Education : des réformes en cours pour mieux intégrer l’IA
vendredi 11 juillet 2025
Un panel interactif sur le développement durable et l’intelligence artificielle a réuni, hier, à Dakar, des experts venus d’horizon divers, avec un objectif précis : bâtir un système d’apprentissage adapté aux exigences de la révolution numérique.
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a réuni, hier, à Dakar, experts et partenaires autour d’un panel qui interroge l’avenir de l’éducation à l’aune de l’Intelligence artificielle (Ia) et du développement durable. Ce cadre d’échange s’inscrit dans la campagne « Sama-ekol-Sama yitté », fruit d’un partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Environnement et de la Transition écologique.
Venu représenter le ministère de l’Éducation nationale à la rencontre, Aboubacar Lô, assure que des mesures sont prévues pour accompagner la révolution numérique dans le secteur de l’éducation. « Nous allons revoir les textes réglementaires, les curriculums et renforcer la formation des enseignants et élèves sur le numérique », explique-t-il.
Il promet également des efforts d’équipement, y compris pour les zones les plus reculées, grâce au soutien des partenaires techniques et financiers. À l’en croire, il est prévu au ministère de l’Éducation nationale de former 100.000 enseignants aux outils du numérique et de l’Intelligence artificielle, de certifier 7.000 référents numériques et de distribuer 600.000 ordinateurs et tablettes. Dans ce projet, le ministère envisage également de déployer 14 Vans numériques pour les zones rurales. Cheikh Mbow, directeur exécutif de la Cosydep, estime que « l’intelligence artificielle est une réalité qui s’impose à nous. Nous devons en faire un outil au service de l’humain et non l’inverse ».
Pour lui, il est impératif de préserver la capacité critique, la créativité et les valeurs de solidarité chez les jeunes, à l’ère des technologies disruptives. « L’Ia ne doit pas remplacer l’enseignant, mais plutôt l’accompagner et soutenir les processus d’apprentissage. L’enjeu principal est de préserver l’humanisme et l’esprit critique des élèves, afin d’éviter une déshumanisation de l’éducation », a-t-il affirmé. Il souligne que l’Ia doit rester un outil au service de l’humain en permettant de mieux gérer les classes pléthoriques, de combler le manque de ressources pédagogiques, notamment dans les zones reculées et ainsi favoriser l’équité et l’égalité d’accès à l’éducation.
Cependant, Mbow avertit : « L’IA ne doit pas faire de nos enfants des machines, mais des citoyens responsables, capables d’anticiper et d’innover ». Le panel a également mis l’accent sur la nécessité d’un financement souverain du secteur éducatif. Selon Cheikh Mbow, malgré les efforts du Sénégal, qui consacre plus de 20% de son budget à l’éducation, la part dédiée à l’investissement reste faible, souvent inférieure à 5%. « Il nous faut une souveraineté assumée dans le financement et les orientations de notre système éducatif », a dit Mbow.
Il précise que la Cosydep qu’il dirige entend jouer son rôle « d’acteur critique » dans les réformes annoncées. Il plaide pour une éducation inclusive, équitable et ancrée dans les réalités locales et insiste sur l’importance de renforcer l’investissement national dans le secteur, de garantir la prise en charge des besoins fondamentaux (infrastructures, manuels, effectifs enseignants), d’impliquer l’ensemble des acteurs de la société civile dans les réformes à venir.
Dans sa présentation, Wedji Kane de l’institut des Algorithmes du Sénégal a mis en exergue les bouleversements qu’induit l’Ia dans les pratiques éducatives. Il cite, notamment, la redéfinition du rôle de l’enseignant, les nouvelles formes d’apprentissage ainsi que l’évolution de l’évaluation.
Maguette Guèye Diédhiou
(Source : Le Soleil, 11 juillet 2025)