Cotonou, la capitale économique du Bénin, s’apprête à devenir l’épicentre de la cybersécurité et de la transformation numérique en Afrique, en accueillant la 5e édition du Cyber Africa Forum (CAF) les 24 et 25 juin 2025.
Fort de quatre éditions ayant rassemblé plus de 6 000 participants venus de plus de 54 pays, dont des hauts dirigeants, CEO, RSSI et DSI, le CAF confirme sa position de plateforme d’affaires et d’échanges sur les enjeux cruciaux du numérique en Afrique.
Ce choix stratégique, de délocaliser l’événement après quatre éditions réussies en Côte d’Ivoire, illustre une ambition panafricaine grandissante et une volonté délibérée de renforcer les collaborations régionales.
A Cotonou, l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN) du Bénin, le Centre national d’investigations numériques (CNIN) et l’Association club des décideurs des Systèmes d’information (Club DSI) du Bénin, appellent à de nouvelles coopérations transnationales.
Ces entités encouragent l’exploration de nouvelles approches pour renforcer la cybersécurité, accélérer le développement du secteur du numérique et promouvoir l’intelligence artificielle à l’échelle régionale. A ce rendez-vous sont attendus les leaders technologiques, startups, banques et investisseurs
Dans un contexte où la digitalisation des services publics devient un levier essentiel de performance des États, de transparence et de proximité avec les citoyens, le Bénin se positionne comme l’un des pays les plus dynamiques sur le continent.
Classé parmi les dix nations africaines les plus engagées dans le domaine numérique, le Bénin affiche aujourd’hui un taux de digitalisation des services publics supérieur à 70%. Cette dynamique est le fruit du travail de plusieurs acteurs.
IA et souveraineté numérique
Au Bénin, l’ASIN pilote depuis plusieurs années des projets structurants touchant aussi bien aux infrastructures numériques, à la cybersécurité qu’aux services publics dématérialisés. Plus de 1000 services sont aujourd’hui accessibles via le Portail national des services publics dont 220 totalement dématérialisés, facilitant ainsi les démarches administratives des citoyens et des entreprises.
Marc-André Loko, directeur général de l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN), réaffirme clairement l’ambition du Bénin de s’imposer comme un acteur clé du numérique en Afrique, en s’appuyant sur une transformation technologique résolument collaborative.
« Le pays s’impose progressivement comme l’un des hubs technologiques les plus prometteurs du continent. Le CAF 2025 représente une opportunité unique de connecter les acteurs stratégiques qui façonneront l’Afrique numérique de demain, et nous avons hâte d’échanger avec eux », a-t-il déclaré.
Quatre ans après les premières mobilisations continentales, les cybermenaces continuent de s’intensifier en Afrique, avec une progression annuelle estimée à près de 40 % et des pertes évaluées à 4 milliards de dollars rien qu’en 2023.
Malgré les efforts engagés, les réponses actuelles peinent à contenir la montée en puissance des attaques, fragilisant la confiance numérique, alors même que le numérique devient un pilier de la transformation des économies africaines.
Parallèlement, l’essor rapide de l’intelligence artificielle reconfigure en profondeur le paysage technologique du continent. Si cette révolution ouvre des perspectives inédites en matière de santé, d’éducation, de gouvernance ou de productivité, elle introduit également de nouveaux risques systémiques.
La cybersécurité n’est plus une option
Les vulnérabilités des données, l’asymétrie technologique et les dépendances numériques constituent les menaces qui, d’ailleurs, évoluent plus vite que les capacités de défense. Face à cette réalité, un constat s’impose : les approches fragmentées et réactives ont atteint leurs limites.
Pour sa cinquième édition, le Cyber Africa Forum (CAF) lance un appel clair : il est temps d’opérer un changement de paradigme, fondé sur des stratégies de cybersécurité structurées, mutualisées et pleinement intégrées aux politiques de développement.
Les experts estiment qu’il ne s’agit plus seulement de se protéger, mais de garantir les conditions d’un numérique africain souverain, inclusif et durable. Ce défi est d’autant plus pressant que, selon Cybersecurity Ventures, les pertes mondiales liées à la cybercriminalité pourraient atteindre 10,5 trillions de dollars par an d’ici fin 2025.
L’Afrique ne peut rester à l’écart de cette mobilisation globale. Elle a aujourd’hui la responsabilité de faire de la cybersécurité non pas un frein, mais un catalyseur de développement économique et de souveraineté numérique.
M. Ouanilo Medegan FAGLA, Directeur Général du Centre National d’Investigations Numériques (CNIN), a déclaré que « Face à l’essor numérique africain, la cybersécurité n’est plus une option, mais la pierre angulaire de notre souveraineté. Ignorer ce défi, c’est brader notre avenir digital avant même qu’il n’éclose. »
Investir dans le numérique africain
Sur un continent, où l’économie numérique est en pleine croissance avec des projections estimées à 712 milliards de dollars d’ici 2050, l’enjeu du financement devient central. Infrastructures, formation, innovation technologique exigent une mobilisation sans précédent des ressources publiques et privées.
« Pour bâtir une résilience numérique durable en Afrique, nous devons investir dès maintenant dans des infrastructures robustes, une formation adaptée et des solutions technologiques souveraines. Cela passe inévitablement par un engagement fort en matière de financement », a déclaré Fabrice Dako, président du Club DSI Bénin.
« Les modèles actuels montrent leurs limites face à des risques de plus en plus systémiques : cybermenaces, dépendances technologiques, instabilités géopolitiques ou encore crises climatiques », a-t-il poursuivi.
Avec plus de 1 000 participants attendus, le Cyber Africa Forum 2025 se positionne comme une plateforme stratégique de haut niveau, propice aux échanges décisifs, aux négociations et à la structuration de projets d’envergure.
Des thématiques majeures y seront débattues. En rassemblant décideurs politiques, partenaires financiers et acteurs du numérique, le forum entend contribuer activement à la création d’un écosystème robuste, capable de porter l’Afrique vers une nouvelle ère de souveraineté et de compétitivité numérique.
Fondé en 2020 par Franck Kié, président de Ciberobs ; Make Africa Safe et Managing Partner de Ciberobs Consulting, le Cyber Africa Forum (CAF) est la plateforme d’influence et d’affaires des leaders et hauts dirigeants du secteur numérique en Afrique.
(Source APAnews, 30 avril 2025)