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Accueil > Ressources > Points de vue > 2009 > L’Internet et les médias sénégalais : Une reconversion forcée des (…)

L’Internet et les médias sénégalais : Une reconversion forcée des entreprises de presse

samedi 11 avril 2009

Depuis quelques semaines, s’affiche, sur les sites de certaines publications sénégalaises, l’injonction selon laquelle toute reproduction, sans consentement, d’articles pourrait être passible de poursuites judiciaires. Une semonce qui semble s’adresser principalement aux portails généralistes et commerciaux qui foisonnent depuis quelques années au Sénégal et à l’extérieur.

Cette interpellation pose aussi un triple enjeu de taille concernant la gratuité de l’information ainsi que la protection du travail journalistique comme œuvre intellectuelle. Elle interpelle également sur les mutations et recompositions futures qui n’épargneront pas les médias sénégalais au regard des bouleversements frappant les grands groupes de communication partout à travers le monde.
En effet, dès les années 1990, se posaient les premiers jalons de cette nouvelle configuration médiatique avec, la popularisation de l’Internet placé au cœur des technologies de l’information et de la communication. L’Internet qui a su capitaliser comme outil le potentiel des supports médiatiques déjà existant (son, image et texte) a déjà permis, dans la plupart des pays développés, une reconfiguration de l’économie tournant autour des médias.
Progressivement, s’est développée une véritable économie numérique qui prend de plus en plus une place prépondérante dans la vie active de ces pays. Elle représente actuellement 17% de l’économie de la Corée du Sud, 13% des États-Unis et 6% de la France. Ces dernières années ont aussi dévoilé de nouveaux géants de la communication comme Google ou Yahoo qui, avec respectivement une capitalisation estimée à 108,5 milliards d’euros et 29,6 milliards d’euros, occupent les rangs de première et sixième entreprise de communication du monde. Le groupe Time Warner qui occupe la deuxième place mondiale arrive loin derrière Google, en termes financiers avec un capital de 60,3 milliards d’euros.

Ces sites, devenus les fers de lance de la nouvelle économie, ont la particularité d’offrir des services et se présentent comme des « agrégateurs » n’ayant aucune ligne éditoriale et renvoyant directement à la page du site de l’article du journal sélectionné.

La crise financière actuelle qui secoue l’économie mondiale n’épargne pas celle du numérique ou des médias virtuels. Sa croissance risque fort de chuter. L’Organisation de développement et de coopération économique (Ocde), dans sa dernière édition consacrée aux perspectives des Tic, estime que la croissance restera « plate ou négative » en 2009. Cette situation rejaillit fortement sur les médias un peu partout à travers le monde. Aux États-Unis, au Canada, en Europe, des restructurations sont annoncées parmi les géants comme le Washington Post, New-York Times, Cbc, etc. L’une des principales causes demeure l’incapacité des médias à trouver de nouvelles formules pour s’adapter à l’univers mouvant imposé par les Tic et surtout la place sans cesse grandissante des portails offrant, gratuitement, de l’information à un public qui n’a jamais été aussi submergé par le flot continu de nouvelles.

L’Internet est parvenu à rompre le monopole de la collecte et de la distribution de l’information des mains des journalistes et autres professionnels de l’information. Média du 21e siècle, il reste un des éléments centraux de la nouvelle société de connaissance lancée officiellement lors du premier Sommet mondial sur la société de l’information en 2003. Les médias qui ont su s’adapter rapidement et offrir des produits dérivés parviennent en fonction des réalités à maintenir le cap et à s’arroger une part du marché publicitaire virtuel naissant. De nouveaux codes, de nouvelles façons de traiter l’information et surtout une accessibilité à temps réel pour la population connectée sont apparus. Le rapport au savoir et à l’information a changé. L’interactivité, la gratuité, la multiplication des sources (ce qui ne traduit pas la diversité de l’information), entre autres sont autant de nouveaux rapports qui se sont développés au fil des années. Une reconfiguration et une restructuration s’imposent et ce à un double niveau : réadaptation des médias classiques et une professionnalisation des espaces desservant de l’information généraliste.

