Afrique du Sud : Telkom explore les satellites LEO pour combler la fracture numérique rurale
mercredi 19 novembre 2025
De plus en plus d’opérateurs africains optent pour la technologie satellitaire pour soutenir la couverture de leurs réseaux sur un continent où la fracture numérique reste marquée. Selon l’UIT, le taux de pénétration de l’Internet en Afrique est de 35,7 % en 2025.
La société de télécommunications sud-africaine Telkom a révélé, mardi 18 novembre, qu’elle explore des partenariats avec des opérateurs de satellites en orbite basse (LEO) afin d’étendre la connectivité dans les zones rurales et de soutenir les services d’urgence. L’initiative s’inscrit dans une dynamique déjà observée sur le marché télécoms, avec des acteurs comme Vodacom et MTN.
« Nous avions déjà conclu des partenariats avec ces fournisseurs et nous continuerons à les entretenir et à les renouveler », a déclaré Serame Taukobong, PDG du groupe. Il a ajouté que ces collaborations viennent compléter le réseau de fibre optique de Telkom dans les zones mal desservies par les infrastructures traditionnelles.
Le 12 novembre, Vodacom annonçait un partenariat avec la société américaine Starlink pour étendre la couverture de son réseau dans les zones rurales. Selon l’entreprise, cette technologie permettrait de combler la fracture numérique dans les zones où les infrastructures classiques sont difficiles à déployer. Sa maison mère, Vodafone, avait déjà signé en septembre 2023 un accord avec Project Kuiper (désormais Amazon Leo), l’initiative satellitaire d’Amazon, pour étendre la couverture 4G/5G en Europe et en Afrique.
En décembre 2023, MTN Group avait révélé qu’il explorait des partenariats avec plusieurs sociétés de satellites LEO, dont Lynk Global, AST SpaceMobile, Starlink, Eutelsat OneWeb et Omnispace. Deux approches sont testées : la première consiste à réceptionner les signaux satellites sur les sites télécoms avant redistribution ; la seconde, dite « Direct to Device (D2D) », permet de connecter directement les appareils mobiles aux satellites. En mars 2025, MTN a d’ailleurs testé avec succès un appel téléphonique via le réseau satellitaire de Lynk Global en Afrique du Sud.
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte où les opérateurs sud-africains multiplient les programmes de couverture des zones rurales. En avril 2023, Vodacom avait annoncé un plan d’investissement de 60 milliards de rands (environ 3,5 milliards USD) sur cinq ans, avec pour priorité l’amélioration de la couverture dans ces zones.
L’intérêt croissant pour ces territoires s’explique par leur fort potentiel de croissance : ils abritent des milliers de clients encore non connectés, alors que la concurrence s’intensifie dans les centres urbains saturés. Longtemps délaissées pour leur faible rentabilité, ces zones posent aussi des défis techniques. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie, elles sont souvent peu peuplées et marquées par un relief difficile, ce qui augmente considérablement les coûts d’investissement.
Pour rappel, Telkom comptait 24,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile fin septembre, dont 18,5 millions d’abonnés Internet, pour un chiffre d’affaires de 22,1 milliards de rands au premier semestre de l’exercice 2025–2026. MTN affichait 40,1 millions d’abonnés, dont 22 millions connectés à Internet. Vodacom en comptait 46,1 millions, dont 26,9 millions d’utilisateurs Internet. Le reste du marché est partagé entre Rain, Cell C et d’autres petits opérateurs.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 19 novembre 2025)
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