Arnaque sur Internet : L’escroc aux quatre visages prend 2 ans ferme
vendredi 28 octobre 2005
Jean-Paul Lenière trouvera, peut-être, une petite consolation dans la condamnation d’Olunuyiwa Kowe à deux années d’emprisonnement ferme. Mais, s’agissant des dommages et intérêts de 16 millions de francs que le tribunal lui a octroyés, il pourra, d’ores et déjà, en faire son deuil. Son escroc, en effet, est encore plus insolvable que notre serviteur. Et lors de son procès, il n’avait même pas de quoi s’attacher les services d’un avocat.
Tous deux étaient des férus d’Internet et ce fut par le biais du web qu’ils se sont connus, Jean-Paul étant à la recherche d’une âme-sœur, plus précisément une Africaine bien de chez nous. Olunuyiwa Kowe, un ancien élève avocat en rupture de ban, y vit, tout de suite, l’occasion de réussir le coup de sa vie, d’autant plus qu’il était en train de tirer le diable par la queue.
Il se faisait passer pour une femme, il envoya alors à Jean-Paul, la photo d’une nymphe copiée sur le site de la revue noire “Ebony”. Ce dernier n’y vit que du feu, subjugué par la correspondance passionnée de sa belle Africaine. Mais cette “dernière”, ayant une idée en tête, ne perdait pas le nord, et bientôt il mit en branle la machine qui devait broyer Jean-Paul Lenière.
Grâce à son portable et avec l’aide de puces différentes, il jouait quatre personnages à la fois. Pour tester son “amoureux”, elle se fit malade pour recevoir un premier mandat. Puis ce fut la grosse artillerie. Ses parents, à leur mort, lui avaient laissé 38 kg d’or qu’il comptait venir écouler à Londres. Il s’ensuivit un second mandat pour payer son voyage et celui de son tuteur, un certain pasteur Sdowan.
Mais le coup de fil que reçut Jean-Paul, ce fut pour apprendre que sa “dulcinée” avait été arrêtée et qu’il fallait payer les frais d’un avocat avant ceux de la transaction avec la Douane. Pressé comme un citron, il décida, de voir un peu plus clair dans cette affaire, pour découvrir que, depuis le début, il avait été l’objet d’une arnaque. Et c’est grâce à la Gendarmerie que l’on réussit à mettre la main sur Olunuyiwa Kowe qui, à la barre du tribunal, avait reconnu, de bonne grâce, tout ce qu’on lui reprochait. Il en a donc subi les conséquences.
MASS DIACK
(Source : Le Soleil, 28 octobre 2005)