Avis bimestriel du Haut Conseil de l’audiovisuel : La RTS et certaines radios épinglées
mercredi 7 juillet 2004
Dans son préambule, le Haut Conseil de l’audiovisuel a réaffirmé son attachement au respect des dispositions constitutionnelles légales et réglementaires, notamment celles relatives au pluralisme, à la liberté de l’information et de la communication, à la libre expression des idées, à la sauvegarde des principes fondamentaux du respect de la dignité de la personne humaine et de l’ordre public, ainsi qu’à la libre et saine concurrence dans le secteur audiovisuel. Aussi, a-t-il tenu à rappeler à cet égard que son intervention, entre autres, consiste à souligner que le respect de l’équilibre dans le traitement de l’information, notamment l’accès équitable des partis politiques aux médias, est une exigence prévue par la loi en vigueur. Il rappelle également que cette libre communication des pensées et opinions, qui est l’un des droits les plus précieux de l’homme, si elle permet à tout citoyen de parler, écrire, imprimer librement, doit s’exercer sans abus. En ce qui concerne les manquements relevés à la RTS, le Haut Conseil de l’audiovisuel a constaté que durant tout le semestre écoulé et bien avant, la RTS n’a pas organisé l’émission politique « Pluriel ». Qui plus est, elle (la RTS) n’a pas saisi le HCA chargé de la supervision de ladite émission légale pour l’informer de difficultés ou contraintes éventuelles particulières justifiant l’absence d’une telle émission à la Télé. En fait, malgré des correspondances à elle envoyées, la RTS n’a pas réagi par rapport à cette émission, mais également par rapport à l’émission radiophonique « Opinion ». Le HCA a fait noter que l’absence de ces deux émissions du paysage audiovisuel public rend impossible l’application des dispositions pertinentes de la loi relative au pluralisme de l’information et prive les partis politiques légalement constitués de la possibilité de s’exprimer à la Télévision nationale en particulier. La structure relève au surplus, pour le déplorer, que la RTS n’a pas souvent, durant la même période, offert aux formations politiques de l’opposition l’occasion de se prononcer avec sa programmation actuelle qui fait très large place à des pages spéciales, à des reportages, publi-reportages et autres émissions favorables au courant majoritaire.
Respect des Institutions républicaines Aussi, constate-t-elle que toutes les manifestations religieuses ne sont pas couvertes dans les mêmes termes de durée et de fréquence. Le HCA a, par ailleurs, insisté sur le fait que les messages publicitaires doivent être conformes aux exigences de véracité, de décence, de respect de la personne humaine. Aussi, regrette-t-il la diffusion de scènes particulièrement violentes dans la campagne de prévention routière qui est pourtant d’intérêt public et général. Ainsi, le HCA invite la RTS à surveiller la programmation de ses annonces publicitaires. En ce qui concerne les radios, le Haut Conseil de l’audiovisuel rappelle que si la liberté de communication existe au Sénégal, elle doit être conciliée avec les objectifs de valeur constitutionnelle que sont la sauvegarde de l’ordre public, le respect de la liberté d’autrui et la préservation du caractère pluraliste des courants d’expression socioculturels et politiques. Pour le HCA, les émissions de radio sont souvent l’occasion de divulgation d’identité de personnes notamment impliquées dans des instances judiciaires. Nombre d’entre elles sont des opportunités de diffuser des éléments de nature à choquer certaines convictions religieuses en dehors du fait qu’elles donnent souvent l’occasion de discréditer l’Etat ou son chef, de lancer des expressions outrageantes, d’attenter à la vie privée, à l’honneur et à la considération des citoyens. Quant aux émissions interactives, le HCA met en garde contre les dérapages en relevant que ces émissions ne sont pas maîtrisées par les journalistes et/animateurs. Par ailleurs, le HCA met particulièrement en garde contre toute tentative d’évolution vers le durcissement du discours religieux. Aussi, le Haut Conseil de l’Audiovisuel invite les radios communautaires à s’abstenir de faire de la publicité. Dans ses recommandations, le HCA tient à rappeler que légalement, la campagne électorale n’est pas ouverte et invite les acteurs à en tirer les conséquences dans l’intérêt de la démocratie. Aussi, recommande-t-il aux radios de veiller à ne pas diffuser la publicité sur les tradipraticiens et les guérisseurs, cela conformément à la loi.
MAMADOU CISSE
(Source : Le Soleil 7 juillet 2004)