Gestion des déchets électroniques : Le danger des ordinateurs, frigos, téléviseurs... venant d’Europe
jeudi 5 mars 2009
Les pays développés exportent de plus en plus d’ordinateurs, de téléphones portables et de téléviseurs dans les pays en développement. Mais à l’Ong Enda Ecopole, on s’inquiète que ces ‘déchets électroniques’ soient souvent présentés comme une forme d’aide au développement.
Les déchets électroniques des pays riches finissent de plus en plus dans des poubelles des pays en développement, où il n’y a pas moyen de les entreposer de façon sûre. Et selon le coordinateur de l’Ong Enda Ecopole, Amadou Diallo, les équipements électroniques usagés, offerts souvent au titre de l’aide au développement, peuvent poser des risques sérieux à l’environnement et à la santé humaine. ‘Les déchets électroniques posent un problème énorme. Cela va probablement être le problème le plus grave que le monde va devoir affronter au cours de ce siècle, surtout dans les pays en développement’, soutient-il. A l’en croire, jusqu’à présent, il arrivait que quelques compagnies occidentales isolées déversent quelques tonnes de déchets toxiques dans des régions isolées des pays en développement, mais ce commerce est devenu maintenant plus systématique et il est en train de prendre de l’ampleur. Ordinateurs, frigos, téléphones portables, téléviseurs et autres produits de consommation qui ont été utilisés dans les pays plus riches, finissent comme ‘déchets électroniques’ dans les pays en développement.
L’un des problèmes les plus préoccupants est qu’une partie de ces déchets se retrouve dans les pays en développement sous forme d’aide au développement. Aussi, dans le souci de réduire les conséquences générées par ces multiples appareils électroniques au plan environnementale, Enda Ecopole vient de mettre en place un centre de formation pour permettre aux jeunes réparateurs de rue de mieux maîtriser le recyclage. ‘Beaucoup de pays en développement font du commerce des déchets électroniques à cause de la pauvreté, mais les bénéfices monétaires à court terme sont de loin contrebalancés par les impacts à long terme sur l’environnement, les risques pour la vie, la santé et l’habitat des populations affectées. Les pays qui n’ont pas la technologie ou le savoir-faire techniques pour manipuler ces déchets en sécurité et les entreposer, devraient se concentrer sur d’autres activités génératrices de revenus’, recommande le coordinateur d’Enda Ecopole.
Aussi, Amadou Diallo invite-t-il le gouvernement à informer la population, surtout celle rurale, sur les conséquences de ces déchets sur la santé. Par exemple, les produits chimiques toxiques devraient être indiqués dans la langue locale. ‘On doit faire plus pour expliquer aux femmes et aux enfants les risques sanitaires qu’implique le fait de travailler dans des industries polluantes ou de fouiller les décharges pour récupérer des matériaux à recycler et à vendre’, soutient-il.
Selon le représentant de la cellule Seneclic sur les déchets électroniques (e-dechets), Ibrahima Diaby Gassama, cette initiative revêt une importante capitale, vu l’ampleur des dégâts que peut causer la manipulation continuelle sans prévention de ces objets électroniques.‘Un ordinateur qui arrive en fin de vie, une fois ouvert, contient au moins 21 produits chimiques toxiques différents’, fait-il savoir. Pour lui, le problème est que beaucoup de pays pauvres ne disposent pas de la technologie et de l’expertise technique pour détruire ou entreposer ces déchets en toute sécurité. ‘Il existe des règles internationales qui interdisent la décharge ou le mouvement illicite de déchets dangereux et toxiques, pourtant leur commerce explose’, se désole Ibrahima Diaby Gassama.
Paule Kadja Traoré
(source : Wal Fadjri, 5 mars 2009)