Coopération numérique : l’AES harmonise la gestion des fréquences
lundi 24 novembre 2025
De plus en plus de pays africains misent sur le numérique pour leur développement socio-économique dans les prochaines années. Pour atteindre leurs objectifs, ils s’appuient sur la coopération régionale et internationale, entre autres.
Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont signé, vendredi 21 novembre, un accord de coordination des fréquences radioélectriques aux frontières. Le texte instaure des mécanismes destinés à prévenir les interférences et les brouillages des communications dans une bande de 15 kilomètres de part et d’autre des frontières. Il constitue un nouveau volet de la coopération numérique croissante entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
« Ressource vitale pour les communications mobiles, la radiodiffusion, les services de sécurité et l’essor des technologies émergentes, le spectre nécessite une coordination rigoureuse pour éviter les interférences, améliorer la qualité des services et accompagner les transformations numériques en cours », a déclaré le ministère malien de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration dans un communiqué.
L’accord prévoit l’harmonisation des paramètres et des procédures de coordination des fréquences, la mise en place de mécanismes d’échange d’informations entre les régulateurs nationaux, l’organisation de réunions régulières pour résoudre les interférences éventuelles aux frontières, et un cadre modernisé pour soutenir le déploiement des nouvelles technologies et l’évolution du marché numérique.
Une coopération qui se renforce
L’accord a été signé en marge de la Semaine du numérique du Burkina Faso, à laquelle ont pris part les délégations officielles du Niger et du Mali. Le 18 novembre, les autorités de protection des données personnelles des trois pays (APDP) avaient déjà adopté une feuille de route commune pour renforcer leur souveraineté numérique, dans la continuité du Cadre de concertation des autorités de protection des données personnelles de l’espace AES (CC-APDP-AES), créé en avril 2025. La signature de ces textes intervient trois semaines environ après l’engagement officiel des trois pays à faire front commun face à la montée des menaces cybernétiques, « caractérisées notamment par des cyberattaques sophistiquées, la désinformation, l’escroquerie électronique et l’infiltration de systèmes critiques ».
En novembre 2024, lors de la Semaine du numérique du Burkina Faso, ils avaient déjà conclu une convention visant à supprimer les frais de roaming et annoncé l’élaboration d’une feuille de route commune pour les projets numériques et télécoms devant entrer en vigueur en 2025. Celle-ci porte notamment sur la régulation, la cybersécurité, l’interconnexion des réseaux, la formation aux TIC ou encore l’amélioration des infrastructures. Par ailleurs, les trois pays envisagent de se doter de satellites pour renforcer les services télécoms.
Ces efforts de coopération s’inscrivent dans un contexte continental où le numérique est perçu comme un accélérateur de développement socio-économique. Une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google estime que l’économie numérique africaine pourrait atteindre au moins 712 milliards $ en 2050, soit 8,5 % du PIB du continent.
La signature de ces différents accords soulève toutefois la question de leur mise en œuvre effective. Par exemple, le free roaming au sein de l’AES devait entrer en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2025, mais aucune communication officielle n’a, pour l’heure, confirmé son application.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 24 novembre 2025)
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