OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2025 > Facebook, Macky Sall et la scène sénégalaise

Facebook, Macky Sall et la scène sénégalaise

jeudi 9 octobre 2025

Point de vue

L’article relayé ce 7 octobre 2025 par Seneweb, intitulé « Ingérence étrangère : Facebook a indirectement contribué à la réélection de Macky Sall en 2019 », s’inscrit dans une dynamique discursive qui mérite d’être interrogée avec rigueur. L’affirmation centrale, formulée sans support technico-statistique, relève d’une allégation gratuite. Et c’est précisément cette vacuité méthodologique qui l’expose à une interprétation légitime comme relevant d’une tendance vindicative, voire manipulatrice.

L’accusation portée contre Facebook repose sur une formulation suggestive ( « indirectement contribué ») qui, faute de données probantes, glisse du champ de l’analyse vers celui de la mise en scène. Aucun audit algorithmique, aucune cartographie des flux informationnels, aucune analyse comparative des récits amplifiés n’est proposée. La confusion entre plateforme et intention est manifeste : Facebook, en tant qu’infrastructure technique, ne saurait être tenu pour acteur politique sans une démonstration rigoureuse des usages, des financements, et des modérations opérées. En outre, le silence sur les opérateurs locaux (agences de communication, cabinets de stratégie numérique, influenceurs nationaux) révèle un angle mort analytique. L’absence de contextualisation des dynamiques internes affaiblit la portée de l’article et le rend vulnérable à une lecture instrumentalisée.

Admettons, pour les besoins de l’analyse, que les réseaux sociaux aient « joué en faveur » du Président Macky Sall en 2019. Il convient alors de poser la question inverse : pour qui n’ont-ils pas joué par la suite ? Car les mêmes plateformes ont servi de vecteurs puissants pour la montée en puissance de l’opposition, notamment du parti PASTEF. Ce paradoxe est celui du doigt accusateur : un index pointé vers un prétendu bénéficiaire, tandis que trois autres doigts désignent silencieusement la source accusatrice elle-même. Les campagnes virales de 2023–2024 ont largement profité des algorithmes pour installer une narration de rupture, de délivrance, et de sacralisation de l’alternance. Les figures de l’opposition ont vu leur visibilité décuplée, souvent sans contrepoids critique, dans une dynamique de messianisation algorithmique. Les récits de victimisation ont été amplifiés, parfois au détriment de la complexité des faits, dans une logique de polarisation émotionnelle. Ce phénomène a été observé dans plusieurs contextes africains, comme le montre l’étude de N. Sylla sur les usages politiques des réseaux sociaux dans les campagnes électorales (Revue Africaine des Médias, 2024).

L’accusation d’ingérence s’inscrit dans une dramaturgie plus vaste : celle d’une diabolisation orchestrée, où le Président Macky Sall devient le réceptacle de toutes les projections négatives. Cette stratégie, amorcée bien avant 2024, s’est intensifiée à mesure que PASTEF consolidait son emprise narrative. La narration du président comme obstacle à la jeunesse, l’amplification algorithmique ciblée, l’effacement des acquis, la réécriture de la temporalité et la sacralisation de l’alternance ont constitué les ressorts principaux de cette fabrique du soupçon. Ces mécanismes ont été décrits par A. Diagne dans son analyse des récits de rupture en Afrique francophone (Politique et Narration, 2023), où il montre comment l’opposition construit des figures de délivrance en miroir des figures diabolisées.

Il serait naïf de lire l’article relayé par Seneweb comme une simple contribution au débat démocratique. Il s’inscrit dans une tendance rédactionnelle préoccupante au Sénégal : celle de la production d’articles boucan, c’est-à-dire de textes bruyants, sensationnalistes, mais dépourvus de fondement analytique. Ces productions, souvent rédigées sans rigueur méthodologique, ne résistent à aucune épreuve critique. Elles relèvent moins du journalisme que de la dramaturgie du soupçon. Mais peut-on réellement attendre autre chose dans un contexte où la rumeur devient flagrant délit, où le délit devient le fruit d’un simple complot politique à tendance assassine, et où la parole publique est instrumentalisée non pour éclairer mais pour polariser ? Cette dérive n’est pas seulement médiatique. Elle est symptomatique d’un effritement du pacte épistémique : celui qui lie le citoyen à la vérité, le journaliste à la rigueur, et le politique à la responsabilité. Lorsque ce pacte se rompt, le récit devient arme, et l’article devient projectile. Comme le souligne M. Mbaye dans Éthique et Responsabilité dans les Médias Africains (Presses de Dakar, 2022), « la parole journalistique, lorsqu’elle se délie de la preuve, devient un instrument de guerre symbolique ».

