Congo : l’ARPCE réaffirme son autorité dans le suivi de la qualité de service des réseaux mobiles
jeudi 11 septembre 2025
Le 2 septembre 2025, l’Agence de Régulation des Postes et des Communications Électroniques (ARPCE) a tenu, dans la salle de conférence de son siège à Brazzaville, une réunion de restitution des résultats de la deuxième campagne d’évaluation de la qualité de service des réseaux mobiles, de l’année 2025. Le Régulateur a sommé les principaux opérateurs de téléphonie mobile du pays, entre autres de lui transmettre régulièrement les rapports de tests effectués, ainsi que des plans d’action précis relatifs à l’itinérance nationale.
Conduite du 22 juin au 5 juillet 2025, cette campagne a permis d’évaluer de manière rigoureuse la performance des réseaux mobiles dans plusieurs localités du pays, couvrant aussi bien l’up country sud, les localités de Boko, Kinkala, Mfouati, Loutété, Komono, Sibiti, Makabana, Mossendjo, Madingo-Kaye, Tchamba-Nzassi, Fouta) et l’up country nord, les localités de Lekana, Djambala, Boundji, Ewo, Okoyo, Makoua, Sembé, Okola, Enyélé, Bétou). Il sied de souligner que les résultats obtenus constituent un indicateur objectif de la qualité effective des services offerts aux abonnés, loin des seules déclarations commerciales.
L’analyse des données a mis en évidence une situation contrastée : des résultats préoccupants mais révélateurs. Si les services de données (browsing, streaming) présentent, dans la majorité des localités, un niveau jugé acceptable, les services de voix sur les réseaux 2G et 3G restent globalement critiques. Le constat le plus préoccupant demeure celui du département de la Likouala, où la qualité de l’internet demeure insuffisante tant en 3G qu’en 4G, traduisant la persistance de défaillances structurelles.
Le Directeur des Réseaux et Services de Communications Electroniques de l’ARPCE, M. Benjamin Mouandza, qui présidé la réunion, a également souligné « un manquement majeur » sur l’ensemble des sites déclarés itinérants par les opérateurs. En effet, « aucun ne propose, à ce jour, un service effectif d’itinérance nationale », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : « Cette carence, qui prive les usagers d’un droit élémentaire de continuité de service, appelle une réponse forte de la part du régulateur ».
Invités à réagir, les opérateurs ont tour à tour exposé leurs difficultés et présenté leurs engagements. L’opérateur MTN a reconnu la dégradation des indicateurs de performance en 2G et annoncé la mise en place prochaine d’un plan d’amélioration. De ce fait, il a mis en avant ses investissements consentis dans la 4G, avec le déploiement de 80 nouveaux sites en 2024, auxquels se sont ajouté 38 sites supplémentaires en juin et juillet 2025. Epinglant la singularité de la situation dans la Likouala, l’opérateur MTN a invoqué les contraintes d’accessibilité et le recours onéreux aux VSAT, plaidant, à l’occasion, pour une révision des redevances associées. Sur la question de l’itinérance, MTN s’est également engagé à adresser les dysfonctionnements constatés et à finaliser les dispositions techniques liées à la portabilité des numéros.
Pour le représentant de l’opérateur Airtel, les résultats de la campagne reflètent fidèlement les difficultés actuelles d’optimisation auxquels ils font face. L’opérateur a expliqué la saturation de son backbone FH reliant Brazzaville à Oyo, la fragilité des liaisons louées auprès de prestataires tiers, ainsi que les délais dans la réception des équipements destinés à la modernisation de ses 306 sites à travers le pays. Airtel a par ailleurs présenté des perspectives encourageantes, notamment le recours au câble 2Africa pour les sorties internationales et le projet One Web, déjà testé avec succès à dans la localité de Sembé (Sangha), qui ouvre la voie à une alternative satellitaire innovante.
L’ARPCE qui n’est pas restée indifférente face aux problèmes présentés par les opérateurs, s’est toutefois montrée ferme. Elle a réaffirmé son rôle d’autorité indépendante et impartiale, soucieuse avant tout de l’intérêt général et de la protection des consommateurs. A ce titre, elle a sommé les deux opérateurs de prendre des dispositions sur les différents axes des problèmes révélés.
En effet, sur l’exigence de transparence, les opérateurs devront transmettre régulièrement à l’ARPCE les rapports de tests effectués, ainsi que des plans d’action précis relatifs à l’itinérance nationale, à la portabilité et à l’optimisation des réseaux.
Pour ce qui est de l’encadrement technologique, l’Autorité de Régulation a rappelé que tout fournisseur, tel que One Web, doit obtenir une autorisation préalable avant d’opérer sur le segment spatial congolais.
Pour ce qui concerne le recours aux mesures coercitives, le Régulateur a brandi une mise en demeure aux opérateurs en cas de manquements persistants dans la mise en œuvre de l’itinérance nationale, avec obligation d’information de l’Autorité de Régulation de tout incident majeur affectant la continuité des réseaux.
« Ces décisions, fermes et claires, traduisent la volonté de l’ARPCE de ne tolérer aucun relâchement en matière de qualité de service et de continuité d’accès pour les usagers », a fait savoir M. Benjamin MOUANDZA.
Il sied de relever qu’à travers les campagnes test et les restitutions, l’ARPCE démontre sa capacité à conjuguer technicité et fermeté, écoute et exigence, tout en rappelant aux opérateurs leurs responsabilités sociales et économiques : assurer, sur l’ensemble du territoire, un service de qualité, accessible et fiable, qui constitue le socle du développement numérique du pays.
(Source : Agence Ecofin, 11 septembre 2025)