OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2017 > L’offense au chef de l’Etat n’a pas de place dans une démocratie

L’offense au chef de l’Etat n’a pas de place dans une démocratie

jeudi 10 août 2017

Point de vue

Affaire Amy Colé Dieng : M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, VOUS PERMETTEZ ? Que n’a-t-on dit et écrit sur Barack Obama : il a été traité publiquement de « menteur », de « parjure », de « batard », d’avoir menti au sujet de la mort de Ben Laden.

« L’offense au Chef de l’Etat » est une disposition désuète qui aurait dû être effacée du code pénal sénégalais dés lors que la liberté d’expression est non seulement proclamée par la Constitution mais que le législateur prétend fonder dans les faits une société véritablement démocratique.

Comme cela a été le cas avec la Constitution de 2001.

Comme vous le savez, dans l’esprit du législateur français qui l’établissait en 1881, la filiation est directe entre cette disposition et celle relative au « crime de lèse majesté » de l’Ancien Régime.

Et vous n’êtes pas sans savoir que si au début de la Vème République, son usage était courant, on dit que De Gaulle y a eu recours 500 fois, aucun de ses successeurs n’y a eu recours jusqu’à….Nicolas Sarkozy en 2008.

Le délit d’offense au Président de la République avait alors été retenu contre un homme qui avait brandi face au Président Sarkozy une affiche avec l’inscription « Casse toi pov’con » et le condamnait à une amende de 45 000 Euros.

La Cour Européenne des droits de l’Homme revint sur cette décision estimant que l’affiche en cause relevait plutôt de l’« impertinence satirique », constituait « une critique de nature politique » et que la condamnation relevait donc de « l’atteinte à la liberté d’expression »

Dés le 19 Novembre 2008, une proposition de loi pour l’abrogation du délit d’offense au Président de la République « transposition dans le droit républicain du crime de lèse-majesté de l’ancien régime » est déposée par un certain sénateur Jean Luc Mélenchon.

Finalement le 15 mai 2013, les députés français adoptent à l’unanimité des membres de la commission des lois un amendement abrogeant « le délit d’offense au Président de la République ».

Ils publient dans l’exposé des motifs ce court texte sur lequel je voudrais, Monsieur le Président de la République attirer votre attention.

« Si le président de la République mérite évidemment le respect de ses concitoyens, une telle disposition dérogatoire au droit commun n’apparait plus justifiée dans une démocratie moderne. »

Je voudrais également attirer votre attention Monsieur le Président de la République sur le fait que dans la tradition anglo saxonne, la liberté d’expression a depuis le 18eme siècle été si hégémonique, qu’il n’y a jamais eu place dans les législations pour une quelconque « offense au chef de l’Etat ».

Si la Common Law britannique inclut des dispositions dites « libel laws », « lois contre la diffamation », elles visent « l’offense » à autrui (il ne s’agit pas particulièrement du Chef de l’Etat), et concernent généralement les médias.

Et pour que la Common Law reconnaisse le délit d’offense ou de diffamation, il faut non seulement que la fausseté de ce qui a été dit (ou écrit) soit vérifiée mais qu’en plus l’intention malfaisante (malice, en anglais) soit établie.

C’est dans cet esprit que les Lois sur l’Information (Freedom of Information Act) des Etats Unis et des autres pays anglo saxons opère.

Que n’a-t-on dit et écrit sur Barack Obama : il a été traité publiquement de « menteur », de « parjure », de « batard », d’avoir menti au sujet de la mort de Ben Laden …

Sans bien entendu qu’il ne réagisse, si ce n’est que par l’humour.

Mon propos, Monsieur le Président de la République, est d’indiquer que « l’offense au chef de l’Etat » limite la liberté d’expression et de ce fait ne devrait pas sévir dans une démocratie moderne.

Il constitue également un instrument trop commode et facile de combattre l’opposition politique.

De ce fait il entrave et dévoie le pluralisme politique.

Il faut reconnaitre que dans notre pays, depuis votre accession à la magistrature suprême en 2012, il a servi à poursuivre et à emprisonner plusieurs de vos opposants.

Il sert à présent, dans le cas Amy Collé Dieng, à brimer la fougue d’une jeunesse, certes insolente, qui cherche de manière confuse, à prendre la parole sur la place publique pour participer aux affaires de la Cité.

Il n’est pas vrai par ailleurs que l’avènement de l’Internet et des médias sociaux justifie le recours à une telle loi.

En réalité les défis que les nouveaux médias posent sont relatifs notamment à la protection de la vie privée, des citoyens et non du seul Président de la République, la sécurité des données et des biens, la protection de la propriété, la défense nationale contre le hacking, la lutte contre la pornographie et les trafics en tous genre qui ont cours dans le Deep Web (l’Internet Caché).