Il ne s’agit pas ici de nier les tensions, les critiques, ni les responsabilités du pouvoir. Il s’agit de refuser l’effacement, de restaurer la complexité, et de rappeler que toute démocratie repose sur une mémoire équitable. Accuser sans démontrer, amplifier sans contextualiser, diaboliser sans nuance : telles sont les dérives que cette mise au point cherche à corriger.

Waly Latsouck Faye, Ingénieur informaticien
Ancien Informaticien de la CENA

(Source : Groupe WhatsApp du RASA, 9 octobre 2025)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 5595/6292 Régulation des télécoms
  • 421/6292 Télécentres/Cybercentres
  • 4321/6292 Economie numérique
  • 2312/6292 Politique nationale
  • 6154/6292 Fintech
  • 668/6292 Noms de domaine
  • 2313/6292 Produits et services
  • 1805/6292 Faits divers/Contentieux
  • 934/6292 Nouveau site web
  • 6292/6292 Infrastructures
  • 2221/6292 TIC pour l’éducation
  • 280/6292 Recherche
  • 309/6292 Projet
  • 4067/6292 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 2340/6292 Sonatel/Orange
  • 2036/6292 Licences de télécommunications
  • 327/6292 Sudatel/Expresso
  • 1193/6292 Régulation des médias
  • 1688/6292 Applications
  • 1304/6292 Mouvements sociaux
  • 2051/6292 Données personnelles
  • 161/6292 Big Data/Données ouvertes
  • 724/6292 Mouvement consumériste
  • 420/6292 Médias
  • 804/6292 Appels internationaux entrants
  • 1958/6292 Formation
  • 142/6292 Logiciel libre
  • 2679/6292 Politiques africaines
  • 1183/6292 Fiscalité
  • 197/6292 Art et culture
  • 730/6292 Genre
  • 2212/6292 Point de vue
  • 1316/6292 Commerce électronique
  • 1982/6292 Manifestation
  • 373/6292 Presse en ligne
  • 161/6292 Piratage
  • 249/6292 Téléservices
  • 1182/6292 Biométrie/Identité numérique
  • 377/6292 Environnement/Santé
  • 422/6292 Législation/Réglementation
  • 399/6292 Gouvernance
  • 2365/6292 Portrait/Entretien
  • 181/6292 Radio
  • 946/6292 TIC pour la santé
  • 318/6292 Propriété intellectuelle
  • 65/6292 Langues/Localisation
  • 1338/6292 Médias/Réseaux sociaux
  • 2628/6292 Téléphonie
  • 229/6292 Désengagement de l’Etat
  • 1273/6292 Internet
  • 152/6292 Collectivités locales
  • 617/6292 Dédouanement électronique
  • 1326/6292 Usages et comportements
  • 1273/6292 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 704/6292 Audiovisuel
  • 4001/6292 Transformation digitale
  • 502/6292 Affaire Global Voice
  • 192/6292 Géomatique/Géolocalisation
  • 447/6292 Service universel
  • 861/6292 Sentel/Tigo
  • 208/6292 Vie politique
  • 1956/6292 Distinction/Nomination
  • 46/6292 Handicapés
  • 853/6292 Enseignement à distance
  • 880/6292 Contenus numériques
  • 723/6292 Gestion de l’ARTP
  • 241/6292 Radios communautaires
  • 2225/6292 Qualité de service
  • 537/6292 Privatisation/Libéralisation
  • 154/6292 SMSI
  • 556/6292 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 3628/6292 Innovation/Entreprenariat
  • 1685/6292 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 58/6292 Internet des objets
  • 215/6292 Free Sénégal
  • 1103/6292 Intelligence artificielle
  • 228/6292 Editorial
  • 26/6292 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous