Couverture internet mobile : l’Afrique subsaharienne a concentré 75 % de l’expansion mondiale en 2024
jeudi 11 septembre 2025
L’internet mobile poursuit sa progression en Afrique, offrant de nouvelles perspectives de développement économique et social. Cette dynamique témoigne d’un progrès significatif pour le continent, qui reste néanmoins la région présentant le déficit de couverture le plus élevé au monde.
En 2024, la couverture mobile s’est étendue à 40 millions de personnes supplémentaires dans le monde, dont 75 % en Afrique subsaharienne. C’est ce qu’indique le rapport annuel sur la connectivité mobile publié mardi 9 septembre par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA).
Intitulé « The State of Mobile Internet Connectivity 2025 », le rapport souligne que si une grande partie de la population réside désormais dans des zones couvertes par un réseau mobile à haut débit, près de 10 % des habitants restent totalement exclus, principalement en milieu rural. Cette fracture fait de l’Afrique subsaharienne la région la moins bien couverte au monde.
Usage limité malgré la couverture
Malgré ces avancées en termes d’infrastructures, l’utilisation effective de l’internet mobile reste faible. Seule une personne sur quatre (25 %) utilise l’internet mobile sur son propre appareil, le taux le plus bas au monde. Chez les adultes âgés de 18 ans et plus, ce chiffre atteint 42 %.
La région reste marquée par une dépendance persistante aux réseaux télécoms de générations anciennes. La 3G demeure dominante, et seul un pays, l’Afrique du Sud, prévoit de supprimer ses réseaux 2G et 3G. Une telle transition dépend de politiques de spectre favorables et de la capacité des opérateurs à accompagner les utilisateurs vers des appareils compatibles 4G ou 5G.
Coût élevé des données : un frein majeur
Le principal obstacle à l’adoption reste le coût élevé des données mobiles. Selon la Banque mondiale, les habitants d’Afrique subsaharienne paient en moyenne 2,4 % de leur revenu mensuel pour 1 Go de données, un taux supérieur au seuil de 2 % recommandé par les Nations Unies pour un accès abordable.
Cette situation est particulièrement préoccupante dans certains pays, comme le Burundi, où le coût cumulé des services de données et de téléphonie peut atteindre 53,1 % du revenu national brut par habitant. Le Tchad (38,6 %), la République démocratique du Congo (31 %) et le Zimbabwe (28,6 %) figurent également parmi les plus touchés selon l’Union internationale des télécommunications.
Disparités géographiques et sociales
Les inégalités géographiques et sociales constituent un autre frein majeur. Les adultes vivant en zones rurales sont 25 % moins susceptibles d’utiliser l’internet mobile que ceux des zones urbaines, et cet écart atteint 48 % en Afrique subsaharienne, l’un des plus élevés au monde. Les femmes restent 14 % moins susceptibles que les hommes de se connecter via mobile, une proportion quasi inchangée depuis 2023. Ces écarts limitent l’accès aux services numériques essentiels, freinent l’inclusion économique et empêchent de nombreux Africains de profiter pleinement des opportunités offertes par la transformation numérique.
Les bénéfices d’une connectivité mobile étendue
Selon la GSMA, l’augmentation de l’usage de l’internet mobile pourrait générer jusqu’à 795 milliards USD pour l’économie africaine d’ici à 2030. Une meilleure couverture et adoption du haut débit mobile pourrait profondément remodeler le paysage économique et social du continent : croissance du PIB, inclusion sociale, éducation numérique, e-santé et finance mobile. Pour l’Afrique, il s’agit d’un levier stratégique pour réduire les inégalités, renforcer la compétitivité et accélérer la transformation numérique, ouvrant la voie à une intégration pleine et entière dans l’économie mondiale.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 11 septembre 2025)