L’Etat se met à l’intranet : Le Sénégal installe son “e-gouvernement”
mercredi 16 mars 2005
Le gouvernement a affiché hier sa volonté de se rapprocher du citoyen sénégalais, à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de l’intranet gouvernemental. Evoquant les notions de « e-gouvernement » et de « e-citoyen », le directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie), Mohamed Seck, a présenté les innovations informatiques découlant du chantier mené depuis un an dans la capitale sénégalaise, et censées mettre le citoyen au cœur des préoccupations de l’Etat, dans le cadre du programme de modernisation de ses systèmes d’information. Désormais, la circulation des informations au sein du gouvernement sera catalysée par la liaison de 53 bâtiments administratifs par une boucle optique, par l’installation d’une antenne hertzienne irradiant jusqu’à Rufisque, et par d’autres mesures telles que la gratuité des communications téléphoniques entre les différents services des ministères... Autant d’innovations destinées à améliorer l’efficacité de l’administration sénégalaise, en lui permettant de mutualiser et conserver les informations stockées, d’où la possibilité pour les différents ministères d’accéder à des ressources communes et sécurisées, et de travailler simultanément sur les mêmes dossiers. Répondant à la question - faussement naïve - du président Wade relative aux coûts et économies de cet intranet gouvernemental, le directeur général de l’Adie a assuré que la seule gratuité des communications téléphoniques internes permettrait d’économiser le tiers du budget téléphonique de l’Etat, qu’il a estimé à environ 8 milliards de francs Cfa. Le coût de l’innovation technologique s’élèverait quant à lui à 2 milliards de francs Cfa, 700 millions provenant du budget national tandis que le reste a été financé par la Banque mondiale. Parmi d’autres économies, Mohamed Seck a aussi évoqué la probable diminution de la consommation de papier, une loi devant prochainement permettre la validation des documents électroniques.
Mais qu’en est-il du « e-citoyen », censé être le premier bénéficiaire de telles mesures ? Les services aux usagers devraient être disponibles d’ici peu de temps, selon le directeur de l’Adie. Ainsi, la consultation des sites web des différents ministères (la moitié d’entre eux sont d’ores et déjà terminés), le téléchargement et l’impression de documents administratifs tels que demande de permis de construire ou demande de passeport, constitueront un gain de temps pour les administrés, sans oublier l’influence - à relativiser tout de même - qu’aura cette avancée sur la mobilité urbaine. Une avancée dont sera coupée, cependant, toute une part de la population sénégalaise, tant qu’elle ne sera pas étendue à l’ensemble de l’administration et à l’ensemble du territoire. A ce propos, le président Wade a assuré avoir « instruit l’Adie d’étendre ce réseau à tous les services de l’Etat sur toute l’étendue du territoire, y compris nos représentations diplomatiques à l’étranger, pour consolider le socle existant et aboutir à l’Intranet administratif d’ici la fin 2006 ».
Fabien MOLLON et Mamanding Nicolas SONKO
(Source : Wal Fadjri, 16 mars 2005)