Il ne s’agit pas d’attendre ou encore de se faire tirer par la locomotive occidentale même si toutes les innovations technologiques sont développées dans les pays du Nord. Les acteurs de la presse et des médias en général, le plus souvent tournés sur des questions de revendications sociales et pécuniaires, devraient développer des axes de recherche autour de ces questions pour trouver avec les acteurs publics et privés des alternatives. En effet, le Sénégal qui dispose d’un des réseaux les plus performants d’Afrique, est doté d’une bande passante de 1,24 Gbps et possède d’énormes potentialités. Cette performance des autorités sénégalaises dans les télécommunications est le fruit des politiques initiées depuis les années 80 et reconnue au niveau international. Un des théoriciens des Tic les plus réputés, Manuel Castells, dégageait dans les années 90, le Sénégal de la zone désertique du cyberspace en écrivant : « L’Afrique constitue globalement la zone déconnectée par excellence. Cependant, 22 capitales étaient reliées à Internet en 1996, mais, sauf au Sénégal, l’accès à Internet était impossible en dehors de la capitale. » [1]

Le parc Internet, encore très loin de la moyenne standard, a connu en 2006 une progression de 47%, selon le rapport 2007 de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Une des autres potentialités est que la quasi-totalité des grands titres (quotidiens, périodiques, radios, télévisions, agences de presse) possèdent leur site Web, mis à jour continuellement. Aussi, plusieurs mesures comme la mise en place d’équipes composées de journalistes exclusivement tournés vers le site web de la rédaction, l’institution d’un système d’abonnement pour les portails ainsi que de nouveaux partenariats entre les exploitants des sites s’imposent-elles. Peut également être envisagé un système d’appui des autorités publiques et privées parmi les dispositifs institutionnels déjà existant ou à créer.
En effet, la pratique du « copier-coller » à laquelle s’adonne la quasi-totalité des sites ne peut continuer à prospérer. En dehors d’un nombre réduit de sites, comme Nettali et Ferloo qui proposent régulièrement leurs propres informations, la plupart des autres sites présentent, malgré leur diversité, un contenu identique car reproduisant intégralement dans leur grande majorité les articles des quotidiens, des agences de presse, des périodiques, de certains sites d’informations ainsi que certaines émissions radiophoniques et télévisuelles. Aucune forme de rétrocession des profits engrangés n’est faite par ces concepteurs de sites, dont la tâche principale tourne autour de la compilation des articles les plus significatifs et susceptibles d’animer leurs forums et, par ricochet, d’accroître ou de fidéliser leurs visiteurs.

L’option de limiter l’accès de leurs sites et des contenus aux gérants des portails risque fort de se généraliser. Il n’est pas démontré que les sites payants au fil du temps soient moins visités que les sites d’accès libre. L’exemple des quotidiens Wall Street Journal (Etats-Unis) ou des Échos (France) prouve que la formule payante peut réussir dans un univers où la gratuité d’accès reste le schéma favori pour beaucoup d’autres titres. Le cas de Ouest-France, devenu l’un des quotidiens de la presse régionale française le plus visité avec sa formule payante, peut être relevé. Les médias sénégalais doivent donc s’adapter et éviter aussi de faire de leur site Web une copie de la version papier numérisée. Les entreprises de presse ne peuvent plus être des structures tournées vers la collecte et le traitement de l’information exclusivement. L’Internet offre de nouvelles perspectives et voies à explorer et les médias et agences sénégalais doivent innover en multipliant leurs offres de services et voir dans quelle mesure l’édition online peut compléter l’édition traditionnelle et parfois même la devancer dans la fourniture de certaines catégories d’informations.

L’Internet offre de potentielles ressources qui peuvent être mises en exergue comme le renvoi sur des dossiers, des données de sites d’organismes officiels, publics ou privés, des compléments sur l’information du jour ou encore la création même d’évènements virtuels avec des invités ou des forums exclusivement menés par les équipes affectées à la gestion du site.

Sur le plan institutionnel, des appuis pourront être trouvés avec les autorités publiques, les sociétés de télécommunications et les autres acteurs du service privé. Il s’agira de trouver et de définir des critères (équipe composée de professionnels, mise à jour constante du site, accessibilité, etc.) définissant l’éligibilité des titres devant bénéficier de ces appuis qui peuvent être multiformes (formation des journalistes, logistique, etc.). La presse ne peut plus continuer à exister sans jeter une passerelle vers l’Internet qui, loin d’être un concurrent, peut stimuler davantage la créativité dans l’espace médiatique, ouvrir de nouveaux débouchés et ressources et surtout permettre une meilleure visibilité de l’information du Sud faite par des acteurs du Sud eux-mêmes.

Pape Macky Sall
Montréal, Canada

(Source : Le Quotidien, 11 avril 2009)


[1] Manuel Castells .Fin de millénaire, Paris, Fayard, 1998, p. 113

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