Cloud hybride et souveraineté : le Maroc annonce un nouveau datacenter de 500 MW
vendredi 11 juillet 2025
Le gouvernement marocain ambitionne de faire du numérique l’un des piliers du développement socio-économique à l’horizon 2030. L’exécutif investit dans l’infrastructure numérique à cet effet.
Le royaume du Maroc envisage de construire un centre de données de 500 mégawatts alimenté par des énergies renouvelables. L’initiative, annoncée par la ministre de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, dans un entretien à Reuters, vise à renforcer le cloud national. Elle vient après une première installation lancée à l’Université Mohammed VI Polytechnique, qui propose depuis janvier des services d’hébergement aux structures publiques et privées.
« À travers ce réseau de centres de données, le royaume affirme non seulement sa souveraineté numérique, mais aussi son ambition de devenir un hub numérique régional au service de l’Afrique », a déclaré la ministre, citée par Reuters dans un article publié le mercredi 9 juillet.
Dans le cadre de sa feuille de route « Digital Morocco 2030 », le Maroc ambitionne de développer une offre nationale de services cloud hybride, combinant cloud souverain et cloud public, pour répondre aux besoins croissants des secteurs public et privé. L’objectif est à la fois de garantir que les données sensibles marocaines restent stockées sur le territoire national, sous juridiction marocaine, et de préparer la transition vers des solutions numériques de plus en plus basées exclusivement sur le cloud.
Dans une étude publiée en 2022, la Banque mondiale recommandait aux gouvernements de prioriser l’adoption des services cloud pour accélérer leur transformation numérique et profiter pleinement des opportunités de l’économie numérique mondiale. Selon l’institution, ces technologies permettent de réduire les coûts, d’augmenter rapidement la capacité des systèmes, d’améliorer la cybersécurité et de traiter de grandes quantités de données grâce à l’intelligence artificielle. Elle estime que les solutions hybrides, combinant cloud public et cloud privé, offrent de grands avantages pour les États, les citoyens et le secteur privé.
La Banque mondiale cite l’exemple du Rwanda, où, pendant la pandémie de Covid-19, un système de tri médical assisté par intelligence artificielle, connecté au cloud, a permis de faire face à une pénurie de personnel soignant. Elle met aussi en avant le cas de Singapour, qui a mis en place un cloud privé gouvernemental appelé « G-cloud » pour répondre aux exigences de sécurité. Ce système permet de combiner cloud public et privé, et chaque ministère peut choisir la solution qui lui convient.
Le réseau cloud du Maroc reste en phase de structuration. Si l’on sait que le nouveau centre de données sera implanté à Dakhla, au Sahara occidental, plusieurs incertitudes subsistent concernant le coût du projet, les partenaires impliqués dans sa construction, le calendrier de réalisation ainsi que ses capacités réelles.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 11 juillet 2025)