Cybersécurité, données, IA : le Soudan pose les jalons d’un État numérique
jeudi 6 novembre 2025
Depuis plusieurs années, le Soudan traverse une crise institutionnelle et sécuritaire sur fond de conflit armé. Le gouvernement a malgré tout choisi d’accélérer la transition numérique.
Le Premier ministre soudanais, Kamil Idris, a promulgué le mercredi 5 novembre 2025, un décret créant trois organismes nationaux placés sous la tutelle du ministère de la Transformation numérique et des Communications. Il s’agit de l’Autorité de la transformation numérique, de l’Autorité soudanaise des données et de l’intelligence artificielle et de l’Autorité soudanaise de la cybersécurité.
Cette décision s’inscrit dans un programme de réformes plus large visant à moderniser la structure de l’État et à renforcer l’efficacité de l’action publique. Le gouvernement souhaite poser les bases d’un système numérique unifié, appuyé sur des politiques nationales permettant d’améliorer la transparence, la gouvernance administrative et la souveraineté numérique. L’enjeu est de créer un socle institutionnel capable d’encadrer les services publics digitaux, la gestion des données et la protection du cyberespace.
Cette initiative s’inscrit néanmoins dans un contexte marqué par des tensions politiques, un conflit armé persistant et des ressources financières limitées. Le pays souffre d’un manque d’infrastructures fiables et de compétences spécialisées, pourtant essentielles à la mise en œuvre d’une transformation numérique d’envergure. La mise en place de ces nouvelles autorités soulève également des interrogations de coordination institutionnelle et de continuité administrative, dans un État déjà fragilisé.
Rappelons que le Soudan affichait en 2024 un score de 0,2759 sur 1 à l’indice mondial de l’administration en ligne (EGDI) des Nations unies, en deçà de la moyenne africaine établie à 0,4247. En matière de cybersécurité, le pays est classé Tier 4 avec une note de 48,17 sur 100. A l’indice de préparation à l’intelligence artificielle, le cabinet britannique Oxford Insights lui attribuait en 2024 un score de 24,63 sur 100. La moyenne de l’Afrique subsaharienne était de 32,70.
En posant les fondations d’une gouvernance numérique plus structurée, le gouvernement soudanais entend à la fois sécuriser ses systèmes, mieux protéger les données publiques et préparer le pays à des services administratifs plus efficaces. Reste à savoir si ce chantier pourra se concrétiser dans un environnement aussi instable.
Adoni Conrad Quenum
(Source : Agence Ecofin, 6 novembre 2025)
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