Groupement interbancaire monétique : 48 banques de l’Uemoa à l’heure de la carte à puce
mercredi 27 avril 2005
La carte à puce offre beaucoup de possibilités que le Groupement interbancaire monétique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Gim-Uemoa) veut exploiter au profit des populations de l’espace communautaire. Entre autres objectifs du Gim-Uemoa, on peut citer : développer la monétique dans les pays de l’Uemoa et faire de la carte bancaire le premier instrument des paiements, développer l’interbancarité monétique entre les membres du Gim-Uemoa, garantir l’interopérabilité dans et hors Uemoa, identifier et initier l’ensemble des projets à forte valeur ajoutée autour de la carte bancaire (paiement des factures d’électricité, d’eau et de téléphone, cartes salariées, paiement de carburant, restaurant, magasin, péage, cinéma, etc.) dans les pays de la zone. « Nous voulons que les moyens de paiement en espèces puissent se réduire et que les cartes puissent être utilisées à tous les niveaux. Que ceux qui n’ont même pas la possibilité d’avoir un compte bancaire puisse utiliser cette carte », souligne l’adjoint du directeur des systèmes de paiement de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
Selon Mamadou Sérémé qui s’exprimait, hier, en marge de l’ouverture du séminaire de formation en monétique, les cartes sont perçues comme étant pour quelques privilégiés. « L’objectif recherché est de vulgariser les cartes au maximum. Le Gim-Uemoa veut permettre à ceux qui n’ont pas une carte bancaire de pouvoir utiliser ce moyen de paiement, c’est-à-dire les cartes monnaie électroniques (Cne) qu’on peut charger comme on charge un téléphone portable pour pouvoir faire des transactions », explique M. Sérémé.
La Bceao va sensibiliser les commerçants qui auront des terminaux de paiement uniformes pour toute la zone. « Actuellement, le vrai frein est que si un commerçant veut avoir toutes les banques, il faut qu’il ait une machine Bicis, une machine Sgbs, etc. Tout cela est assez compliqué. Maintenant avec l’interopérabilité et un seul terminal, on pourra faire le paiement avec toutes les cartes », avance le directeur adjoint des systèmes de paiement de la Bceao.
Troisième composante de la réforme des systèmes de paiement de la Bceao, la monétique interbancaire vise la mise en place d’une carte bancaire commune à l’ensemble des banques de la zone, portant un logo propre et accepté par les commerçants affiliés sur le territoire de l’Union. La mise en œuvre opérationnelle de ce vaste chantier a démarré, en janvier 2004, par l’installation provisoire des bureaux du Gim-Uemoa et la création, en janvier dernier, du Centre de traitement monétique régional. Elle permettra de combler un certain niveau d’insuffisances comme l’inexistence d’un système organisé de traitement rapide et sécurisé, la prédominance de la monnaie fiduciaire dans le règlement des échanges, la sous-utilisation des moyens de paiement modernes liée en partie à l’absence d’interbancarité. « Depuis le lancement du projet de réforme du système paiement par la banque centrale, pratiquement toutes les banques sont en train de se doter d’un système de paiement. Il y en a qui sont plus développés que d’autres mais dans l’espace de l’Uemoa toutes les banques ont commencé à développer ce système », renseigne Mamadou Sérémé.
La carte bancaire sous-régionale sera adossée aux réseaux internationaux de cartes bancaires (Visa, Mastercard, Jcb). Un tel choix favoriserait la réalisation d’économies d’échelle et renforcerait la crédibilité du système vis-à-vis des participants et des organismes internationaux. Il s’agit de faire de telle sorte que la carte bancaire puisse jouer son véritable rôle d’instrument de paiement, accepté par tous les commerçants affiliés de la sous-région, à l’instar de la monnaie fiduciaire commune. « La carte bancaire sous-régionale aura des retombées économiques considérables. Il s’agit notamment du renforcement de l’intégration économique sous-régionale, de la contribution au développement économique de la zone Uemoa, de la sécurisation des paiements, de la maîtrise des flux financiers, d’une économie d’échelle pour les établissements bancaires, financiers et postaux », énumère le directeur général du Gim-Uemoa, Blaise Ahouantchédé.
Le président du Gim-Uemoa, Abdoul Mbaye, par ailleurs administrateur-directeur général de la Banque sénégalo-tunisienne (Bst), avait défini l’interbancarité comme la mise en commun des moyens, des méthodes, des spécifications, des règles, afin que l’instrument de paiement par la carte bancaire soit accepté dans la zone dans les meilleures conditions d’utilisation, de sécurité et le plus souvent possible. « Nous attendons qu’on puisse utiliser la carte bancaire même pour acheter un litre d’eau », déclarait M. Mbaye. Elles sont 48 banques ou institutions financières membres du Gim-Uemoa, dont 8 au Sénégal. Les grosses pointures comme la Sgbs et la Bicis ne sont pas encore inscrites.
Johnson MBENGUE
(Source : Wal Fadjri, 27 avril 2005)