Carine Vavasseur, une lionne de la tech, au cœur du digital
jeudi 13 juillet 2023
Sa vie est aussi simple que son nom : Carine. Seulement, le parcours de cette benjamine
trentenaire est loin de se résumer à six lettres. Promise à l’import-export en Europe, puis au
Canada, la native de Yoff – village lébou situé au coeur de la capitale sénégalaise- va finir, contre
toute attente, par embrasser le numérique, en intégrant le CTIC Dakar dont elle a été, un temps,
responsable communication et évènementiel. Egalement passée par Edacy, spécialisé dans la
formation duale, la cheffe de division Innovation et animation d’écosystèmes de la DER/FJ jusqu’en
mai 2023 a énormément fait avancer la cause du numérique dans son pays, comme ailleurs en
Afrique. Depuis le mois de juin dernier, Carine Vavasseur est à la tête d’Ignite.E, dernier né du
groupe Haskè qui s’intéresse aux champions africains de l’entrepreneuriat.
Dakar, Ziguinchor, Angers, Paris, le Canada… , enfant, puis adolescente, le destin avait déjà fini,
sûrement sans qu’elle ne s’en rende compte du tout – par préparer la jeune Sénégalaise à
sillonner le monde de la technologie. Cheffe de division Innovation et animation d’écosystèmes à
la Délégation générale à l’Entrepreneuriat rapide pour des Femmes et des Jeunes, Carine
Vavasseur a beaucoup voyagé pour vivre sa passion du numérique. Au coeur des évènements
tech à la DER/FJ, elle a accompagné, avec dévouement et bienveillance, les porteurs de projets et
les entrepreneurs confirmés dans son secteur de prédilection. “Ces trois dernières années et
demi, j’ai accompli cette mission pour ma patrie, au sein de la Délégation Générale à
l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes(…). Une expérience unique au sein d’un ovni
parmi les agences publiques dont l’ADN, si particulier, m’a immédiatement séduite. J’ai eu
l’honneur d’y proposer et expérimenter de nouvelles approches en termes de mise en synergie
d’acteurs, de co-création et mise en place de programmes et de dispositifs dédiés aux startups et
TPME innovantes“, se réjouit-elle.
Plus qu’un virage, un quasi-revirement, dans les TIC
Si elle avait vraiment écouté son cursus universitaire, Carine Vavasseur serait, peut-être
aujourd’hui, pleinement dans l’import-export. La jeune femme, titulaire d’une Licence en Langues
Étrangères Appliquées au Commerce et d’un Master en Management International Trilingue
obtenus à l’ UPEC Paris XII, avait déjà démarré des études y préparant. “Après des stages de
transitaire au Canada et au Sénégal, j’ai eu l’intime conviction que ce métier et le domaine de
l’import export ne me convenait pas. A ce jeune âge, je n’avais jamais été exposée aux métiers
dans les TIC et encore moins à l’entrepreneuriat innovant et dans les TIC. A l’occasion de mon
dernier stage, celui du Master, j’avais décidé de faire des missions en lien avec mes aspirations et
non avec ma formation. J’ai alors orienté mon mémoire sur le thème “Le nouveau souffle de la
diaspora noire africaine”, ai effectué un stage à la Direction du Développement Local de Ziguinchor,
rattachée à la Mairie, et ai lancé dans la foulée une enquête en ligne qui avait bénéficié de l’appui
de NOFI, lui donnant une large caisse de résonance. Ce stage au Sénégal a également été le
moment où j’ai lancé ma première initiative entrepreneuriale formelle, la marque de vêtements et
bijoux afro-chics “E-Bene Touch”. A l’issue de cette expérience riche, un poste m’a été proposé“, se
rappelle cette fille issue d’une famille d’entrepreneurs.
L’appel de la Nation sénégalaise
Avec ce poste “très peu payé mais à priori fortement impactant“, cette boulimique de travail, qui
ne compte ni les mails, ni les heures d’envoi, ni les horaires de travail, se décide donc à signer
son cahier de retour au pays natal. “J’ai su très tôt que l’appel du pays m’amènerait à rentrer au
bercail, même si j’avais envisagé d’y poser mes valises après un temps à l’international (au Canada
plus précisément). Cette révélation m’est venue de par les sacrifices constants que ma maman,
mère célibataire après le divorce avec mon père, faisait pour s’assurer que je puisse me rendre en
vacances au Sénégal chaque été à partir de mes 10 ans. Cette reconnexion à la source et à mes
essentiels a allumé ce feu du retour en Afrique et cette envie de non seulement contribuer à y créer
de l’impact, mais aussi d’y saisir les opportunités qu’aucun autre continent ne me semblait à
même de m’apporter“, explique celle qui entre dans le numérique par la porte du CTIC Dakar,
avant de rejoindre Edacy, puis la DER/FJ. “C’est au CTIC que j’ai donc fait mon baptême
professionnel et mes premières âmes, c’est aussi dans ce lieu historique que j’ai découvert ma
passion pour l’accompagnement aux entrepreneurs et pour l’innovation et les TIC“, résume-t-elle.
Le choix du groupe Haskè
Sa soif de créer de l’impact et de la valeur à une plus large échelle la décide finalement à quitter
la DER/FJ en juin dernier pour vivre une expérience internationale. C’est une évolution dans la
carrière de Carine Vavasseur est loin d’être fortuite pour celle qui a presque fini de sillonner le
monde, au grès des rencontres digitales. Le choix se fait sur Haskè. “J’y dirige le dernier né de ce
groupe qui oeuvre pour la détection, la création et la croissance de champions africains de
l’entrepreneuriat. Il s’agit de l’association Ignite.E qui se consacre à l’amélioration des systémique, à l’émergence et à la croissance de ces champions tout en encourageant la
capacitation et la synergie d’acteurs“, indique celle dont le parcours “reflète assez bien celui d’une
femme de la classe moyenne ayant poursuivi ses passions et aspirations, avec détermination et
parfois naïveté, persuadée que le destin ne pouvait la guider que vers sa mission sur terre“. Dans
une Afrique où les défis ne manquent pas, les startups ont plus que jamais leur place.
Seulement, ce n’est pas avec des “approches linéaires” que les combats vont être gagnés, estime
Carine Vavasseur, convaincue que “c’est en cela que le modèle exponentiel des solutions
proposées par la plupart des startups pour justement adresser ces besoins primaires et bien
d’autres (inclusion financière etc…) est un enjeu clé“.
(Source : Le Techobsevrateur, 13 juillet 2023)