Désenclavement numérique : le Tchad se tourne vers des investisseurs émiratis
samedi 16 août 2025
Comme dans de nombreux pays africains, les autorités tchadiennes misent sur la coopération internationale pour le développement du numérique. Le Tchad s’était par exemple rapproché de la Grèce en juin dernier.
Le gouvernement tchadien veut attirer des investisseurs émiratis pour accélérer le désenclavement numérique du pays dans le cadre du Programme national de développement « Tchad Connexion 2030 ». Dans cette perspective, le ministre des Télécommunications, de l’Économie numérique et de la Digitalisation de l’administration, Boukar Michel, a réuni le mercredi 13 août à N’Djamena les responsables des entités placées sous sa tutelle pour identifier et finaliser des projets bancables, accompagnés d’études actualisées, à soumettre à ces partenaires attendus prochainement.
Le ministre a notamment mis l’accent sur la connexion par fibre optique avec la Libye, l’Égypte, le Niger, le Nigeria et la Centrafrique, en direction de la ligne Congo-Océan. L’introduction d’un troisième opérateur de téléphonie mobile et la revitalisation de la Société tchadienne des postes et de l’épargne ont également été évoquées (STPE).
Le désenclavement numérique est une priorité pour N’Djamena. Pays enclavé, le Tchad ne dispose pas d’accès direct aux câbles sous-marins et dépend quasi exclusivement de sa liaison avec le Cameroun, fréquemment interrompue. La connexion via le Soudan, autrefois opérationnelle, est aujourd’hui inactive en raison de l’instabilité sécuritaire.
C’est dans cette dynamique que les autorités tchadiennes ont engagé en juin dernier avec le Niger des discussions en vue de leur interconnexion par fibre optique dans le cadre du projet de Dorsale transsaharienne à fibre optique (DTS). La signature d’accords bilatéraux avec des pays comme le Nigeria, la Libye et l’Algérie a également été mentionnée lors d’une conférence en mai 2025. En décembre 2024, le pays s’était déjà rapproché de l’Egypte, pays africain ayant le plus de câbles sous-marins.
Cette initiative intervient alors que les économies émergentes sont souvent confrontées à un déficit de financements adéquats et abordables, notamment pour les infrastructures clés, selon une étude de la Digital Cooperation Organization (DCO) publiée en octobre 2024. L’étude indique, par exemple, que le déficit de financement numérique en Afrique subsaharienne s’élève à 97 milliards de dollars, soit environ 19 % du besoin mondial. Le document souligne également que les partenariats public-privé pourraient jouer un rôle clé pour combler ce manque.
Cependant, plusieurs incertitudes demeurent : le calendrier de l’arrivée des investisseurs émiratis, le montant total des financements, les conditions offertes aux entreprises locales ou encore la répartition des responsabilités entre acteurs publics et privés n’ont pas été précisés. Aucun mécanisme de suivi ou d’évaluation n’a non plus été détaillé, pas plus que l’éventuelle implication de partenaires régionaux dans les interconnexions.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 16 août 2025)