Analyse de l’exécution budgétaire du Sénégal au premier trimestre 2025
mercredi 25 juin 2025
La Loi de Finances Initiale (LFI) 2025 du Sénégal a été adoptée avec des objectifs ambitieux, fixant les recettes à 4 794,60 milliards FCFA et les dépenses à 6 395,07 milliards FCFA, soit un déficit budgétaire anticipé de 1 600,47 milliards FCFA. Au terme du premier trimestre, les recettes mobilisées atteignent 1 027,82 milliards FCFA (21,44 % des prévisions), tandis que les dépenses exécutées s’élèvent à 1 419,45 milliards FCFA (22,14 %). Bien que les recettes fiscales soient relativement performantes (22,03 %), les ressources extérieures, notamment les dons (3,27 %), accusent un retard préoccupant. Cette faiblesse pèse sur la capacité d’exécution des dépenses en capital, essentielles pour le développement économique.
L’analyse met en lumière plusieurs fragilités structurelles. Les investissements exécutés par l’État sur ressources internes sont quasi inexistants (0,86 % d’exécution), freinés par la lenteur des procédures de passation de marchés. De plus, certaines fonctions vitales telles que la santé, la protection sociale ou le logement enregistrent des taux d’exécution inférieurs à 10 %, compromettant les efforts de réduction des inégalités. En parallèle, les charges de la dette (225,24 milliards FCFA) et les dépenses de personnel (357,07 milliards FCFA) continuent de consommer une part importante du budget, réduisant la marge pour les investissements structurants. Ce déséquilibre, combiné à une dépendance marquée vis-à-vis des recettes fiscales, accentue le risque de creusement du déficit et fragilise la soutenabilité budgétaire.
Pour améliorer l’efficacité de l’action budgétaire, il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre des projets publics dès le premier trimestre, tout en renforçant la mobilisation des financements intérieurs. La digitalisation complète du ministère des Finances est indispensable pour une meilleure coordination et supervision, notamment à travers la création d’une plateforme SupTech et d’une cartographie numérique de la dette publique consolidée. En complément, la création d’une banque digitale nationale dédiée à la collecte de l’épargne intérieure, inspirée des modèles d’Orange Money ou de Wave, permettrait de capter les ressources financières des populations non bancarisées. Cette banque numérique favoriserait une inclusion financière accrue et offrirait une nouvelle source de financement endogène pour les investissements publics et sociaux.
Dr Seydou Bocoum
(Source : Groupe WhatsApp du RASA, 25 juin 2025)