Couverture réseau : le Burkina Faso annonce le déploiement de 800 tours télécoms
lundi 26 mai 2025
En 2024, le gouvernement a annoncé son objectif de couvrir 1000 zones blanches en trois ans. En comparaison, 183 zones avaient été connectées en 2022.
Le gouvernement burkinabè compte déployer 800 tours télécoms en 2025 pour connecter les zones blanches, jusque-là dépourvues de toute couverture réseau. Cet investissement, révélé la semaine dernière, devrait contribuer à améliorer la couverture télécoms dans le pays et accélérer l’ambition d’une connectivité généralisée d’ici 2027.
Selon des précisions apportées par le ministère de la Transition digitale, lors d’une réunion avec des représentants du régulateur et des opérateurs télécoms, 250 sites seront déployés dans le cadre du Projet d’accélération de la transformation numérique (PACT DIGITAL). Les 550 autres seront financés par le Fonds pour l’accès et le service universels (FASU).
Cette initiative s’inscrit dans l’objectif annoncé par les autorités burkinabè en août 2024 : couvrir 1000 zones blanches en trois ans, sur les 1700 recensées à l’échelle nationale. En 2022, 183 zones blanches avaient déjà été connectées via le FASU, pour un coût total de 6,2 milliards de francs CFA (environ 10,7 millions de dollars).
Des chiffres officiels datant d’août 2024 montrent que le taux de couverture des services de téléphonie mobile (2G) est de 85 %, contre 64 % pour l’Internet 3G et 46 % pour l’Internet 4G. En matière d’utilisation, l’Union internationale des télécommunications estime que le taux de pénétration de l’Internet dans le pays était de 17 % en 2023. L’organisation ajoute que 55,9 % de la population possède un téléphone mobile. Cela donne une idée de la pénétration de la téléphonie mobile dans ce pays où le nombre de cartes SIM est d’environ 27,5 millions pour une population estimée à environ 23,4 millions selon les sources officielles.
Il convient toutefois de rappeler qu’à sept mois de la fin de l’année, il reste difficile de savoir si le projet a effectivement été lancé, ni à quel stade il se trouve. Dans son communiqué, le ministère de la Transition digitale a simplement indiqué que le dossier d’appel d’offres est « dans le circuit », sans préciser s’il concerne une partie ou l’ensemble du projet. À titre de comparaison, l’objectif affiché représente plus de quatre fois le nombre de zones blanches couvertes en 2022.
Cette ambition se confronte aux réalités du terrain, notamment aux défis sécuritaires susceptibles d’entraver le déploiement et le fonctionnement des infrastructures télécoms. En octobre 2024, Orange Burkina Faso rapportait que près de 15 % de ses sites étaient inaccessibles. Plus tôt dans l’année, Moov Africa avait alerté sur des actes de vandalisme dans des zones à risque. Selon une étude de l’Autorité de régulation des postes et des communications électroniques (ARCEP), le nombre de tours détruites par des groupes terroristes est passé de 11 en 2019 à 106 en 2022. Le nombre de sites hors service ou inaccessibles a également augmenté, passant de 632 en 2022 à 681 en août 2023. Cette situation aurait entraîné une réduction de 10 à 20 % du taux de couverture réseau, selon les autorités.
Enfin, la disponibilité du réseau ne garantit pas nécessairement l’adoption et l’utilisation effective des services. D’autres facteurs entrent en jeu, comme l’accès aux terminaux, le coût des offres, les compétences numériques, la perception de la valeur ajoutée des services, la qualité de l’expérience utilisateur, les préoccupations liées à la sécurité ou encore les normes sociales et culturelles.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 26 mai 2025)