En Afrique subsaharienne, 1 Go de données mobiles représente 2,4% du revenu mensuel par habitant
mercredi 23 juillet 2025
Alors que le téléphone mobile reste le principal moyen d’accès à Internet dans la région, le coût élevé des données mobiles constitue un frein majeur à l’inclusion numérique, aux côtés des prix exorbitants des appareils.
Les personnes vivant en Afrique subsaharienne paient en moyenne 2,4 % de leur revenu mensuel pour 1 gigaoctet (Go) de données mobiles, soit un taux plus élevé que le seuil tarifaire considéré comme abordable, selon un rapport publié le mercredi 16 juillet 2025 par la Banque mondiale (BM).
Intitulé « The Global Findex Database 2025 : connectivity and financial inclusion in the digital economy », le rapport précise que le prix médian des données mobiles dans la région demeure le plus élevé à l’échelle mondiale.
Bien qu’il ait enregistré une baisse significative au cours des dernières années (3,5% du revenu mensuel par habitant en 2022), ce prix se situe encore au-dessus du « seuil d’abordabilité », qui a été fixé à 2% du revenu mensuel par habitant fixé par l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence des Nations Unies spécialisée dans les technologies de l’information et de la communication.
Chez 40% des personnes les plus pauvres de la population d’Afrique subsaharienne, le prix moyen d’un gigaoctet de données mobiles grimpe à 5% du revenu mensuel par habitant.
Le rapport, qui se base sur des enquêtes représentatives à l’échelle nationale menées auprès d’environ 145 000 adultes dans 141 pays du monde, indique que ce coût élevé des données mobiles freine l’inclusion numérique. En effet, 45% des adultes qui habitent au Sud du Sahara ont utilisé l’Internet au cours des trois mois précédant les enquêtes, contre une moyenne de 80% dans les régions Asie de l’Est & Pacifique, Europe & Asie centrale et Amérique latine & Caraïbes.
Parmi les personnes possédant un smartphone en Afrique subsaharienne, environ 55% utilisent l’Internet mobile quotidiennement, et près de 20% l’utilisent une fois par mois ou moins.
Le coût élevé des téléphones mobiles représente également un frein important à l’inclusion numérique. 77% des adultes vivant en Afrique subsaharienne ne possédant pas de téléphones mobiles ont cité le prix exorbitant comme obstacle majeur à l’achat de ces appareils.
74% des adultes possèdent des téléphones mobiles
Un appareil d’entrée de gamme coûte environ 73 % du revenu mensuel moyen des adultes appartenant aux couches sociales les plus pauvres dans la région. En conséquence, le taux global de possession de téléphones mobiles par les adultes en Afrique subsaharienne a atteint environ 74% contre une moyenne mondiale de 86% et un taux moyen de 84% dans l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI).
De plus, une proportion non négligeable des téléphones mobiles actifs dans la région sont des téléphones basiques permettant aux utilisateurs de passer des appels téléphoniques, d’envoyer des SMS et d’utiliser des services simplifiés tels que le paiement mobile via le protocole Unstructured Supplementary Service Data (USSD). Sur les 18 économies dans lesquelles ces téléphones basiques qui ne permettant pas de se connecter à Internet dominent, 17 se trouvent en Afrique subsaharienne, le Bangladesh étant la seule économie restante.
Environ 86% des propriétaires de téléphones mobiles les utilisent quotidiennement. Le taux d’utilisation quotidienne passe cependant sous la barre des 80 % dans cinq pays d’Afrique subsaharienne : le Tchad, les Comores, le Lesotho, le Mali et le Togo.
Le rapport révèle par ailleurs que la région fait face à de nombreux défis dans le domaine de la sécurité numérique. Environ la moitié des adultes disposant d’un compte mobile money n’ont pas de mot de passe sur leur téléphone portable. Ainsi, toute personne qui accède au téléphone de l’utilisateur, qu’il s’agisse d’un membre de la famille ou d’un voleur, pourrait potentiellement effectuer des transactions sur le compte d’argent mobile associé. Le fait que de nombreux fournisseurs de services de mobile money exigent désormais des utilisateurs qu’ils saisissent un numéro d’identification personnel, ou code PIN, lors de la connexion ou d’une transaction atténue cependant les risques. Dans ce même chapitre, 30% des adultes affirment avoir déjà reçu un message texte d’une personne qu’ils ne connaissent pas leur demandant de l’argent dans le cadre d’une arnaque ou d’une extorsion en ligne.
Walid Kéfi
(Source : Agence Ecofin, 23 juillet 2025)