C’est vrai qu’Il y’a toutes sortes de photos montages, de vidéos et de textes insultants à votre égard sur la Toile.

Sachez Monsieur le Président qu’il y en aura toujours et de plus en plus.

Les condamnations à la prison et les amendes n’y feront rien.

Considérez qu’il en circule 1000 fois plus encore chaque jour sur Macron, Markel ou Trump.

Je sais que nombre de vos conseillers en accord avec beaucoup de Sénégalais vous inciteront certainement à maintenir cette loi et à continuer à ne pas tolérer le moindre dénigrement et encore moins une insulte.

C’est que Le Sénégal est un pays en réalité féodal, de par ses structures sociales comme de par sa culture.

Le Buur doit être craint et respecté par le Badolo, pense t-on

Pourtant votre deuxième mandat dépendra non pas de votre aura de Buur tout puissant et de la crainte que vous inspirez mais du jugement des citoyens sur ce que vous aurez fait pour améliorer leurs vies et de ce qu’ils peuvent attendre de vous dans les années à venir.

Or votre Plan Sénégal Emergent dont le but est de propulser enfin ce pays dans la « modernité » ne peut se réaliser qu’avec une nouvelle culture, une culture démocratique qui ne placera pas le Président de la République sur un piédestal. Et qui libérera la parole du badolo

C’est pourquoi, Monsieur le Président, je vous conjure de supprimer cette loi.

Vous rehausserez en fait l’institution présidentielle, renforcerez la démocratie et contribuerez à la modernité de notre pays.

Alymana Bathily, éditorialiste Seneplus

(Source : SenePlus, 10 août 2017)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4389/5288 Régulation des télécoms
  • 350/5288 Télécentres/Cybercentres
  • 3877/5288 Economie numérique
  • 1892/5288 Politique nationale
  • 5288/5288 Fintech
  • 516/5288 Noms de domaine
  • 1750/5288 Produits et services
  • 1454/5288 Faits divers/Contentieux
  • 736/5288 Nouveau site web
  • 4956/5288 Infrastructures
  • 1657/5288 TIC pour l’éducation
  • 189/5288 Recherche
  • 242/5288 Projet
  • 3441/5288 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1797/5288 Sonatel/Orange
  • 1639/5288 Licences de télécommunications
  • 281/5288 Sudatel/Expresso
  • 1125/5288 Régulation des médias
  • 1419/5288 Applications
  • 1225/5288 Mouvements sociaux
  • 1681/5288 Données personnelles
  • 126/5288 Big Data/Données ouvertes
  • 659/5288 Mouvement consumériste
  • 361/5288 Médias
  • 647/5288 Appels internationaux entrants
  • 1707/5288 Formation
  • 97/5288 Logiciel libre
  • 2046/5288 Politiques africaines
  • 1109/5288 Fiscalité
  • 167/5288 Art et culture
  • 582/5288 Genre
  • 1657/5288 Point de vue
  • 1123/5288 Commerce électronique
  • 1458/5288 Manifestation
  • 318/5288 Presse en ligne
  • 124/5288 Piratage
  • 208/5288 Téléservices
  • 878/5288 Biométrie/Identité numérique
  • 305/5288 Environnement/Santé
  • 459/5288 Législation/Réglementation
  • 413/5288 Gouvernance
  • 1805/5288 Portrait/Entretien
  • 146/5288 Radio
  • 795/5288 TIC pour la santé
  • 300/5288 Propriété intellectuelle
  • 62/5288 Langues/Localisation
  • 1044/5288 Médias/Réseaux sociaux
  • 1994/5288 Téléphonie
  • 190/5288 Désengagement de l’Etat
  • 1180/5288 Internet
  • 115/5288 Collectivités locales
  • 395/5288 Dédouanement électronique
  • 1084/5288 Usages et comportements
  • 1038/5288 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 555/5288 Audiovisuel
  • 3391/5288 Transformation digitale
  • 384/5288 Affaire Global Voice
  • 152/5288 Géomatique/Géolocalisation
  • 315/5288 Service universel
  • 661/5288 Sentel/Tigo
  • 177/5288 Vie politique
  • 1637/5288 Distinction/Nomination
  • 34/5288 Handicapés
  • 684/5288 Enseignement à distance
  • 681/5288 Contenus numériques
  • 587/5288 Gestion de l’ARTP
  • 178/5288 Radios communautaires
  • 1760/5288 Qualité de service
  • 433/5288 Privatisation/Libéralisation
  • 132/5288 SMSI
  • 473/5288 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2865/5288 Innovation/Entreprenariat
  • 1354/5288 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 47/5288 Internet des objets
  • 173/5288 Free Sénégal
  • 528/5288 Intelligence artificielle
  • 233/5288 Editorial
  • 24/5288 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous