Cybersécurité : face à 500 millions USD de pertes annuelles, le Nigeria s’allie à Kaspersky
vendredi 5 septembre 2025
En Afrique, l’accélération de la transformation numérique et l’adoption croissante des TIC s’accompagnent de nouveaux risques. Les pays mettent en place des mesures pour y répondre, dans un contexte où le numérique est appelé à devenir un pilier majeur du développement socio-économique.
Selon les sources officielles, le Nigeria perd environ 500 millions de dollars par an en raison de la cybercriminalité. Pour renforcer l’écosystème de cybersécurité du pays, l’Agence nationale de développement des technologies de l’information (NITDA) a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec Kaspersky Global.
Le protocole a été signé lors du GITEX Nigeria 2025, tenu à Abuja et Lagos les 3 et 4 septembre. Il prévoit que Kaspersky soutienne la NITDA dans l’organisation de formations pour renforcer les compétences locales en cybersécurité, des campagnes de sensibilisation du public et des travaux conjoints de recherche pour améliorer la culture de défense numérique. Le texte ouvre également la voie au partage d’informations sur les menaces et attaques visant les citoyens, les institutions publiques et les infrastructures numériques, ainsi qu’à la mise en place de cadres et normes solides pour protéger les infrastructures critiques du pays.
« Cette collaboration constitue une étape majeure dans le parcours du Nigeria vers la résilience numérique, en combinant l’expertise mondiale et la volonté nationale de sécuriser l’avenir numérique du pays », a déclaré la NITDA dans un communiqué publié notamment sur sa page X.
Ce rapprochement s’inscrit dans la volonté du gouvernement nigérian de freiner l’essor de la cybercriminalité, accentuée par la transformation numérique. En novembre 2024, une opération coordonnée par Interpol a permis l’arrestation de 306 cybercriminels dans plusieurs pays africains, dont 130 au Nigeria. Sur l’ensemble de l’année, la police nigériane rapporte avoir arrêté 751 individus impliqués dans des activités cybercriminelles.
En mai 2025, le Nigeria a signé un protocole d’accord avec le Royaume-Uni pour améliorer l’efficacité de son système judiciaire dans la lutte contre la cybercriminalité, en réduisant les lenteurs administratives. Le pays a également pris part à l’opération Serengeti 2.0 d’Interpol, menée d’août 2024 à juin 2025, qui a abouti à l’arrestation de 1209 cybercriminels dans 18 pays africains et à la récupération d’environ 100 millions de dollars.
Par ailleurs, le Nigeria a adopté en 2024 une version amendée de sa loi de 2015 sur la cybercriminalité. Les principales nouveautés incluent la création d’équipes sectorielles d’intervention d’urgence informatique (CERT), la clarification des dispositions sur le cyberharcèlement et l’instauration d’une taxe sur la cybersécurité pour financer les initiatives nationales.
Pourtant, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Nigeria ne se situe qu’au troisième niveau sur cinq en matière de développement de la cybersécurité. Dans son « Global Cybersecurity Index 2024 », l’organisation salue les progrès accomplis sur le plan technique et juridique, mais souligne que le pays doit encore renforcer son organisation, développer ses compétences et améliorer la coopération. La collaboration avec Kaspersky, l’un des leaders mondiaux du secteur, pourrait l’aider à progresser dans cette direction, même si elle n’en est pour l’instant qu’au stade d’un protocole d’accord.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 4 septembre 2025)