Alger décline ses ambitions face aux limites du numérique
dimanche 7 décembre 2025
La 4ᵉ édition de la Conférence africaine des start-up, organisée à Alger, a mis en avant l’ambition du gouvernement algérien de faire de ce rendez-vous un moteur de l’innovation continentale. Mais derrière les annonces officielles, de nombreux observateurs soulignent que les défis structurants du secteur technologique en Afrique demeurent largement irrésolus.
Durant l’ouverture de la Conférence africaine des startups à Alger, un discours du président Abdelmadjid Tebboune, lu en son nom par le Premier ministre, a insisté sur « l’émergence de champions africains » et sur le potentiel de la jeunesse du continent. Le chef de l’État a présenté la Conférence comme un acte fédérateur capable de corriger des années d’efforts dispersés dans le domaine de l’économie du savoir. Longtemps, les pays africains ont tenté indépendamment de s’inscrire dans la révolution numérique, souvent sans infrastructures adaptées, ni financements suffisants, ni ressources scientifiques consolidées.
Selon les autorités algériennes, les éditions successives de la Conférence ont révélé « une énergie et des compétences comparables aux standards internationaux ».
L’Algérie avance le chiffre de 13 000 start-up enregistrées, et ambitionne d’en atteindre 20 000 d’ici 2029, soutenues par un cadre juridique présenté comme « souple et numérisé » et par des dispositifs fiscaux destinés à encourager la croissance. Les autorités assurent également que ces entreprises sont reliées aux universités, aux centres de recherche et aux acteurs économiques.
Cependant, de nombreux participants rappellent que les écarts restent importants entre les ambitions affichées et les obstacles réels rencontrés par les écosystèmes technologiques africains. La vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, Selma Malika Haddadi, a déclaré que « le talent sans capital reste dormant, et l’ambition sans infrastructures conduit à la frustration », soulignant que l’Afrique, malgré plus de 600 hubs technologiques et 6 milliards de dollars d’investissements récents, reçoit encore moins de 2 % du capital-risque mondial.
L’Algérie met en avant son initiative d’élargir son fonds national des start-up à l’ensemble des innovateurs africains, en complément du Fonds africain qui affirme avoir mobilisé un milliard de dollars. Mais plusieurs intervenants notent que le déficit de financement, la fragmentation des marchés et la faiblesse des infrastructures de connectivité demeurent des freins majeurs à la constitution d’un marché technologique africain unifié.
Avec plus de 40 délégations ministérielles, 200 investisseurs et 150 innovateurs présents, la rencontre ambitionne de positionner Alger comme un centre d’impulsion du numérique continental. Néanmoins, pour de nombreux acteurs, la concrétisation de ces objectifs dépendra de réformes durables, de la création de réseaux d’innovation transnationaux et d’un environnement plus attractif pour les investisseurs internationaux.
(Source : APAnews, 7 décembre 2025)
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