Désenclavement numérique : le Tchad cherche à renforcer sa coopération internationale
dimanche 7 septembre 2025
Pays enclavé, le Tchad n’a pas d’accès direct aux câbles sous-marins, des infrastructures essentielles pour assurer l’accès à Internet et la connectivité internationale.
Les autorités tchadiennes poursuivent leurs efforts de coopération pour accélérer le désenclavement numérique du pays, dans le cadre du Programme national de développement « Tchad Connexion 2030 ». La semaine dernière, elles se sont rapprochées de l’Union internationale des télécommunications (UIT), quelques jours après avoir annoncé l’arrivée prochaine d’investisseurs émiratis sur le dossier.
C’était en marge du Colloque mondial des régulateurs 2025 (GSR-25) tenu du 31 août au 3 septembre en Arabie saoudite, et où Haliki Choua Mahamat, le Directeur général de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), a rencontré Doreen Bogdan-Martin, secrétaire générale de l’UIT.
Les échanges ont porté sur les principaux défis auxquels est confronté le Tchad du fait de son enclavement géographique et de l’absence d’accès direct aux câbles sous-marins, un frein au développement de son infrastructure numérique. Le régulateur tchadien a présenté les initiatives déjà engagées pour réduire cette contrainte et énoncé les actions futures, notamment l’adaptation du cadre réglementaire aux enjeux du numérique.
Le ministre des Télécommunications, de l’Économie numérique et de la Digitalisation de l’administration, Boukar Michel, a réuni le mercredi 13 août à N’Djamena les responsables des entités placées sous sa tutelle pour identifier et finaliser des projets bancables, accompagnés d’études actualisées à soumettre aux investisseurs émiratis. Il a mis l’accent sur la connexion par fibre optique avec l’Égypte, le Niger, le Nigeria et la République centrafricaine, en direction de la ligne Congo-Océan.
La question du désenclavement numérique avait également été abordée avec la Grèce en juin dernier. Ce même mois, le pays a conclu un protocole d’accord avec le Niger pour l’interconnexion par fibre optique. D’autres partenaires ciblés comprennent des voisins côtiers comme l’Algérie et la Libye. Le pays veut aussi renforcer les liens avec le Cameroun qui est à ce jour son seul fournisseur en capacité internationale.
Si le Tchad peut obtenir chez ses voisins la capacité transportée par les câbles sous-marins, indispensable pour assurer sa connectivité Internet, des partenaires internationaux comme l’UIT, les Émirats arabes unis (EAU) ou la Grèce peuvent, eux, apporter leur expertise technique ainsi que le soutien financier nécessaire au développement des infrastructures. Par exemple, les EAU ont obtenu un score de 98,3% à l’Indice de développement des TIC de l’UIT en 2024 et se classent à la 11e place mondiale en matière de développement de l’e-gouvernement selon les Nations unies.
À travers ces initiatives, « le Tchad réaffirme son engagement à renforcer la coopération régionale et internationale pour bâtir un écosystème numérique inclusif, durable et harmonisé » selon le régulateur télécoms. Il faut néanmoins noter que les discussions avec l’UIT semblent encore à un stade préliminaire, aucun accord n’ayant été signé ou annoncé à ce jour. La situation est similaire avec la Grèce, où les échanges restent exploratoires.
Concernant les investisseurs émiratis annoncés il y a environ trois semaines, aucune mise à jour officielle n’a encore été communiquée. De même, l’interconnexion avec de nouveaux pays voisins au-delà du Cameroun, ne s’est pas encore concrétisée, même si le Tchad fait partie aux côtés du Niger, du Nigeria et de l’Algérie, de la Dorsale transsaharienne à fibre optique (DTS). En mars 2025, les autorités avaient indiqué que la partie tchadienne du projet était achevée à 32%.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 7 septembre 2025)