Développement de la fibre optique : le Cameroun classé dernier au monde dans une enquête couvrant 93 pays
jeudi 24 avril 2025
Le « Fiber development Index analysis 2024 », publié par l’Association mondiale du haut débit (WBBA) et Omdia, une entreprise britannique spécialisée dans l’analyse stratégique de l’industrie des réseaux et des télécoms, classe le Cameroun 93e et dernier au monde (19e en Afrique) en matière de développement de la fibre optique. Mieux, avec une note de seulement 4 sur 100 en 2024, le Cameroun perd trois points par rapport à l’année 2023. Cette année-là, en effet, la locomotive économique de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), seul pays de cet espace communautaire à figurer dans ce classement, affichait une note de 7 sur 100.
Sur la base de l’analyse des données couvrant 93 pays dans le monde, l’indice de développement de la fibre optique (IDF) s’appuie sur sept indicateurs. Il s’agit, entre autres indicateurs, du taux de pénétration de la fibre jusque dans les domiciles (FTTH), du taux de pénétration de la fibre dans les entreprises (FTTBusiness), du taux de pénétration de la fibre jusqu’aux sites cellulaires mobiles, la vitesse médiane de téléchargement, la latence moyenne, etc.
Pour mieux comprendre le classement du Cameroun en fonction des indicateurs retenus, le « Fiber development Index analysis 2024 » précise que le pays fait partie du groupe 3. C’est à dire celui des « pays émergents dotés d’un haut débit avec de faibles niveaux de pénétration du haut débit dans les ménages ». Les pays appartenant à ce groupe sont moins bien lotis en matière de développement de la fibre optique que ceux des groupes 1 et 2, constitués respectivement de « pays dotés de réseaux haut débit par fibre optique très développés », et de « pays développés en matière de haut débit, qui s’orientent vers une adoption accrue du haut débit par fibre optique », apprend-on.
La nécessité d’investir davantage
« Les pays du groupe 3 peuvent progresser en investissant d’abord dans des technologies alternatives (technologies sans fil fixes, par exemple), puis en s’orientant progressivement vers un accès accru à la fibre optique. Ils peuvent également opter pour une approche diagonale, où l’investissement dans la fibre optique s’accompagne du développement du haut débit », suggère le rapport.
A l’échelle africaine, le classement 2024 de WBBA et Omdia est dominé par l’Ile Maurice, suivie de l’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire. L’on peut observer que ce dernier pays quitte du top 10 pour le top 3 en l’espace d’un an. Le top 5 continental de l’année 2024 est complété par l’Egypte et le Ghana. Au fond du classement, on dehors du Cameroun, l’on retrouve le Botwsana, le Nigeria, l’Ethiopie et la Tunisie.
Loin d’éclipser les efforts consentis ces dernières années par le Cameroun pour le développement de la fibre optique -15 000 Km déployés à fin 2023 et des projections de 3500 Km supplémentaires en 2024, selon les officiels - ce classement révèle les défis qui restent à relever par ce pays traversé par cinq câbles sous-marins à fibre optique -SAT3, WACS, ACE dont le point atterrissement reste à construire, SAIL et NCSCS- Parmi ces défis, il y a principalement l’utilisation optimale de cette infrastructure stratégique pour l’accès au haut débit.
Des câbles sous-marins sous-exploités
En effet, nombre de câbles sous-marins qui atterrissent au Cameroun sont sous-exploités. « Seulement environ 15% de la capacité du câble SAT3 et 30% de la capacité du câble WACS ont été utilisés depuis leur lancement, il y a 17 ans », révèle par exemple la Société financière internationale (SFI) dans un rapport sur l’état du secteur du numérique au Cameroun, présenté au ministère de l’Economie en 2022.
De plus, souligne la même source, le « fiber gap » est encore très important au Cameroun. Selon la SFI, ce phénomène qui renvoie aux zones dans lesquelles la fibre optique n’est pas encore déployée ou alors n’est pas encore utilisée, touchait encore environ 14 millions de personnes au Cameroun en 2020, soit plus de la moitié de la population du pays estimée à environ 25 millions d’habitants.
Au demeurant, malgré ces écueils, la connectivité à la fibre optique a permis au Cameroun de faire de grands bonds dans le développement du secteur des télécoms et TIC ces dernières années. Entre 2018 et 2022, par exemple, le taux de pénétration du haut débit mobile dans le pays a plus que doublé, passant de 18% à 39%, selon le ministère des Postes et télécoms.
Brice R. Mbodiam
(Source : [Investir au Cameroun->https://www.investiraucameroun.com/