AWS mise sur le marché en croissance rapide du cloud en Afrique
mercredi 30 avril 2025
Face à une demande croissante de services numériques, Amazon Web Services (AWS) intensifie sa présence en Afrique, avec l’ambition de conquérir un marché désormais stratégique.
Amazon Web Services (AWS) a conclu la semaine passée un accord avec le groupe Sonatel pour lancer une infrastructure cloud avec latence ultra-faible au Sénégal. C’est le dernier développement en date de l’expansion sur le continent africain de la firme américaine qui a ouvert sa première région de centres de données à Cape Town, en Afrique du Sud, en 2020.
L’expansion africaine d’une filiale du géant Amazon
AWS est la filiale du groupe Amazon. Spécialisée dans les services de cloud computing à la demande, elle était présente dans trois pays africains, auxquels s’ajoute maintenant le Sénégal. Avant le pays ouest-africain, AWS avait ouvert un centre de développement à Nairobi, au Kenya, en octobre 2023 destiné à concevoir des solutions cloud pour ses clients africains et mondiaux. Plus tôt en 2023, c’est à Lagos, au Nigeria que la filiale d’Amazon a inauguré une infrastructure dans le but de réduire le délai de transmission des données pour les utilisateurs nigérians d’environ 20 % en moyenne.
Mais c’est en Afrique du Sud que se situe le cœur de ses activités sur le continent. AWS y propose toute sa gamme de services cloud (calcul, stockage, bases de données, IA, etc.). Le groupe a aussi un centre d’assistance client et un centre de développement toujours à Cape Town. Les entreprises locales peuvent y héberger leurs données et applications sur des serveurs situés sur le continent, tout en respectant les exigences de souveraineté des données.
La prochaine étape africaine pour la firme est le Maroc. En effet, dans un communiqué publié en mai 2024, AWS a annoncé son intention de lancer une infrastructure cloud dans le royaume chérifien en partenariat avec Orange Middle East and Africa (OMEA) comme au Sénégal. Depuis l’annonce de son lancement sur le continent africain en 2018, AWS a investi 15,6 milliards de rands (841,7 millions $) en Afrique du Sud et s’est engagé en 2023 à y investir 30,4 milliards de rands supplémentaires d’ici 2029. Cependant, la construction d’une nouvelle région cloud sur le continent n’a pas été évoquée.
Pourquoi l’Afrique ?
Cette dynamique d’expansion s’inscrit dans la stratégie plus large du groupe Amazon de renforcer AWS comme un des moteurs de sa croissance. En 2024, Amazon a réalisé un chiffre d’affaires global de 638 milliards USD, dont 107,6 milliards proviennent d’AWS, soit environ 17 % de ses revenus totaux. Cette part est d’autant plus importante que le segment cloud d’Amazon a connu une croissance de 19 % sur un an, dépassant la progression générale du groupe (+11 %).
Par ailleurs, le choix de l’Afrique peut s’expliquer par la demande croissante en services cloud dans un contexte marqué par l’accélération de la transformation numérique sur le continent. De plus en plus d’entreprises et d’administrations publiques africaines se numérisent, l’écosystème start-up est en pleine croissance et il est « inconcevable » pour une entreprise de l’envergure d’AWS de rester en marge de cette transformation numérique.
D’après les informations fournies par Statista, le marché du Cloud public en Afrique devrait générer un chiffre d’affaires de 12,56 milliards USD en 2025, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 19,32 % entre 2025 et 2029, pour atteindre 25,46 milliards USD d’ici 2029. Le rapport « Africa Cloud Computing Market » de 6Wresearch, un cabinet indien de conseil et d’information sur les marchés, avance des chiffres plus significatifs. Il estime que le marché africain du cloud devrait passer d’environ 20 milliards $ en 2025 à environ 45 milliards $ d’ici 2031, enregistrant un TCAC de 16,4 % au cours de cette période.
Se positionner face à la concurrence
Outre AWS, d’autres grandes entreprises mondiales du cloud comme Microsoft Azure, Google Cloud et Oracle intensifient également leurs investissements en Afrique pour répondre à la demande croissante en services numériques.
Microsoft a ouvert deux régions cloud en Afrique du Sud dès 2019, tandis que Google Cloud a inauguré en 2022 sa première région africaine à Johannesburg, toujours dans la nation arc-en-ciel. Outre les concurrents d’envergure internationale, les entreprises africaines telles que Africa Data Centres, Liquid Intelligent Technologies ou encore Rack Centre se frayent un chemin sur ce segment.
Cette compétition profite directement aux écosystèmes locaux, en augmentant l’offre de services numériques et en tirant vers le haut les standards d’innovation. La disponibilité locale des infrastructures cloud sur le continent ouvre la voie au développement de secteurs comme l’intelligence artificielle, l’analyse de données à grande échelle, ou encore l’Internet des objets (IoT), dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la santé ou encore la finance.
Adoni Conrad Quenum
(Source : Agence Ecofin, 30 avril 2025)