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L’imbroglio numérique

mardi 7 décembre 2004

Ainsi donc, il a été décidé, par la loi 2004-32 votée à l’assemblée nationale le 16 août dernier, l’annulation de toutes les listes électorales de même que l’instauration d’une nouvelle carte nationale d’identité (CNI) numérisée et sécurisée utilisant les données de la biométrie et portant sur le visage et les empreintes digitales. Cette carte doit donner, en même temps, lieu à une nouvelle carte d’électeur qui ne sera délivrée que si le citoyen en formule la demande puisque le vote n’est pas obligatoire. L’inscription n’est pas non plus automatique, ce qui rend difficile la maîtrise du corps électoral .

En d’autres termes, tout citoyen, pour être inscrit sur les listes électorales, devra nécessairement passer par la nouvelle CNI qui sera, même si cela n’est pas dit explicitement, la seule pièce d’identification au moment du scrutin. Et malgré ce que pensent certains, jusqu’à preuve du contraire, il n’y aura pas de machine permettant d’authentifier les électeurs dans chaque bureau de vote.
Par ailleurs, suite à la rencontre entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques, le 27 octobre, et l’interview accordé par Habib Fall au journal « Le Quotidien » dans sa livraison du 19 novembre 2004, directeur de l’automatisation des fichiers (DAF), on en sait un peu plus sur la manière dont l’Etat, à travers son ministère, compte mener cette opération.

Tout d’abord, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper ou d’être contredit, que le logiciel de biométrie, qui sera utilisé à cet effet, ne fera pas l’objet d’un appel d’offres. Rien que pour élaborer un tel outil de reconnaissance des formes, il faut des périodes allant d’une à plusieurs années de la conception à la mise en oeuvre. Ce qui veut dire que si, au moment où ces lignes sont écrites, le logiciel n’est pas encore fonctionnel, l’opération n’aura pas lieu.

Et encore, pour ce logiciel, on peut, tout de suite, prédire qu’il y aura un risque qu’il « plante » dès les premiers jours de « la mise en application », étant donné que personne n’a entendu dire qu’une commune, ou un quartier, a servi de test comme cela se fait en Europe ou aux Etats-Unis avant de le lancer sur une plus grande échelle. Ce qui n’a rien à voir avec les simulations réalisées en laboratoire.
D’autre part, en ce qui concerne le support à utiliser, c’est-à-dire la carte proprement dite, suivons M. Fall : « Dans la première semaine du mois de décembre 2004, nous aurons à choisir définitivement l’entreprise qui aura en charge de conduire les travaux d’édition des cartes numérisées d’identité nationale et d’électeurs. » Alors, que, semble-t-il, « il ne serait pas possible d’établir un cahier de charges de façon formelle » ! Signalons, pour l’exemple, que pour le nouveau passeport européen sur lequel la décision vient d’être prise et qui intégrera les mêmes données de biométrie que notre future CNI, le support ne pourra être disponible que fin 2005 !

Il est heureux que le Premier ministre Macky SALL, au cours de son grand oral, ait parlé de mettre sur pied une commission nationale Informatique et Libertés, pour que le citoyen sache désormais l’usage qui sera fait de ses données. Si une telle commission était mise en place avant le lancement de la nouvelle CNI biométrique, il est à parier que celle-ci ne verra jamais le jour parce qu’elle pose des problèmes d’éthique et surtout de libertés individuelles.

Mais, pour revenir à notre sujet, comment comprendre qu’un pays aussi organisé que la France qui n’est pas confrontée à des problèmes d’insalubrité, ni de transport (sauf en cas de grève), encore moins de logistique au sens large, qui est, pour tout dire, un pays développé et industrialisé, quatrième puissance économique mondiale, prenne tant de précautions en ce qui concerne sa nouvelle CNI, alors que notre pays qui fait encore face à des besoins primaires et des maladies moyenâgeuses, puisse aborder cette phase avec autant de désinvolture ?

Faut-il ajouter que la nouvelle CNI « numérisée et sécurisée », française celle-là, a commencé à être délivrée depuis 2002 et que l’Etat français se donne jusqu’à 2010 pour pourvoir chaque citoyen de cette carte, qui n’utilise aucune donnée de biométrie et n’est pas non plus une carte à puce. De plus, après avoir effectué toutes les formalités en vue de l’obtention de cette carte, le citoyen français est prié de revenir un mois plus tard pour la délivrance ! 3 jours, nous dit-on, sous nos cieux (excusez du peu) !

La tâche est cependant immense car il faudra, en plus des aspects liés à l’informatique, toujours selon M. Fall : « ... effectuer des aménagements de locaux pour les centres d’instruction, établir une campagne de communication, réaliser des formations, acquérir des moyens logistiques entre autres. » Et, jusqu’à plus ample informé, aucune de ces tâches n’a encore connu un début d’exécution. A un mois de la date de lancement prévue !

