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Accueil > Ressources > Points de vue > 2019 > Elections présidentielle du 24 février 2019 : Le Big Data, l’arme secrète de (…)

Elections présidentielle du 24 février 2019 : Le Big Data, l’arme secrète de Benno Bokk Yakaar sauva le Sénégal d’une coupure d’internet

dimanche 3 mars 2019

Point de vue

Nous avions exprimés nos vives préoccupations sur une éventuelle censure de l’internet lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019. Aussi, avions nous travaillé au renforcement de la vigilance citoyenne et donné des conseils pour faire face à une telle situation. Et, les démentis du gouvernement à deux jours de l’élection n’ont fait qu’augmenter nos soucis sur cette question.

Au final, il n’y a eu aucune restriction sur internet. La première explication qu’on pourrait donner serait que le Gouvernement est enfin dans une dynamique de respecter les droits humains numériques au Sénégal. Que nenni.

L’analyse révèle plutôt que la Coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) avait besoin d’une connexion internet, stable et de qualité dans le cadre de sa campagne électorale digitale. Aussi, une coupure d’internet était exclue.

Le jour du scrutin, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, coup de tonnerre. Le représentant du candidat Macky Sall, à la surprise générale, annonçait la victoire à 57% au minimum.

Nous estimons que le secret de cette éclatante victoire se trouve dans la campagne électorale à l’américaine mise en œuvre par BBY. Une combinaison novatrice du numérique et du terrain, adossée à une loi sur le parrainage et un organisateur partisan.

Ainsi, une redoutable machine de guerre électorale encore plus monumentale et réactive que celle de 2012 fut créée­ pour la conservation du pouvoir. A l’évidence, BBY s’est beaucoup inspirée des campagnes présidentielles américaines qui sont depuis longtemps une référence pour le reste du monde.

Le jour du scrutin, en temps réel grâce à l’internet, BBY pouvait suivre au quartier près, heure par heure, dans quels endroits les gens allaient voter et dans quels endroits c’était plus difficile pour y concentrer leurs militants et mobiliser les électeurs.

L’opposition ne pouvant pas rivaliser avec une telle organisation, si puissante et efficace, se retrouva face à une cinglante défaite, bien plus forte que le scrutin très serré annoncé par les médias.

La campagne déroulée, nous autorise à penser que la coalition BBY a saisi les opportunités électorales offertes par les outils du numérique malgré que le candidat Macky Sall, peu préoccupé par le numérique, n’a jamais fait preuve d’un leadership politique de haut niveau sur la question pendant sept ans de gouvernance.

Outre la communication digitale sur les réseaux sociaux, nous pensons que la principale nouveauté de cette élection présidentielle réside dans l’utilisation d’un logiciel électoral par BBY.

Grâce à ce logiciel électoral utilisé en mobilité (smartphones et tablettes), BBY n’est pas allée chercher de façon aléatoire de probables électeurs, mais a plutôt ciblé son action grâce à une cartographie électorale permettant d’identifier d’abord les militants et ensuite de repérer les zones favorables ou défavorables au candidat Macky Sall.

Les données collectées et agrégées, certainement par une armée de spécialistes du digital, ont surtout permis la détermination des zones d’électeurs constituant l’inconnu, c’est-à-dire des zones comportant une majorité d’électeurs indécis, abstentionnistes et étant susceptibles par leur vote d’influencer l’issue des élections.

En outre, le logiciel contient des données sur la carte électorale du coup, le jour de l’élection, cette fonctionnalité permet aux mandataires chargés de surveiller le dépouillement du vote, de télécharger les résultats par bureau de vote pour donner à BBY le résultat global de l’élection présidentielle, en temps réel.

Les données en masse (Big Data) nécessaires pour créer cette puissante base de données, ont été obtenues grâce aux parrains collectés par les candidats.

En effet, la loi sur le parrainage, au-delà de l’élimination de candidats, remet en cause d’abord, des principes essentiels d’une élection libre et transparente, le secret et la liberté du vote, ensuite, elle permet de collecter, en toute légalité, des promesses ou intentions de vote.

Le retour du terrain des formulaires de parrainage serviront à alimenter la base de données qui sera croisée avec le fichier électoral pour avoir un corps électoral sur mesure en faveur de BBY. Ce processus appuyé par un organisateur partisan, un travail de terrain des militants a programmé d’avance, la victoire du candidat Macky Sall.

