permis avant toute excavation. L’organisation plaide également pour une meilleure coordination entre tous les acteurs afin d’éviter les coupures récurrentes et coûteuses.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 19 novembre 2025)
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