En ce qui concerne le nombre de commissions, le chiffre arbitraire de 200 avait été retenu aussi bien pour le Sénégal que pour l’étranger mais il avait été décidé, suite au passage du ministre de l’Intérieur devant les députés, qu’il y ait une commission dans chacune des 320 communautés rurales : « On est ainsi passé à quelque 500 commissions... » Naturellement ! Puisque les partis politiques ne raisonnent pas en termes de commissions équipées de moyens informatiques, n’étant intéressés que par l’inscription, qu’ils souhaitent massive, des citoyens sur les listes électorales.

Chaque commission devra cependant être bi-spécialisée en ce sens que les opérations d’identification et d’authentification sont exclusivement dédiées aux services de police et de gendarmerie tandis que les listes électorales sont l’affaire des partis politiques, de la direction générale des élections et de l’organe chargé de superviser et de contrôler l’ensemble du processus électoral.

Mais intéressons-nous à l’objectif de 3 millions d’électeurs. Le DAF dit en substance qu’avec 200 commissions et 100 inscriptions (au minimum) par jour, il atteindra le chiffre de 3 millions d’électeurs en 5 mois (200C x 100E x 30J x 5M) ! Notons que le fichier actuel qui a pris naissance en 1977 a atteint le chiffre pas très fameux de 2 740 173 électeurs en 27 ans de vie. Une belle occasion donc d’établir un record !

Voilà donc la population sénégalaise complètement robotisée ! Parce que, cela voudrait dire que si l’administration travaille 8 heures par jour (ce qui est un maximum : 8h - 13h ; 15h - 18h), chaque citoyen devra faire, d’après nos calculs, exactement 4 minutes et 48 secondes pour toutes ses formalités (identification, photo, relevé d’empreintes digitales etc.), y compris ceux qui n’ont jamais eu de CNI. Il n’y aura pas de temps mort et ceci tous les jours, samedis et dimanches compris ! Dans un pays où rien que les salamalecs peuvent durer parfois plus de dix minutes ! En outre, chaque commission devra être conséquemment équipée et connectée au réseau, l’ordinateur central étant logé à la DAF. Sans phase de tests, ni période de validation ?
Une véritable gageure lorsqu’on prend en compte les délestages fréquents et inopinés de la Sénélec qui impliquent l’usage d’onduleurs haut de gamme et de générateurs dans toutes les commissions. Et d’ailleurs, si l’on en croit Murphy[[cf. Les lois de Murphy sur l’Informatique et ses applications.], le pire serait à venir.

Si l’on y ajoute le fait que dès le premier trimestre de l’année 2005, le PAMU (Programme d’Amélioration de la Mobilité Urbaine) sera mis en oeuvre, ce qui va impliquer, pendant tout le temps que durera ce programme, des engorgements massifs, pour ne pas dire « une immobilité urbaine » dans Dakar et sa périphérie, on voit d’ici les difficultés importantes qu’auront les populations à se rendre dans les commissions de recensement.

Est-il alors nécessaire de parler du budget qui passerait de 7 milliards à plus de 20 milliards provoquant ainsi un dépassement inédit et qui ne sera vraisemblablement pas adopté lors de la session budgétaire ? Dès lors, que représenteraient les 500 FCFA que l’on veut demander à chaque citoyen pour l’obtention d’une CNI à laquelle il n’est pas partie prenante ?

Ce dont on n’a pas encore parlé, parce que les contours n’en sont pas encore définis, c’est le rôle que devrait jouer la CENA (commission nationale électorale autonome) ou plutôt l’organe chargé de superviser et de contrôler l’ensemble du processus électoral des inscriptions au vote proprement dit, jusqu’à la proclamation des résultats. Parce que je vois mal les partis qui, lors des concertations à l’Ecole Nationale de Police, ont travaillé d’arrache-pied, avec les services compétents du ministère, à corriger les faiblesses et les imperfections de l’ONEL (Observatoire National des Elections), afin d’en renforcer les pouvoirs, renoncer aux formidables avancées obtenues à ce moment-là. Toujours dans ce registre, certains partis politiques parlent de CENA en pensant CENI (commission nationale électorale indépendante). Tout un programme.

Ce qui est certain, c’est que dans cette affaire, nous sommes en plein dans l’improvisation et le pilotage à vue et aujourd’hui, même si nous voulons revenir à l’article 7 de la loi 2004-32, comme suggéré par le DAF lui-même, lors de la rencontre du 27 octobre, « au cas où la solution n’arriverait pas à terme », il faudra, selon Ousmane Badiane, expert de la chose électorale, aller vite pour cadrer avec les délais, étant entendu que les lois contenues dans le code électoral sont toujours en vigueur et que le calendrier républicain devra être rigoureusement respecté.

L’informatique ne saurait s’apparenter à de la magie et le réveil peut se révéler brutal. Cependant, nous osons espérer que le Chef de l’Etat, en homme politique avisé, saura, le moment venu, prendre la bonne décision afin de nous éviter tout malentendu électoral préjudiciable à notre démocratie devenue désormais exemplaire en Afrique. Car, il faudrait, selon le mot du général Mamadou Niang, « savoir jusqu’où il ne faut pas aller trop loin. » Ce que n’a pas su réaliser à temps le cousin Laurent...

Iba GUEYE
Coordination des Cadres (CdC)
LD/MPT

(Source : Sud Quotidien, 7 décembre 2004)

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