Cameroun : plus de 45 millions USD investis dans la fibre, mais un impact encore invisible
mercredi 17 septembre 2025
La qualité des services télécoms reste une préoccupation majeure au Cameroun. Pour y remédier, le régulateur engage régulièrement des discussions avec l’ensemble des parties prenantes du secteur.
Au Cameroun, entre 25 et 30 milliards FCFA (45,2 à 54,2 millions de dollars) ont été investis dans la fibre optique, selon l’Agence de régulation des télécommunications (ART). Pourtant, le régulateur estime que cette infrastructure reste largement sous-exploitée, alors même que les consommateurs continuent de se plaindre d’une qualité de service en déclin sur l’ensemble du territoire, avec des appels interrompus, une navigation instable et des débits en baisse.
Le sujet a été abordé lors d’une réunion tenue le mardi 16 septembre entre l’ART et les opérateurs de téléphonie mobile MTN et Orange. Le directeur général de l’ART, Philémon Zoo Zame, a insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les acteurs, dans une logique de mutualisation et d’efficacité économique. Les opérateurs ont, de leur côté, plaidé pour des conditions tarifaires plus favorables, afin de rendre l’accès à la fibre économiquement plus soutenable pour leurs réseaux.
Pour les opérateurs mobiles camerounais, la fibre n’est pas un service commercial direct mais une infrastructure cruciale pour le backhaul, c’est-à-dire l’acheminement du trafic entre les antennes de téléphonie mobile et les nœuds centraux de leurs réseaux. En réalité, ils n’ont pas l’autorisation d’exploiter eux-mêmes la fibre jusqu’à l’abonné, ce qui les rend entièrement dépendants de Camtel, l’opérateur historique qui détient le monopole du déploiement et de l’exploitation de la fibre optique. La société publique fournit aux opérateurs la capacité internationale via un réseau national de 15 812 km.
Cependant, Camtel est confrontée à des difficultés financières persistantes. En 2022, le ministère des Finances révélait que l’opérateur manquait de ressources pour financer ses investissements et accumulait une dette de 600 milliards FCFA. Ces contraintes limitent sa capacité à développer pleinement le réseau, à assurer sa maintenance et à répondre rapidement aux besoins croissants des opérateurs.
L’accès à la fibre optique brute ne garantit pas automatiquement une amélioration de la qualité de service. Dans un communiqué publié en février 2025, Camtel reprochait à Orange Cameroun de se limiter à l’usage de la fibre noire, sans exploiter les solutions alternatives comme les capacités managées, qui offrent une redondance automatique en cas de panne ou de coupure. Selon l’opérateur historique, l’adoption de ces solutions pourrait sécuriser la continuité des services et réduire les interruptions pour les abonnés. D’autres défis cités par les opérateurs télécoms comprennent l’approvisionnement des sites télécoms en énergie électrique et l’insécurité dans certaines zones.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 17 septembre 2025)