Énergie et insécurité : des défis qui minent la qualité de service au Cameroun
jeudi 10 avril 2025
Le gouvernement camerounais met la pression sur les opérateurs télécoms opérant dans le pays afin de garantir des services de qualité optimale aux consommateurs. Le régulateur a entamé cette semaine une série de réunions avec IHS, AMN, NuRAN Wireless, MTN, Orange et Camtel.
L’approvisionnement énergétique et l’insécurité font partie des principaux défis qui minent la qualité des services de télécommunications au Cameroun. C’est ce qu’a révélé IHS Cameroon, principal fournisseur des pylônes utilisés par les opérateurs de téléphonie mobile comme MTN et Orange, le mardi 8 avril, lors d’une réunion avec l’Agence de régulation des télécommunications.
IHS explique que l’insécurité dans certaines zones du pays, marquée par des « enlèvements et pertes en vies humaines dans le personnel », freine le déploiement et la maintenance des équipements. Cela limite l’extension du réseau et peut entraîner des perturbations. L’entreprise ajoute que l’approvisionnement énergétique au Cameroun est non seulement instable, mais aussi coûteux, alors que l’électricité est indispensable au fonctionnement des tours télécoms. Le pays subit actuellement des délestages fréquents.
Un rapport de la Chambre des comptes de la Cour suprême, publié en mars, indique qu’entre 2018 et 2021, le nombre de coupures d’électricité a été multiplié par quatre. Fin mars, Investir au Cameroun rapportait une intensification des interruptions sur le Réseau interconnecté Sud, qui dessert sept des dix régions du pays. À Yaoundé, par exemple, les coupures annoncées pour durer entre 4 et 6 heures s’étendent souvent sur plusieurs jours, affectant de nombreux quartiers. Face à cette instabilité, les opérateurs doivent recourir à des sources d’énergie alternatives, comme les générateurs diesel, ce qui augmente les coûts.
« Nous avons également comme problème l’accès aux différents sites, car certains propriétaires de terrains [sur lesquels les tours télécoms sont installées, Ndlr] restreignent souvent l’accès aux ingénieurs, entravant la maintenance et les opérations », a déclaré Olufemi Arosanyin, directeur général d’IHS Cameroon.
IHS a présenté ces difficultés alors que le gouvernement camerounais continue de faire pression sur les opérateurs pour améliorer la qualité des services télécoms. En mai 2023, le régulateur avait infligé une amende de 6 milliards de francs CFA (10,1 millions $) à Camtel, MTN, Orange et Viettel pour « manquements récurrents » aux obligations de couverture et de qualité des communications électroniques. Depuis, l’ART a exigé des plans d’investissements et donné des directives claires.
« Ces directives visent à répondre, à terme, aux attentes des usagers tout en respectant les normes en vigueur. Parmi les priorités, l’Agence a insisté sur la densification des réseaux dans les grandes agglomérations comme Yaoundé, Douala et Bafoussam, ainsi que sur les axes routiers reliant les chefs-lieux de région », explique le régulateur télécoms.
Cependant, l’approvisionnement énergétique et l’insécurité ne sont pas les seuls problèmes affectant le secteur télécoms camerounais. Les opérateurs privés dénoncent également l’état de dégradation avancée de l’infrastructure nationale de transport en fibre optique, gérée exclusivement par Camtel. Cette société publique, confrontée à des contraintes financières, peine à moderniser le réseau. Par ailleurs, Camtel signale que des actes de vandalisme répétés aggravent également la situation.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 10 avril 2025)