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Cheikh Fall : « La cyberactiviste Anna Guèye voulait assainir l’image de l’Afrique »

lundi 5 juin 2017

Portrait/Entretien

Entretien. Le Sénégalais Cheikh Fall, l’un des blogueurs les plus influents du continent, revient pour Le Point Afrique sur le parcours de son amie la twitteuse citoyenne Anna Guèye, décédée le mois dernier.

Twitter a perdu une webactiviste de renom, la Sénégalaise Anna Guèye, qui s’est éteinte le 17 mai à son domicile à La Haye aux Pays-Bas. Elle s’était fait remarquer pour son engagement dans la défense des droits de l’homme au travers de ses 264 220 tweets en huit ans de présence sur la twittosphère. Née en Bretagne d’un père sénégalais et d’une mère à moitié guinéenne, elle a passé son adolescence en Éthiopie, avant de devenir traductrice free-lance. Anna Guèye participa à tous les combats 2.0. pour la démocratie en Afrique, de la crise ivoirienne en 2010 aux élections présidentielles, en passant par les répressions policières et les attaques terroristes. Véritable cheville ouvrière des contestations citoyennes sur le continent, ses 14 600 abonnés bénéficiaient d’une mine d’informations qu’elle avait pris le temps de trier et de vérifier pour ne partager que les plus pertinentes. Stakhanoviste du tweet, elle postait 90 messages par jour en moyenne, alimentant le fil d’actualité repris par tout un réseau d’internautes du continent et des diasporas. « Sans les réseaux sociaux, je ne serais pas une personne engagée », avoua-t-elle en précisant « Je suis quelqu’un d’extrêmement curieux. Ma curiosité est en partie assouvie par les traductions et les revues de blogs que je fais. » Son parcours montre la force d’une anonyme qui, à l’ère du digital, parvient à influencer le cours des événements.

Le Point Afrique : Vous rappelez-vous votre première rencontre avec Anna Guèye ?

Cheikh Fall [1] : Elle a eu lieu à La Haye aux Pays-Bas le 1er septembre 2013. J’étais invité par la famille royale à assister aux célébrations du centenaire du Palais de la paix. En voyant mes tweets sur mes activités aux Pays-Bas, Anna m’a directement contacté pour me proposer de prendre un café avec elle. Malgré mon emploi du temps assez chargé et malgré le fait qu’elle était aussi très prise par son travail, elle a bravé la pluie pour venir me voir à mon hôtel. En fait, on avait déjà été en contact et on avait collaboré sur plusieurs initiatives quatre ans avant. On est restés de 15 heures à 22 heures à faire le tour de La Haye et à parler de projets. Elle en a profité pour me faire visiter son jardin de fleurs chez elle et pour me montrer sa petite collection d’objets anciens. Sa gentillesse et sa générosité m’ont touché, mais ce qui m’a le plus marqué chez elle, c’est sa sobriété et la pudeur dans la pertinence et le professionnalisme.

Comment définiriez-vous son engagement sur Twitter ?

Anna était une personne très discrète qui ne se serait jamais engagée publiquement s’il n’y avait pas eu Internet. Twitter était pour elle une société, une famille et un bureau. Elle s’y retrouvait avec des amis et des personnes qu’elle prenait pour des collègues. Elle s’astreignait aussi à soigner son image comme si elle était dans un environnement de travail physique. Son engagement s’explique par le fait qu’elle n’a jamais voulu laisser passer sous silence les affaires ignorées, voire étouffées, par les médias classiques. Elle voulait montrer au monde entier que certains sujets méritaient d’être mis au-devant de la scène. Elle voulait aussi assainir l’image de l’Afrique à travers le traitement de l’information. Elle a été au cœur de toutes les initiatives citoyennes pour la défense des droits humains et pour les combats démocratiques.

Avez-vous un souvenir qui vous a particulièrement marqué ?

Ce que je trouvais particulièrement injuste, c’est la façon dont elle était incomprise et jugée par la twittosphère. Certains commentaires sur elle touchaient sa sensibilité et elle vivait difficilement le fait de passer pour quelqu’un de compliqué et d’anticonformiste. Elle était immergée dans l’actualité, mais avait réussi à garder un regard distant sur les événements. C’était la marque de sa singularité.

Savez-vous ce qui a poussé Anna Guèye à devenir « africtiviste » ?

Nous avons réfléchi ensemble à cette initiative que nous avons cofondée en 2015, puis elle l’a portée à bras-le-corps jusqu’à sa mort. On se parlait tous les jours. Notre dernier échange remonte à 48 heures avant son décès : nous avions parlé du projet Afrique Média CyberSécurité que nous venions de finaliser. On a préparé son lancement pour la session de la Guinée. Finalement, nous avons lancé le projet ce mardi 23 mai 2017. Il sera déployé dans dix capitales ouest-africaines et formera au total cinq cents journalistes professionnels et acteurs des médias de la société civile aux notions et outils de la cybersécurité.

Pourriez-vous expliciter votre phrase « Tu as vécu incomprise, tu es partie incomprise » ?

Anna n’a pas toujours été comprise des twittos, surtout des twittos sénégalais qu’elle considérait comme sa grande famille et qu’elle a voulu protéger pour qu’ils forment la communauté exemplaire dont les autres communautés africaines allaient s’inspirer pour des initiatives citoyennes. Ce n’est pourtant qu’après sa mort que beaucoup ont réalisé qui elle était vraiment et le travail qu’elle abattait pour la société de l’information.

Vous avez annoncé la création du prix Anna Guèye pour la liberté d’expression et le Web activiste de l’année. Pouvez-vous donner les raisons qui vous ont guidé vers ce choix ?

C’est une façon de perpétuer son travail. De continuer à aider les jeunes générations à s’inspirer de ses qualités en tant que curateur de l’information. C’est aussi une façon, pour nous africtivistes, de lui rendre hommage et de la remercier pour tout ce qu’elle a fait pour cette grande famille de citoyens engagés dans le renforcement des acquis démocratiques.

Propos recueillis par Roger Maveau

(Source : Le Point Afrique, 5 juin 2017)


[1] Cheikh Fall a été le fondateur de la plateforme Sunu 2012, qui a veillé à la régularité de l’élection présidentielle sénégalaise en s’inspirant de ce qu’avait fait dès 2008 le site Ushahidi au Kenya. L’année dernière, il a reçu de l’organisation humanitaire suédoise Diakonia un diplôme pour la consolidation démocratique en Afrique par les TIC.

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