Économie et IA : le secteur public et privé sénégalais à l’unisson pour façonner l’avenir numérique du pays
jeudi 5 juin 2025
La plateforme Talk and Taste a tenu, ce mardi 3 juin, son panel mensuel qui réunit les décideurs du secteur public et privé autour de thématiques stratégiques pour le développement du Sénégal. À l’agenda cette fois : « L’intelligence artificielle, accélérateur du Plan Sénégal Vision 2050 ». Un sujet à fort enjeu, au croisement des ambitions économiques, technologiques et politiques du pays.
Organisé dans une ambiance conviviale mais studieuse, l’événement a permis de croiser les regards d’acteurs clés du numérique et de la finance, autour d’une même conviction : l’intelligence artificielle (IA) n’est plus un luxe, mais une nécessité pour atteindre les objectifs du Sénégal à l’horizon 2050.
Isidore Diouf, Directeur Général de Sénégal Numérique SA, a ouvert la discussion en soulignant l’importance stratégique de l’IA dans la mise en œuvre des politiques publiques : « L’IA peut aider à automatiser les services administratifs, améliorer la transparence dans la gestion publique, mais aussi optimiser les investissements dans des secteurs prioritaires comme la santé, l’agriculture ou l’éducation. »
Dans la même veine, Boubacar Roger Thiam, Directeur de l’Économie Numérique au ministère en charge du secteur, a insisté sur la nécessité de réguler et structurer l’écosystème de l’IA : « Il ne s’agit pas simplement d’adopter des technologies, mais de les encadrer, de les aligner sur nos réalités locales, et surtout de former nos ressources humaines. »
Côté privé, les acteurs n’attendent pas que tout vienne de l’État. Isaac Mbaye, à la tête de Invictus Capital & Finance, voit en l’IA un levier majeur pour la compétitivité des entreprises sénégalaises : « Il faut des incitations pour l’investissement technologique, mais aussi un discours économique qui intègre pleinement les données et les algorithmes dans la prise de décision. »
Ndèye Awa Guèye, ingénieure et représentante de LuxDev, a mis en avant l’importance d’un partenariat solide entre les sphères publiques, privées et académiques : « Les innovations portées par l’IA doivent répondre à des besoins réels. Cela passe par l’engagement des entreprises locales et la valorisation de nos talents. »
La question de la souveraineté numérique a également émergé dans les échanges. Pour Mouhamed Thiombane, Directeur Tech & Digital Services chez Forvis Mazars, « La maîtrise de nos données est essentielle. Sans cela, nous ne faisons que consommer des solutions pensées ailleurs pour des problématiques qui ne sont pas toujours les nôtres. »
Un avis partagé par Mamour Dioum, Chief Information Officer du Groupe Sunu, qui appelle à une meilleure sensibilisation sur les enjeux éthiques : « L’IA peut être un formidable outil de développement, mais elle ne doit pas reproduire ou amplifier des inégalités existantes. C’est un sujet de gouvernance. »
Au terme de ce panel riche en interventions, un consensus se dégage : le Sénégal doit construire son propre modèle d’IA, aligné sur ses priorités de développement, inclusif et durable...
(Source : Dakar Actu, 5 juin 2025)