Codage : une opportunité économique majeure pour la jeunesse africaine
vendredi 4 juillet 2025
Face à la pénurie mondiale de talents tech, le codage s’impose comme une voie d’avenir pour la jeunesse africaine. Avec une population jeune et un marché numérique en plein essor, le continent peut miser sur la formation en programmation pour stimuler l’emploi et l’innovation locale.
Selon l’étude intitulée « Digital Skills in Sub-Saharan Africa : Spotlight on the Demand for Digital Skills in the Workforce » de la Société Financière Internationale (SFI) et du cabinet L.E.K Consulting, les compétences numériques pourraient générer environ 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, la région se positionne comme un vivier incontournable de talents dans le numérique. Dans ce contexte, le codage, compétence clé de l’économie numérique, s’impose comme un levier stratégique pour répondre à la demande croissante en profils technologiques.
Une compétence transversale, au cœur des métiers numériques
La programmation informatique est la base de la plupart des technologies actuelles. Elle permet de concevoir, développer et maintenir les logiciels, applications, sites web et systèmes automatisés indispensables dans presque tous les secteurs économiques. Le codage alimente ainsi une diversité de métiers d’avenir : développeurs web et mobile, ingénieurs en intelligence artificielle, spécialistes en cybersécurité, analystes de données ou encore designers UX/UI.
Selon Mordor Intelligence, le marché mondial du codage assisté par ordinateur (CAO) est estimé à 5,73 milliards de dollars en 2024 et pourrait atteindre 9,66 milliards de dollars d’ici 2029, avec un taux de croissance annuel de 11,02 %. Ce segment, utilisé notamment dans le secteur de la santé pour automatiser la traduction des données en langage machine, a connu une accélération marquée durant la pandémie de COVID-19, renforçant son utilité dans la gestion des flux d’information.
En Afrique, une opportunité de transformation structurelle
En Afrique, le codage représente bien plus qu’une simple compétence technique. Il s’agit d’un vecteur d’inclusion, de compétitivité et de souveraineté numérique. En formant massivement des jeunes aux métiers du code, les États africains peuvent répondre à la fois au défi du chômage des jeunes et à la pénurie mondiale de talents tech. Ces compétences ouvrent aussi l’accès au marché du travail globalisé, via les plateformes numériques ou le télétravail.
Plusieurs pays africains ont déjà amorcé cette transition en investissant dans des écoles de codage et des centres de formation innovants. En Côte d’Ivoire, des programmes ont vu le jour à Abidjan dès 2018. D’autres pays comme le Nigeria et l’Afrique du Sud multiplient également les initiatives en matière de formation au codage, en s’appuyant sur des incubateurs, des partenariats internationaux et des écoles spécialisées comme Decagon, Andela ou WeThinkCode. Le Nigeria, avec son écosystème de start-up en pleine effervescence, forme chaque année des milliers de développeurs orientés vers les besoins du marché local et international.
Des initiatives privées comme le réseau 42, qui s’est implanté à Antananarivo, Luanda et bientôt Dakar, illustrent également le potentiel de ces structures alternatives pour démocratiser l’accès à une éducation technique de qualité, souvent gratuite et sans condition de diplôme.
Des défis persistants pour une montée en échelle
Malgré ces avancées, le développement de l’enseignement du code reste encore limité à certaines capitales ou grandes villes. De vastes zones rurales ou périurbaines souffrent d’un accès insuffisant à l’internet haut débit, d’un manque de formateurs qualifiés et de ressources pédagogiques en langue locale. L’intégration du codage dans les programmes scolaires reste marginale, et le coût des équipements numériques constitue une barrière non négligeable.
Pour relever ces défis, les États africains devront investir dans des infrastructures numériques inclusives, revoir leurs curriculums nationaux pour y intégrer pleinement les compétences en codage, et encourager les partenariats public-privé. Certains pays donnent déjà l’exemple. En avril dernier, le Ghana a lancé le programme « One Million Coders », qui ambitionne de former un million de jeunes d’ici 2030. L’Éthiopie s’est engagée dans la même voie avec un programme lancé en 2024, visant à initier cinq millions de jeunes au codage d’ici trois ans.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 4 juillet 2025)