Djibouti : vers la création d’une Autorité nationale de cybersécurité
mercredi 12 novembre 2025
Les autorités djiboutiennes veulent faire du numérique un levier de développement socio-économique au cours des prochaines années. Pour atteindre cet objectif, elles multiplient les efforts pour renforcer la sécurité du cyberespace face à la montée des menaces numériques.
Djibouti avance vers la création de son Autorité nationale de cybersécurité (ANC), annoncée début octobre. Le lundi 10 novembre, Mariam Hamadou Ali, ministre de l’Économie numérique et de l’Innovation, a présenté devant la commission compétente de l’Assemblée nationale le projet de loi portant création de l’ANC.
Selon un communiqué du ministère publié le mardi 11 novembre, le texte prévoit la mise en place d’une autorité indépendante chargée d’établir des normes nationales et des procédures de protection pour les secteurs vitaux, ainsi que la création d’un centre national de surveillance et de réponse aux incidents de cybersécurité. Il prévoit également de renforcer la coopération internationale contre la cybercriminalité et de lancer des programmes de formation et de sensibilisation à la cybersécurité.
L’objectif est de protéger le cyberespace national et les infrastructures numériques stratégiques, de renforcer la confiance dans l’économie numérique et d’attirer les investissements. « Cette loi n’est pas qu’un simple texte législatif ; c’est une déclaration forte que Djibouti prend au sérieux la protection de sa sécurité nationale à l’ère numérique, et un investissement pour construire un avenir sûr et résilient pour les générations futures », a déclaré le ministère.
Le projet de création de l’ANC avait déjà été évoqué le 1er octobre lors du Conseil des ministres arabes de la Cybersécurité à Riyad, en Arabie saoudite. Selon la délégation djiboutienne, cet outil doit consolider l’architecture institutionnelle et réglementaire du pays. Il s’ajoute à plusieurs initiatives déjà engagées, notamment une Stratégie nationale de cybersécurité, un Code numérique et l’organisation annuelle d’une Semaine nationale de la cybersécurité.
Djibouti a également intensifié sa coopération internationale. Fin octobre, à Hanoï (Vietnam), il a signé la Convention des Nations unies sur la cybercriminalité, rejoignant 21 pays africains parmi 71 signataires au total. Le pays avait déjà ratifié en novembre 2023 la Convention de Malabo de l’Union africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles. En novembre 2024, il s’est aussi rapproché du Qatar, cité par l’Union internationale des télécommunications (UIT) comme un modèle mondial en la matière.
Ces efforts s’inscrivent dans la vision du gouvernement visant à faire du numérique un levier de développement économique et social. Avec des investissements croissants dans les infrastructures, Djibouti ambitionne de devenir un hub technologique régional à l’horizon 2035. Mais selon l’UIT, cette ambition doit s’accompagner d’un engagement accru dans la cybersécurité pour exploiter pleinement le potentiel du numérique.
Le pays se situe actuellement dans le quatrième palier de l’Indice global de cybersécurité 2024 de l’UIT, avec un score de 11,84 sur 20 dans le pilier législatif. L’organisation estime toutefois que Djibouti doit redoubler d’efforts dans les domaines organisationnel, technique, de développement des capacités et de coopération pour combler son retard.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 12 novembre 2025)
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