Cependant, l’entreprise électorale BBY n’e s’est pas limitée à l’utilisation d’une technologie de marketing politique de pointe.

En effet, forte de cette puissante base de données électorale qui permet d’avoir la liste de ses électeurs potentiels par département, commune, quartier avec nom, prénom et adresse, les équipes de militants de BBY n’ont plus eu qu’à déployer une vaste opération de visites de proximités, de porte à porte, destinée à faire basculer l’électorat en faveur de Macky Sall. A chaque militant revenait la même tâche, celle du travail de terrain, de quadriller le dernier kilomètre, localiser le client final, en l’espèce l’électeur, afin de le convaincre.

Ainsi, Benno Bokk Yakaar généralise à l’échelle d’un pays les campagnes de terrain de démocratie locale dans lesquelles la visite de proximité est systématique. Dans la stratégie présidentielle de BBY le pouvoir du porte à porte est donné aux militants. Ce n’est pas un inconnu qui vient parler à l’électeur : c’est un voisin, un membre de sa confrérie, voir même un ami. Une communication de proximité très efficace basée sur l’affection.

Enfin, le troisième axe de cette stratégie pour gagner l’élection était de priver de vote le maximum d’électeur par la mauvaise distribution des cartes d’électeur pour ne pas dire leur rétention, la non inscription d’électeurs dans le fichier, la modification de la carte électorale dans les zones non favorables et le gonflement de celles jugées favorables.

La réussite d’une telle stratégie de campagne électorale faisant la convergence du numérique et du terrain ne s’improvise pas. Celle de BBY a été conçue et mise en œuvre par un appareil très organisé, centralisé, hiérarchisé et décentralisé.

En outre, il faut noter que cette victoire a été, facilitée par une opposition morcelée, faible, toujours dans l’informelle mais surtout sans courage politique.

En définitive, en mettant en œuvre une campagne électorale à l’américaine, basée sur le numérique, soutenu par une organisation impeccable, la Coalition Benno Bokk Yakaar s’est assurée d’avance, bien avant le 24 février 2019, de la victoire du candidat Macky Sall.

La stratégie digitale ultra planifiée de BBY est le signe que les élections ne peuvent plus se gagner sans une grande quantité d’expertise et de conseil.

Le « Big data », la collecte et le traitement automatisé de gigantesques quantités de données, a aidé le candidat de Benno Bokk Yakaar à remporter un second mandat. Une aide phénoménale à la prise de décision dans une compétition électorale. Et ça ne fait que commencer avec les outils numériques d’appui logistique aux campagnes électorales.

Des lors, il appartient à l’opposition de se mettre à jour même si BBY a déjà une bonne longueur d’avance. Elle doit s’attaquer aux immenses chantiers qui l’attendent ­dont deux sont des sur priorités­ : l’abrogation de la loi sur le parrainage et un organisateur d’élections neutre.

A défaut, l’entreprise électorale BBY avec ses campagnes électorales, ultra ciblées, ou l’électeur est un client et le candidat un produit, est assurée d’avance de gagner toutes les élections à venir et l’opposition continuera à parler d’élections truquées sans convaincre personne.

Enfin, si la convergence entre politique et technologie (Big Data, Intelligence artificielle) ne vise qu’à mieux connaître les populations cibles dans le but unique d’adapter le discours des hommes politiques, leur rôle peut rapidement basculer vers une manipulation dangereuse. La tentation serait grande de considérer les citoyens comme de simples clients et leur fournir ainsi une vision personnalisée d’un programme aux dépends d’un projet global au service de tous les citoyens, une menace pour la démocratie.

Que dit alors la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP) ­sur cette machine électorale de BBY, force de frappe redoutable, qui semble être gardée jalousement comme un secret industriel ? La question posée ici est celle de l’utilisation des données personnelles des citoyens à des fins de profilage politique pour gagner une compétition électorale. Ces données sensibles sont-elles hébergées au Sénégal ou ailleurs­ ? La puissance publique doit se préoccuper de ces fichiers politiques, pour l’instant, elle est aphone.

Ndiaga Guèye
Président de l’ASUTIC

(Source : ASUTIC, 3 mars 2019)

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