Journaliste, chroniqueur, formateur, Jean Meissa Diop vient de publier aux Editions Maguilen un essai sur un aspect important de la vie de couple, à savoir le lit. La cérémonie de dédicace s’est tenue samedi dernier à la Maison des écrivains du Sénégal (Aes).
L’homme est connu aujourd’hui pour ses chroniques de haute facture. Jean Meissa Diop est un brillant journaliste. Il va au-delà de ses chroniques pour présenter aux lecteurs un essai de 150 pages publié aux Editions Maguilen et dont la cérémonie de dédicace s’est tenue le week-end dernier à la Maison des écrivains du Sénégal (Aes). ‘’Le cybersalon des épouses qui ont mal au lit’’ est le titre du livre. Ce dernier peut paraître audacieux et provocateur. D’ailleurs, le modérateur du jour, l’ancien ministre du Commerce Amadou Niang, ne voulait prononcer l’intégralité du titre et s’en tenait à : ‘’Le cybersalon des épouses.’’ Seulement, ici, le titre n’est qu’une allégorie, comme l’a si bien expliqué son auteur. Il n’est que la représentation abstraite de la réalité conjugale. ‘’Quand on a mal au lit, on va se mettre au salon. Ici, le salon est la virtualité’’, a indiqué Jean Meissa Diop.
Ainsi, dans cet essai, il s’agit de forums sur Internet devenus les ‘’penc’’ (Ndlr : place où se réglaient tous les problèmes). Encore qu’avec la toile, il y a des problèmes ou histoires relevant uniquement du domaine privé et très délicats qui y sont souvent partagés ou relatés. ‘’Pendant longtemps, il y a eu une nette distinction entre ce qu’on appelle vie privée et vie publique. Avec le développement des médias, on se rend compte qu’il y a des éléments de la vie privée qui sont dans la vie publique’’, analyse le préfacier de l’opus, Antoine Mendy.
Ainsi pensé, il est intéressant d’étudier le phénomène. Et c’est ce que s’est essayé Jean Meissa Diop. ‘’Le travail est intéressant. Il nous amène à penser une nouvelle configuration entre espace publique et espace privé. Avec le développement des nouveaux médias, nous avons une configuration originale. Des questions qui relevaient de la famille vont être publiques’’, a informé le préfacier.
Des problèmes conjugaux sont souvent étalés dans ces forums de discussions. ‘’Ce sont des difficultés dont on a du mal à poser dans l’espace public. On parle de l’infidélité des maris, de la qualité de relations sexuelles, etc.’’, a expliqué M. Mendy. Leurs auteurs viennent soit y chercher des conseils, soit pour soulager leur conscience. Ils constituent des exutoires pour certains. Mais, comme l’a souligné l’auteur, cela ne soulagera que pendant un moment. L’apaisement que la confidence, souvent faite en total anonymat, offre, ne peut donc être éternel. Ceux qui viennent dans ces forums le savent, mais n’ont pas le choix. Car on est aujourd’hui dans une société où le soutien et la confidence ont perdu leur sens.
‘’Quand une épouse n’a personne à qui confier son problème, qu’elle ne peut même pas parler de ses problèmes à une amie au risque qu’elle ébruite l’histoire, elle va aller sur les forums Internet confier ses problèmes’’, a dit Jean Meissa Diop.
Le réconfort et le soutien attendus ne sont pas pour autant toujours au rendez-vous. Les administrateurs de ces espaces virtuels de discussions n’ont pas toujours les moyens de contrôler les commentaires. Des dérapages sont souvent notés.
Par ailleurs, dans cet essai, son auteur s’intéresse aux catégories de personnes qui interviennent dans ces forums et à bien d’autres questions que nous évoquerons dans une note de lecture très prochainement.
Bigué Bob
(Source : Enquête, 19 octobre 2018)