Ce que le numérique peut apporter à la formation professionnelle en Guinée
jeudi 5 juin 2025
Le gouvernement guinéen a fait de la transformation numérique l’un des piliers du développement socio-économique du pays au cours des prochaines années. Cette transformation concerne tous les secteurs, y compris l’éducation.
La Guinée est actuellement en train d’élaborer une stratégie de transformation digitale de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP) à l’échelle nationale. Cette initiative pourrait permettre de renforcer l’efficacité, la pertinence et l’accessibilité de l’offre de formation dans ce domaine.
L’élaboration de la stratégie a débuté en avril dernier. Le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique est revenu dessus dans son « Bulletin numérique mensuel – Avril 2025 », publié le mardi 3 juin. « L’initiative vise à créer un écosystème favorable à la transformation numérique de l’enseignement technique et professionnel, en dotant le pays de compétences adaptées aux exigences de l’ère numérique, avec une projection stratégique à l’horizon 2030 », a déclaré le ministère.
Les détails spécifiques restent à préciser. Toutefois, Aminata Kaba, ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, avait mis en avant deux innovations. Il s’agit de « Parcours Pro Guinée », une plateforme dédiée à l’orientation et à la professionnalisation des apprenants, et de « E-LEARN », une solution d’apprentissage numérique à distance, pensée pour renforcer l’accessibilité et la qualité de la formation.
Le Centre désigné de l’UNESCO pour l’EFTP (UNEVOC) classe l’impact de la transformation numérique sur l’ETFP en trois catégories. Premièrement, les méthodes d’enseignement et d’apprentissage évoluent grâce aux outils numériques qui permettent de diversifier les formats (présentiel, distanciel, hybride), d’adapter les contenus aux besoins des apprenants et de rendre les formations plus interactives. Deuxièmement, la gestion des établissements s’améliore par l’utilisation du numérique dans l’administration, la gestion des inscriptions, le suivi des parcours et la coordination des formations, rendant l’offre plus souple et efficace. Troisièmement, le rôle des centres de formation dans leur écosystème s’élargit avec la création de partenariats numériques, l’installation de fab-labs ou de plateformes collaboratives, qui renforcent les liens avec les entreprises, les collectivités et les porteurs de projets.
Par ailleurs, « les apprenants, jeunes comme adultes, doivent être dotés des compétences numériques nécessaires pour les emplois nouveaux et anciens, mais aussi pour devenir des citoyens compétents, capables, instruits et intelligents dans un monde numérique », selon l’UNEVOC. Cela s’avère nécessaire en Guinée, alors que la Banque mondiale estime qu’environ 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030.
Pour le moment, le processus d’élaboration de la stratégie n’est pas encore achevé, et aucun calendrier précis de finalisation n’a été communiqué. Une fois adoptée, sa mise en œuvre constituera une étape cruciale. Celle-ci exigera non seulement la mobilisation de ressources financières, mais aussi le renforcement des compétences numériques des enseignants et des équipes dirigeantes. Elle impliquera également la disponibilité d’équipements adéquats et un accès fiable à Internet dans les établissements de formation.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 5 juin 2025)