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Au Sénégal, des applications de prêt en ligne hantent le sommeil des souscripteurs

mardi 23 janvier 2024

Cybersécurité/Cybercriminalité

Une plainte a été déposée par un collectif pour « collecte de données personnelles à des fins frauduleuses et harcèlement ».

Elle ne croyait pas que cela pouvait lui arriver. Khady (nom d’emprunt), installée à Mbour, ville située à environ 80 kilomètres de Dakar, caressait le rêve de vivre décemment de son salaire. Mais la vie étant parsemée de difficultés, la jeune femme a dû un jour emprunter de l’argent pour satisfaire un besoin primaire. « Je n’avais même pas de quoi manger », a-t-elle expliqué.

En surfant sur Internet, Khady est tombée sur une publicité ayant attiré son attention. Celle d’une société qui propose des prêts alléchants à première vue de 500.000 F CFA (764 euros) remboursables dans un délai de 180 jours. L’entreprise en question, c’est Ouest Crédit. Pensant avoir trouvé la solution à ses problèmes financiers, la jeune travailleuse s’est enregistrée avec un enthousiasme débordant sur la plateforme pour entrer de plain-pied dans l’aventure.

M. D., un trentenaire se réveillant dans la capitale du Sénégal, a lui franchi le pas par simple curiosité. « Ce n’était pas compliqué. Une fois l’application téléchargée, on ouvre un compte en fournissant les informations demandées : nom, prénom, numéro de téléphone et ceux de deux proches avec la précision du lien de parenté, la copie de la pièce d’identité et un selfie », a-t-il détaillé.

Au terme de ce processus, un message contenant un code OPT (One-Time Password, mot de passe à usage unique) est envoyé sur le numéro du requérant pour confirmer l’activation du compte. Dès lors, il peut demander un prêt. Mais la réalité n’a rien à voir avec la promesse des affiches publicitaires qui inondent les réseaux sociaux. « J’étais déçu et atterré par le service », s’est souvenu M. D.

Le rêve du demi-million « promis » en prêt s’est envolé. De petits montants, dépassant rarement 15.000 FCFA (22 euros), sont proposés par la société qui, avec Seneprêt, est très sollicitée dans ce nouveau marché. Au moins une dizaine de structures proposent ce genre de services au Sénégal.

Pour M. D., ce n’était que le début des mauvaises surprises. Le taux d’intérêt appliqué aux prêts est très élevé et le délai de remboursement court. « Avec Seneprêt, mon premier emprunt était de 3000 F CFA (environ 5 euros). J’ai remboursé 4050 F CFA (plus de 6 euros) », a-t-il témoigné. Soit un taux de 35 %.

Ouest Crédit est pire à l’en croire. « Sur cette plateforme, j’ai reçu 7650 F CFA (environ 12 euros) après avoir emprunté 10.800 F CFA (près de 17 euros). C’est cette somme que j’ai pourtant remboursée à l’expiration du deadline », a-t-il tristement fait savoir.

Anta, une autre « victime » avec qui nous avons discuté, vit un cauchemar éveillé en raison des « actes nuisibles » des créanciers. Elle fait allusion aux innombrables SMS et coups de fil reçus pour rappeler l’échéance ne devant pas dépasser cinq jours. Au-delà, des pénalités sont payées par le souscripteur.

« Et si vous n’honorez pas la dette, ils passent à la vitesse supérieure en contactant vos proches », a dénoncé Jean Pierre Faye, coordinateur du Collectif de lutte contre les crédits en ligne.

Petits services, grandes conséquences

Dans un communiqué publié le 9 janvier, le ministère des Finances a affirmé que « ces pratiques, devenues virales sur les réseaux sociaux, sont source d’arnaque ». Partant de là, a conseillé la source, « il est requis des populations de cesser toute activité avec les institutions précitées ».

Nous avons tenté de faire l’expérience en installant l’application Seneprêt sur notre smartphone. Arrivé à la section « Déclaration de divulgation », il est écrit ceci : « Nous collectons toutes vos données SMS. Nous regardons le nom, la description et le montant de la transaction pour l’évaluation du risque pour le crédit. Cela permet des remboursements de prêt de plus en plus rapides ».

