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Afrique : Les Etats tentent d’asphyxier les réseaux sociaux

mercredi 31 octobre 2018

Liberté d’expression/Censure de l’Internet

Le gouvernement du Bénin a annulé un récent décret imposant une taxe aux utilisateurs de plateformes telles que Twitter, Facebook et WhatsApp. Connues sous le nom de plateformes « over-the-top » (c’est-à-dire s’installant au-dessus des infrastructures des opérateurs traditionnels), elles peuvent fournir du contenu multimédia directement aux utilisateurs sans utiliser les moyens de diffusion terrestre ou les signaux satellites. De nombreux militants béninois et internationaux se sont vivement insurgés contre cette décision.

La taxation des plateformes numériques existe dans d’autres pays tels que l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie. En juillet 2018, l’Ouganda a imposé une taxe sur ces plateformes, alors que le revenu mensuel moyen des Ougandais n’est que légèrement supérieur à 100 USD. La Tanzanie a adopté une loi générale sur les créateurs de contenu en ligne, obligeant les blogueurs à payer jusqu’à 900 USD pour une licence de trois ans. En Zambie, le gouvernement a introduit cette année une taxe sur les appels Internet via WhatsApp, Skype et Viber. Ailleurs sur le continent, un certain nombre de gouvernements ont introduit une nouvelle législation visant les utilisateurs de médias sociaux. Le Kenya, par exemple, a adopté l’an dernier un projet de loi sur l’utilisation abusive de l’ordinateur et la cybercriminalité pour contrôler l’activité des médias sociaux. La Zambie envisage elle aussi d’introduire une loi sur la cyber-sécurité et la cybercriminalité.

Cette tentative désespérée des gouvernements de contrôler l’activité en ligne découle de la croissance du nombre d’utilisateurs d’année en année, et de la forte utilisation des Smartphones. Les médias sociaux inquiètent les gouvernants qui souhaitent bien restreindre cette nouvelle liberté d’expression sur laquelle ils ont peu de prise.

Une ultime tentative de contrôle

L’Internet a modifié les schémas de communication habituels. Les médias sociaux deviennent désormais l’arène privilégiée de la communication. C’est également devenu un terrain fertile pour l’organisation sociale et politique, ce qui constitue une menace au statu quo tellement cher aux gouvernements africains. Historiquement, les gouvernements africains ont exercé un pouvoir démesuré sur les médias, en particulier les « médias indépendants », dans le but d’étouffer toute dissidence. Les gouvernements d’Ethiopie et d’Ouganda ont fermé les entreprises de presse. Au Kenya et au Nigéria, ils ont contrôlé les médias par le biais d’intermédiaires mandataires et par un chantage malsain aux revenus publicitaires.

Le pouvoir des médias sociaux réside en effet dans le fait qu’ils dépendent moins des structures de l’Etat et peuvent donc échapper à tout contrôle. Cela complique la tâche des gouvernements qui souhaitent avoir la main mise sur le discours social et politique. Les médias sociaux permettent de tenir des propos gênants pour les dirigeants. Les utilisateurs peuvent nouer des alliances et contester l’action de l’Etat. Ils peuvent également utiliser les plateformes de médias sociaux pour organiser et mobiliser les gens. Les médias sociaux sont utilisés sur l’ensemble du continent pour donner de la visibilité à divers problèmes sociaux et politiques qui, autrement, resteraient inaperçus : des manifestations contre les frais de scolarité en Afrique du Sud aux scandales de corruption au Kenya, les exemples ne manquent pas.

Des lois et des taxes pour un contrôle plus subtil

Vu l’ampleur de l’utilisation des médias sociaux, il est devenu plus difficile pour les gouvernements de maitriser les informations et communications. Au Kenya et en Ouganda, l’hostilité des dirigeants a été affichée sans voile et la réponse a été aussi ouverte. En conséquence, les gouvernements ont été forcés d’utiliser des formes plus subtiles de confinement ou de contrôle dont la fiscalité et la législation.

Les gouvernements ont avancé diverses raisons pour justifier ces nouvelles mesures. En Ouganda, le gouvernement a fait valoir que la taxe sur les réseaux sociaux visait à augmenter les recettes de l’Etat pour financer les services publics ; alors qu’en Zambie, elle viserait à protéger le secteur des télécommunications et les emplois locaux. Au Kenya, la législation sur les médias sociaux a été justifiée par la nécessité de discipliner ou d’éliminer les voix en ligne malhonnêtes, en particulier celles véhiculant des discours de haine.

Certains de ces arguments peuvent être entendus. Par exemple, les médias sociaux ont encouragé, et même fourni un « sanctuaire » aux fanatiques racistes, aux diviseurs ethniques, aux intimidateurs et aux anarchistes politiques. Dans certains pays, ils ont enflammé les conflits précisément à cause de l’anonymat qu’il procure, le manque de contrôle et l’absence de modération. Ils ont été par exemple cités comme l’une des plateformes utilisées pour attiser les violences postélectorales après les élections générales contestées du Kenya en 2007. Des groupes terroristes comme Al-Shabab et Boko Haram ont également exploité ces plateformes pour recruter, inspirer et diffuser leurs messages à leurs adeptes.

Mais il est clair que ces nouvelles taxes et lois visent essentiellement ceux qui diffusent des critiques virulentes sur les gouvernements Ougandais, Kenyan et Tanzanien. Les mesures semblent avoir pour objectif de neutraliser la dissidence et, ultimement, de récupérer le contrôle des plateformes et des pratiques de communication.

La riposte réussie au Bénin contre la taxe sur les médias sociaux rassurera ceux qui s’inquiètent de la répression exercée sur les plateformes web. Cependant, l’ingéniosité et le courage des gouvernements devraient être un sujet de préoccupation. La démocratie en Afrique ne peut que pâtir de l’absence de réseaux sociaux libres et dynamiques.

George Ogola [1]

(Source : Libération, 31 octobre 2018)


[1] Etudiant en journalisme à l’Université du Lancashire Central (Angleterre)

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