Pour comprendre pleinement les dynamiques de la désinformation, il faut d’abord distinguer les différentes formes qu’elle peut prendre, souvent appelées Fake News ou Infox. Dans ce numéro, nous poursuivons notre démarche pour vous aider à vous familiariser avec les notions qui composent cet écosystème. L’information fiable est celle qui est vérifiée, issue de sources crédibles et recoupées. Elle s’oppose aux Fake News, ces fausses informations présentées comme vraies et qui séduisent par des titres accrocheurs. Dans le monde francophone, on parle aussi d’infox, un terme né de la contraction d’« information » et d’« intoxication ».
Ces infox se répandent massivement sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Un simple exemple suffit : la rumeur d’un événement local, sans fondement, qui circule sur WhatsApp et affole tout un quartier. La rumeur est sans doute la forme la plus ancienne et la plus persistante de la désinformation. Elle naît d’une information non vérifiée, se transmet de génération en génération, de bouche à oreille et aujourd’hui de téléphone en téléphone. À côté, il existe le canular, ou hoax, qui repose sur la fabrication pure et simple d’une fausse nouvelle, créée pour tromper ou amuser, et qui se propage rapidement sur Internet. La satire et la parodie constituent un autre visage de la désinformation. Créées à l’origine pour faire rire ou critiquer avec humour, elles peuvent être mal interprétées et partagées comme si elles étaient vraies. On se souvient de ces articles parodiques tournant en dérision des personnalités politiques et repris au premier degré par de nombreux internautes.
Le faux contexte est encore plus subtil. Il s’agit d’informations vraies mais placées dans un cadre trompeur, ce qui change complètement leur sens. Une photo ancienne utilisée pour illustrer un événement récent peut induire en erreur et créer de fausses perceptions. Certaines formes de désinformation vont plus loin encore, comme les théories du complot. Elles proposent des récits complexes qui attribuent les événements à des plans secrets et occultes. Au Sénégal, elles se sont souvent manifestées autour des campagnes de vaccination, des élections ou encore lors de catastrophes naturelles. Elles alimentent la méfiance, sèment le doute et freinent les décisions collectives. La manipulation de contenu illustre aussi la créativité des faussaires.
C’est le cas des images modifiées, des vidéos montées ou des citations inventées, toutes utilisées pour tromper. Ces manipulations nourrissent des tensions sociales et provoquent des polémiques, surtout lorsqu’elles concernent des manifestations ou des figures politiques. La désinformation n’a donc pas un seul visage. Elle s’habille de rumeurs, de faux contextes, de complots ou d’images manipulées. Elle s’appuie sur l’espace, sur le temps et sur nos propres perceptions pour mieux s’ancrer dans nos vies quotidiennes. Comprendre ses multiples formes est une étape essentielle pour apprendre à s’en protéger.
Diery DIagne
(Source : Le Soleil, 1 er septembre 2025)