Le type de messages envoyés par les applications de prêt aux souscripteurs
Le fait pour ces sociétés, a déploré M. Faye, « de disposer comme elles veulent des données personnelles de leurs utilisateurs a causé beaucoup de dégâts ». « Certains ont perdu leur travail parce qu’on a appelé leur employeur, d’autres ont eu des problèmes de couple parce que leur mari a été contacté à titre de garant », a-t-il ajouté. C’est pour éviter que la situation ne devienne incontrôlable qu’il a pris l’initiative de créer un collectif comptant à ce jour une centaine de membres. Ils se disent tous victimes des structures de prêt en ligne.

Une plainte a ainsi été déposée le jeudi 11 janvier 2024 à la Brigade spéciale de lutte contre la cybercriminalité pour « harcèlement, collecte et utilisation de données à caractère personnel à des fins frauduleuses ». Contactée par APA, la Commission de protection des Données Personnelles (CDP) a laconiquement admis qu’une « procédure est en cours après la réception d’une plainte de victimes » des prêts en ligne.

Quid de l’arsenal juridique en la matière ?

« Quiconque aura collecté des données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite, sera puni d’un emprisonnement d’un à sept ans et d’une amende de 500.000 F CFA (761 euros) à 10.000.000 F CFA (15.242 euros) ou de l’une de ces deux peines seulement », précise l’article 431-22 du Code pénal sénégalais modifié en 2016.

À la lecture du communiqué du ministère des Finances, les entreprises de prêt en ligne dont l’activité s’inscrit dans le cadre des services financiers décentralisés, sont dans l’illégalité. Il est indiqué à l’article 20 de la Loi portant réglementation des systèmes financiers décentralisés, adoptée en septembre 2008, qu’elles sont tenues de faire figurer dans leur enseignes, panneaux publicitaires ou autres, leur dénomination sociale suivie des références du texte qui les régit, de l’agrément, de l’enregistrement au registre des systèmes financiers décentralisés, dans la catégorie où elles ont été autorisées.

Or, il n’est visible sur aucune affiche des structures de prêt en ligne mises en cause ces mentions exigées par l’article 20. Ce qui les expose à une application de l’article 74 qui punit tout manquement à l’article 20 d’une amende de 250.000 F CFA (381 euros).

Tentant d’entrer en contact avec les dirigeants des structures décriées, APA a réussi à s’entretenir avec un employé d’Ouest Crédit depuis deux mois. Sous le sceau de l’anonymat, il a refusé d’endosser une quelconque responsabilité. « Je n’ai rien à voir avec tout ça. Je ne suis qu’un simple employé », s’est-il défendu.

Poursuivant, il a cependant souligné que les utilisateurs « ont accepté toutes les conditions qui leur sont soumises avant de recevoir leur premier prêt ». Selon ses dires, Ouest Crédit compterait dans la région de Dakar 800 salariés disséminés sur quatre sites. « Ici (il cite un quartier de la banlieue dakaroise), nous sommes 150 opérateurs. Depuis ma prise de fonction, j’ai traité les dossiers de plus de 300 personnes qui se sont acquittées de leurs dettes sans tambour ni trompette », a-t-il assuré, non sans inviter l’État à tout faire pour préserver leurs emplois.

« Si un étranger le fait à sa place, l’Etat doit l’accompagner et non hypothéquer des centaines de destins », poursuit-il, précisant que le Président Directeur Général d’Ouest Crédit est un ressortissant chinois.

Un avis que ne partage certainement pas la centaine de membres du collectif de lutte contre les crédits en ligne. Ces derniers espèrent ni plus ni moins la disparition des plateformes aux méthodes peu catholiques. Un combat qui s’annonce difficile d’autant plus que certaines applications ont changé de nom ou de logo sur les centres de téléchargements comme Google Play Store. Ouest crédit s’appelle désormais Prêtpourvous. Sur le téléphone, il est devenu Beau Crédit.

(Source : APAnews, 23 janvier 2024)

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